Chaleur Humaine

Heloïse Letissier se cache derrière le groupe Christine & the Queens. Elle a besoin de cela pour exister et assumer une pop trafiquée et souvent impressionnante. En anglais et en français, elle impose une volonté surprenante, au-delà de ses convictions.

Car on peut pointer du doigt des textes qui parfois sont un peu pompeux comme ceux de Chaleur Humaine et il faut prévenir la jeune chanteuse que les combats peuvent plomber les chansons. Elle a visiblement des choses à prouver et s’applique à défendre une electro-pop ouverte et pas frileuse ! Mais elle n’évite pas toujours une attitude démonstrative.

Voilà pour les réserves car ses morceaux peuvent voyager partout sur la planète tant la qualité saute aux oreilles. C’est un très beau disque, avec des bizarreries qui pourraient être à Bjork et d’autres choses plus lyriques qui appartiendraient à Emilie Loizeau ou Camille.

Pas mal les références, mais ce premier album tant attendu assume son statut de challenger. La belle chante bien et tricote de belles mélodies autour de sa voix, avec des rythmes synthétiques mais aussi pas mal de cœur. 

Elle se rêve anglo-saxonne mais elle compose très bien entre la tradition pop franchouillarde et une culture pop sans frontière, entre classicisme et bidouillages. Saupoudré de mélancolie et de pas mal d’ambiguïtés, ce disque a tout pour intriguer. Sur scène l’artiste s’annonce encore plus saisissante. Elle a tout d’une grande. Ce premier essai est une jolie promesse à confirmer !

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Because music - 2014

Il était une fois l’Orient-Express – Institut du Monde Arabe

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L'Orient-Express est à quai à l'Institut du Monde Arabe. C'est le moment où jamais !

Errant du côté de l'Institut du Monde Arabe, mon regard se posa sur des wagons bleus qui parlaient à ma mémoire. Ma première réflexion fut -" Tiens ils font fort les cheminots pour la grève ! En plus des bacheliers qui vont rester sur le carreau ou arriver stressés aux épreuves, des classes de découverte des écoliers annulées, voilà qu'ils ont envahi la capitale en semant ça et là des wagons sur les lieux touristiques. Ma pensée fila immédiatement vers le parvis de Notre-Dame. Y avait-il là-bas aussi des wagons posés ça et là pour plaider la cause des cheminots ? Une Micheline à Notre-Dame pour faire ombrage à Esméralda...

Des wagons bleus traversés par une bande dorée... Plus de doute possible ! Les cheminots avaient réussi à kidnapper l'Orient-Express et à le planter sur le parvis de l'Institut. Un coup de maître ! Un wagon-salon Pullman Flèche d’Or, un wagon-lit, un wagon-bar Pullman Train Bleu, un wagon-restaurant Anatolie ! Le plus fort était sans doute la présence du guichet. Comment pouvait-on oser demander de l'argent à des voyageurs pour monter dans des wagons qui ne roulaient même pas ? Les cheminots étaient décidément très forts. Comme les autres, tel un mouton, je fis la queue, me disant qu'il devait bien y avoir une raison... et espérant au fond de moi que le voyage serait sans aucun doute imaginaire. Payer pour faire semblant de voyager en train, le défi était enfin merveilleux. Jusqu'où irait l'absurde ? J'appela ma compagne : -"Allô ? Amour ? Je t'invite à bord de l'Orient-Express ? Non ce n'est pas une blague, rendez-vous à l'Institut du Monde Arabe !  - Ça ne se refuse pas !... J'arrive !"

Une fois la compagne téléportée, l'invitation au voyage se décompose alors en deux temps : les wagons à l'extérieur et une partie exposition dans l'Institut. En deux temps trois mouvements nous voilà transportés à la fin du XIXe siècle. La bascule est totale. A la vitesse de la lumière, unité de temps, de lieu et d'action, le théâtral Orient-Express récite alors ses plus belles tirades. L'arrivée d'un train en gare de la Ciotat, première série de films des Frères Lumière, vous accueille. Un siècle en arrière, nous aurions sans doute pris les jambes à notre cou et serions sortis en courant de la salle. Aujourd'hui, peu de visiteurs s'attardent dessus. Je contemple cette pièce historique pendant que Nagelmakers lui-même me regarde. Nagelmakers, photographié par Nadar me toise de ces trois mètres de haut. A ses pieds, un train tourne en rond, à devenir fou. Ça en impose. Nagelmakers, The inventeur de l'Orient-Express.

On passe alors devant des cartes animées retraçant les trajets de l'orient-Express aux pièces sacrées de l'époque : malles, reproductions de compartiments à l'échelle 1, plans de machines à vapeur, mobiliers de luxe. Et puis croustillantes anecdotes de passagers : roi fou de Sibérie exigeant de conduire la locomotive, évasion de Gulbenkian, chute du Président de la République, sauvetage de Joséphine Baker, panne de train sous la neige... Deuxième salle, plus générale, fondée sur la communication et le tourisme : affiches, guides touristiques... Nagelmakers, ce héros de la révolution industrielle. Trois coups de génie en un :

- inventer après Pullman aux Etats-Unis des compartiments privés fermés : on comprend dès lors que le trajet devienne plus important que la destination... ;
- inaugurer l'Orient Express en réservant un voyage pour journalistes et personnalités triées sur le volet. Un coup de com' qui vaut tous nos buzz actuels;
-  et développer ensuite l’hôtellerie qui va avec !
Nagelmakers : le Tour Operateur avant l'heure !

Qu'importe, l'exotisme est à l'honneur : la peinture de Pierre Loti déguisé en oriental vaut le détour, les baigneuses et l'odalisque prennent toute leur place dans un contexte orientaliste majeur. Petit clin d’œil à Félix Ziem. Le rêve est là. On est loin d'une vision colonialiste simpliste.  L'Orient Express est une clef de luxe pour l'ailleurs, en phase avec l'art du temps. Nous sortons. Il est là trônant sur le parvis. Les passagers font la queue pour monter dedans, valise dans la tête. Concept Disneyland. Attente, longue attente... puis...

-Chérie, nous sommes dans l'Orient-Express !
-Génial !

"Mesdames et messieurs, il faut savoir qu'à l'époque, le coût d'un voyage dans l’Orient-Express était équivalent à 20 000 euros."

-Chérie ! Nous sommes dans l'Orient-Express !
-Génial !

"Voici l'endroit où se tenait le conducteur, personne chargée de surveiller la conduite des voyageurs. Le conducteur a été joué par Jean-Pierre Cassel dans le Crime de l'Orient-Express. Voyez ici des pattes de verre de Lalique..."

-Chérie, une petite photo ?

"Voici où se tenait Hercule Poirot dans le film...."

Les passagers passent. L’Orient-Express est momifié. Une multitude d'objets collés sur les tables, des grands crus, machine à écrire, porte-cigarettes, journaux incrustés d'écran LCD, gants, vaisselle, étui à pipe. L'attraction fonctionne. Si on prête bien l'oreille, on entend même quelqu'un ronfler. Il ne manque plus que le tour de manège.

"Mesdames et messieurs, il est toujours possible de voyager en train de luxe. Vous pouvez ainsi aller jusqu'à Venise pour 2500 euros."

-Chéri, tu as entendu ?
-Oui, oui...

"Mesdames et messieurs, vous ne pouvez pas monter dans le wagon-restaurant car c'est une vraie salle de restaurant. Un cuisinier se propose d'ailleurs de vous faire goûter des plats inspirés de l'époque. Vous pouvez réserver une table. Le menu complet est à 160 euros."

-Chéri, tu as entendu ?
-Oui, oui. Que sont 2500 euros et 160 euros à côté des 20 000 euros de l'époque ? Décidément le rail de luxe se démocratise !

On sort alors des wagons avec une ambiance Belle époque dans la tête, et un regard halluciné devant l'audace diplomatique de ce Tchou-tchou de luxe. Quel train unique pourrait traverser aujourd'hui trois continents sans créer le moindre incident diplomatique, même à 20 000 euros le trajet ! Tripoli ? Bagdad ? Le Caire ? Un défi géopolitique à lui tout seul. A l'heure de la mondialisation de la marchandise, il en est une qui ne circule plus vraiment comme elle veut, l'homme. La question est paradoxale : prendre l'Orient-Express pour Constantinople ou l'Easy-jet pour Istanbul ? La ligne directe internationale ou le contournement par voie aérienne ?

-Chéri, tu rêves ?
-Non, j'atterris...

L'aller-retour Institut du Monde Arabe/Orient-Express est un voyage dépaysant et réjouissant. Le spectacle évite le danger du colonialisme  et présente une belle version théâtrale de ce palace sur roues devenu oeuvre d'art. Une source d'histoire romanesque inépuisable sur l'art du voyage. A ne pas manquer.

 

 

 

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http://www.imarabe.org/

 

Quand  Du 4 avril au 31 août 2014
Horaires   Du mardi au jeudi de 9h30 à 19h, Nocturne vendredi jusqu'à 21h30, Week-ends et jours fériés de 9h30 à 20h
  Niveaux -1, -2 et parvis
Combien  De 8.50 € à 10.50 €, hors frais de réservation (gratuit - de 16 ans)

Imany, Faada Freddy et Sherika Sherard à la Bellevilloise

Fabuleux concert à la Bellevilloise ce 13 juin. Des chanteurs à la voix puissante et émouvante qui donnent énergie et amour au public. On adore !

Il y a des live où ce qui se passe sur scène comme dans le public procurent des frissons. Big Bang Gang fut de ceux-là. Réunion des nouvelles signatures du label Think Zik, il fut de qualité. Une vraie interaction s’est crée ce soir là à la Bellevilloise où se réunissaient les chanteuses de la BO de Sous les jupes des filles entrainées par Imany ainsi que Faada Freddy et Sherika Sherard. Des noms connus et moins connus mais des talents tous remarquables.

Sherika Sherard, une découverte pour une partie de la salle a séduit par son aisance, sa voix chaude et ses rythmes variés. Faada Freddy, petit chapeau et gilet bien à lui, était très attendu et à sa question « Tout le monde est bien fada ce soir ? » un grand oui s’est suivi. Fada de son charisme magnétique. Fada de son timbre de voix grave et aigue à la fois à frissonner de plaisir. Fada des 1001 sons d’instruments qui sortent de sa bouche. Avec la technique du "body percussion", il épate de son beat boxing. On cherche les musiciens, la basse, le piano derrière mais tout vient de lui… Et enfin et surtout il enchante de ses mélopées pop soul, gospel et de ses textes profonds. Il a l’art de s’accompagner des voix du public comme d’un chœur improvisé.

Un très bon concert se repère ensuite aux versions uniques des chansons, à leurs mots d’introduction adressés au public. Et il y en eût ce soir. Reality dédiée à tous ceux qui se relevant une fois qu’ils sont tombés. Lost aux moments où l’on se perd et se retrouve. Pour Where is the love Faada nous confie se demander parfois où est l’amour aujourd’hui. La salle ne manquait pas de spectatrices prêtes à lui en donner.

Quant à Imany en grande forme, tout sourire, conseilla aux filles avant de chanter son Please and change de ne pas espérer que leurs copains changent. Les cœurs des hommes avaient déjà chaviré  pour lui en tenir rigueur. Elle nous a notament offert une sublime version de You would never know.

Toute la salle conquise chante le final Ready or not. Complètement prêt à assister à leur prochain concert, source de tant de plaisir. Merci !

Orthodoxie dominicale…

Jour-du-seigneurComme des millions de français, en un dimanche matin l’œil encore collé à mon oreiller, la bouche réclamant un café et l’haleine réclamant un dentifrice en express, il m’arrive d’allumer machinalement la télé.

Bien sûr, comme beaucoup, je fuis assez rapidement les clips de Shakira s’empilant les uns sur les autres sur les chaines dites musicales, les soubresauts d’Oggy et les Cafards sur les chaines dites de dessins animés, et les hordes d’appareils pour raffermir les abdos (même pas j’en ai besoin....nahhhhhhh) défilant sur l’ensemble de la TNT.

Pas assez frais pour m’insuffler les meilleures mauvaises nouvelles du jour sur les chaines infos, je l’avoue, oui, il m’arrive d’attiser ma curiosité théologique, moi, l’athée, moi, l’agnostique, sorte de pénitence pour avoir bu trop de rhum la veille.

Nous l’oublions bien souvent, mais tous les dimanche matin, sans faillir, à l’heure où d’autres cuvent encore, où les courageux vont jogger, où les PMU s’emballent, un marathon religieux se joue sur France 2, et il y en a pour tous les goûts ! 4 heures de show, de dieux, de croyances, de « si tu crois en rien pioche là-dedans, y’a bien un truc qui va finir par te plaire ! ».

Mieux ! Pour les jeunes défaillants en culture générale et dont la seule croyance est celle de la déesse Candy Crush, cela permet de s’enrichir de quelques vocables et lever des ambiguïtés de définition qui, à première vue, pourrait induire en erreur n’importe quel boutonneux au smartphone fertile et à l’ipod rugissant.

Dès 8h30, il est l’heure du bonze et de la Sagesse Bouddhiste ! Là, 1ère pas le metal qui aux Jeux Olympiques arrive derrière l’or et l’argent mais bien d’un maitre sage (non, ce n’est pas le frère de Maitre Gims...). Et oui, les messieurs en toge orange et au crane en peau de fesses, sont bien eux aussi des sages, et non des agents de la DDE qui auraient une calvitie sur-prononcée.

A 8h45, on enchaine, avec Islam ! L’émission préférée de Jean-Marie Le Pen à coup sur ! Ici, pas de confusion sur le nom, il ne s’agit pas d’un collectif dirigé par Grand Corps Malade visant à lancer des jeunes pouces qui slam ! Rien n’à voir aussi avec le jeu de Cyrille Féraud sur France 3, sorte de scrabble pour chômeurs en fin de droit ou retraités non inscrit au Club de Bridge!

9h15 allons-y pour « La Source de vie » ! Non non et non, ce n’est pas un publi reportage pour Volvic mais une émission sur la religion israélite ! On y parle même Judaïsme d’où l’expression « tu veux boire quoi ? bah j’vais prendre un

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Judaïsme avec de l’eau ».

9h30 Orthodoxie ! Moi je regarde pas, là j’peux pas, moi aussi j’ai eu un appareil dentaire à mon adolescence, j’en ai morflé, et sincèrement, les séances d’Orthodoxie ce n’est que souffrance...

9h45 Chrétiens orientaux ! bah là, facile, sont chrétiens et ils savent où vont ! Ils ont un excellent sens de l’orientauxtion !!!

10h Présence protestante ! Ne pas confondre avec « Expression Directe » l’émission avec des gens pas contents dedans et qui, pour les droits des travailleurs pas contents, disent des choses qui montrent qu’ils sont pas contents mais alors pas contents du tout !!!

Protestantationnnnnnnnnnnnn !!!!!

10h30, clou du pestacle, show à l’américaine, enfin plutôt à l’armoricaine, the famous Jour du Seigneur, où il faut bien imaginer que des dizaines de techniciens, caméraman, ingé son, perchiste et réalisateur partent la veille (samedi soir hein je rappelle) pour aller capter une messe dans un endroit reculé de notre belle France. Bon week-end les mecs !!!!

Voilà, le tout animé par Arlène Tempier qui a du bien se faire charrier à la moindre difficulté de chaussures trop petites ! « Alors au fait, ça va mieux Tempier ? Non !? A bas Tempier pour toi ! ».

Olalalalalalala, on peut plus rien dire. Bon j’vous laisse, j’ai Téléfoot !

Romestebanr.

Rostam et Esfandiâr

rostamLa compagnie du Lierre marie avec créativité le théâtre, les chants, la danse et les arts martiaux pour nous conter une histoire au cœur de l’Iran. Exigeant mais décevant.

Une belle affiche de Karen Schlecker Wilson avait attiré notre regard sur la pièce mettant en scène des contes iraniens au Théâtre de l’épée de bois. Charmant théâtre, contes d’une culture très attirante mais méconnue, les ingrédients étaient réunis pour se laisser séduire.

A l’initiative du projet : le franco-iranien Farid Paya. Fier de sa double culture, il décide d’adapter des contes du poète iranien Ferdowski et de les mettre en scène. Ambitieux.

Ce conte est l’histoire d’Esfandhiar, fils du roi d’Irân. Valeureux guerrier, il assure la sécurité et la sérénité du royaume de son père. Mais la reconnaissance de ses exploits multiples ne lui suffit pas. Il aspire à monter sur le trône. L’attrait de la royauté le pousse alors à accepter une mission périlleuse : ramener au palais un dissident exilé, Rostam, qui a décidé de vivre à l’écart du royaume, au Zâbolestan. Tous deux réputés invincibles, ils vont se livrer un combat sans merci.

Il est vrai que l’Iran est un pays de légendes, de croyances. Il nous évoque le raffinement, la fierté, la beauté mais ses contes n’excluent pas la violence. L’histoire de Rostam et Esfandiâr est avant tout guerrière. La haine, la rancœur et la soif de vengeance y règnent en maître.

Grâce à un décor unique : une pièce de tissu aux couleurs chatoyantes sur le mur de pierre du théâtre et des costumes soignés d’Evelyn Guillin, la pièce parvient à nous transporter en Perse... si l’on fait abstraction du parquet grinçant... Mais une Perse guerrière.

Un des plaisirs des contes est de dresser des morales par les aventures que vivent les personnages. Mais en l’occurrence le spectateur ne se reconnait ni dans Rostam ni dans Esfandiar, ni dans la violence de leurs combats ni dans leurs tentatives de conciliation. Le silence qui règne dans la salle pendant le spectacle est autant dû à l'absence d'interactivité qu'à ce peu d'engouement et d'empathie.

La seule morale que l'on tire de ce spectacle porte sur la tendance guerrière de l'humanité quand on souhaiterait que le théâtre l'élève vers la paix.
www.epeedebois.com

Perdues dans Stocklhom

perdusTrois personnages désespérés par la misère de leur quotidien se trouvent réunis à l’occasion d’un kidnapping raté (la victime n’est pas la personne escomptée), et décident d’unir leurs forces pour mener à bien leurs projets farfelus.

Si de savoureux moments sont à souligner, comme les séances “synesthésiques” de cuisine sur scène, la jouissance des fenêtres de la salle Roland Topor (qui se trouve au 1er étage du Théâtre du Rond Point), ou les réactions délicieusement excessives et insensées de Sylvie Laguna (dans le rôle de la Tante) et de Brice Hillairet (dans le rôle de Lulu), la niaiserie de certains dialogues, notamment ceux de Juliette Coulon (dans le rôle de la Comédienne) et des intermèdes chantés frisant le ridicule, nuisent à l’ensemble, dont on sort malheureusement insatisfait et déçu, sans savoir s’il souffre d’être trop ou pas assez fantasque.

Dommage, donc, car pas de syndrome de Stockholm en ce qui me concerne.

texte et mise en scène Pierre Notte
avec Juliette Coulon, Brice Hillairet et Sylvie Laguna
Théâtre du Rond Point jusqu’au 29 juin, 20H30

Tsunami

tsunamiJean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszeck reviennent sur le drame qui s'est produit dans l'Océan Indien en 2004. On aurait espéré mieux de la part de ces auteurs.

Je n'ai l'habitude de ne parler que des BD que j'aime estimant que dire du mal n'est pas une position constructive. Mais que faire lorsque l'on est frustré? Que dire quand on aime les auteurs et que l'on trouve qu'ils n'ont pas été à la hauteur de leur ambitieux projet? C'est compliqué. Je tente le coup quand même.

Jean-Denis Pendanx est un auteur qui n'a cessé de progresser, de se renouveler, de chercher de nouvelles pistes graphiques et narratives. Avec Tsunami, l'originalité était encore au rendez-vous et pourtant...Je confirme mon propos. J'avais adoré le récit consacré à René Caillet, le premier occidental à avoir franchis les portes de Tombouctou au XIX ème siècle. Sublime était l'histoire de Jéronimus, sorte de Mayflower qui se termine mal entre "Aguirre la colère de Dieu" et le "Nouveau Monde". Cette histoire revenait sur la conquête de l'Amérique en en montrant un des côtés sombres. Ces 2 récits furent écrits par Dabitch, auteur formidable s'il en est.

Comment ne pas se passionner pour les "Corruptibles" qui revenait sur certains aspects de l'Afrique contemporaine où toutes les communautés en prenaient pour leur grade depuis les anciens colonisateurs jusqu'aux potentats qui cherchent à s'enrichir sur les populations qu'ils gouvernent. Que dire enfin de Svoboda! commis avec Kris au scénario. Un épisode peu connu de la Première Guerre Mondiale racontant l'odyssée d'une compagnie tchèque au travers du journal imaginaire d'un soldat.

Tsunami, c'est l'histoire d'un jeune homme qui 10 ans après le drame que connu cette partie du monde (on se souvient des images dramatiques illustrant la mort de plus de 200 000 personnes entre la Malaisie, l'Indonésie, l'Inde et le Sri Lanka) décide de partir à la recherche de sa soeur aînée,  infirmière partie aidée les rescapés. On peut déjà être surpris de constater qu'il met 10 ans pour se tirer les doigts du C...pour aller chercher cette soeur qu'il admire tant! C'est vrai ce n'est pas un héros juste un petit occidental un peu pommé. Pas le profil d'un héros, c'est sûr...

Si le dessin de Pendanx est magnifique, laissant transparaître la violence du drame dont les cicatrices demeurent présente 10 ans après, les pistes explorées par les auteurs sont nombreuses mais aucune d'entre elle n'est vraiment aboutie. Leur volonté était elle dans la description du parcours initiatique du jeune frère qui cherche à se construire sur les traces de sa soeur? S'agit-il de nous montrer que 10 ans après, la reconstruction est loin d'être achevée? Les auteurs veulent ils nous faire voir comment les autochtones se sont adaptés à leurs nouvelles conditions de vie?

Tout cela et bien d'autres choses sont ici effleurées, mais rien n'est approfondi voilà bien l'écueil de l'album pourtant riche de 110 pages. Même si l'album n'est pas superficiel: il y a une véritable intention et l'on sent poindre l'humanisme des auteurs. Alors si Tsunami n'est pas une véritable réussite il vous travaille longtemps à l'instar des fantômes qui traversent l'album. Donc ne serait-ce que pour les illustrations de Pendanx et la tentative de Piatzszek de parler d'un sujet difficile, on ne peut que saluer le défi que se sont imposés les auteurs.

112 pages chez Futuropolis

Les cosaques d’Hitler

L.10EBBN001837.N001_CosHITLER_C_FRLes cosaques de Hitler, voilà un titre qui donne l'envie d'en savoir plus, n'est ce pas? Et bien cette BD en 2 tomes de Valérie Lemaire et Olivier Neuray saura répondre à cette envie et bien au-delà encore, croyez-moi sur parole et je vais étayer cette affirmation.

Tout d'abord parce que Valérie Lemaire est rigoureuse dans sa reconstitution historique. On voit que le récit est documenté. En outre, elle a su donné à cette histoire le souffle de la tragédie russe. Je suis sûr qu'un Tolstoi ou un Dostoievski ne renierait pas une telle histoire (je m'emporte sûrement un peu mais il est vrai que j'ai passé un très bon moment...).

Et puis Olivier Neuray retourne à ses premières amours. On se souvient de l'excellente histoire "Nuit Blanche" écrite avec Yann dans les années 90 pour les éditions Glénat. Là aussi, le romantisme russe flottait déjà sur l'intrigue à laquelle Neuray avait su donner tout son talent. Il avait abandonné la steppe avec lesaventures de Lloyd Singer, polard passé un peu inaperçu malgré la reprise en différentes éditions. Il revient dans le froid sibérien pour notre plus grand plaisir.

Dans "les cosaques de Hitler", nous ne sommes plus aux prémices de la Révolution d'octobre, mais dans les derniers mois de la Seconde Guerre Mondiale. Des cosaques anciens "russes blancs" se sont mis au service des armées allemandes afin de se libérer du joug du tyran Staline. A la fin de la guerre, les voilà prisonniers des anglais et au milieu des négociations de Yalta. Ils s'en remettent à leurs geoliers éspérant le salut qu'ils méritent.

Qu'est-il arrivé à ces cosaques qui font toute confiance à leurs gardiens britanniques? Pourquoi l'histoire débute-t-elle par un suicide en Angleterre? Que deviendra la belle Macha? Cette histoire résume à elle seule le bras de fer qui se joua à la fin de la guerre entre les différents alliés et qui annonce la naissance de la guerre froide. En parallèle, la petite histoire nous parle des passions humaines qui à leur échelle peuvent aussi faire des ravages...

2 tomes de 48 pages chez Casterman

D

dcaulardImaginez un peu que Richard Burton (le fameux explorateur qui découvrit les sources du Nil) rencontre Dracula. Quel choc cela aurait-il provoqué? Voilà ce que nous propose les auteurs de l'excellent Garulfo dans cette histoire en 3 tomes baptisée "D".

C'est en effet Ayrolles au crayon et Maïorana au pinceau qui nous offrent ce récit sympathique, drôle, émouvant et plein de supense. Comme précédemment avec les contes fantastiques du Moyen-Age, les auteurs partent d'une trame classique et bien vite ils en détournent les codes. Quel bonheur de se faire promener par ces gens là!

Dans Garulfo il était bien compliqué à la grenouille et au prince de se voir basculer dans la peau de l'autre. Et bien dans le cas de "D", tout au long du récit, on cherchera à reconnaitre le vampire dans la cruauté de tel ou tel personnage de cette société victorienne où les apparences restent plus importantes que le fond.

Drake a vécu en Afrique de nombreuses années, faché à mort avec son ancien compagnon d'exploration (comme ce fut le cas de Burton), Il traine une réputation sulfureuse d'homme violent et sans retenu. Le voilà tombant amoureux de la jeune Miss Lacombe. Celle-ci est aussi convoitée par un jeune homme, très beau parti, riche héritier d'une vieille tante.

La famille Lacombe accorde plus ses faveurs à l'aristocrate qu'au rustre explorateur. Pour qui le coeur de la jeune fille penchera-t-il? Voilà l'objet du tome 1, dont je ne vous révèle qu'une petite partie de l'intrigue. Celle-ci ne fera que s'étoffer au cours des 2 tomes suivants, avec fausses pistes, voies sans issues et coup de théatre admirablement bien menés.

La parution des 3 albums fut laborieuse mais on ne regrette pas d'avoir attendu. C'est brillant d'ingéniosité! Un bon moment tout public, ce qui est bien rare aujourd'hui où lon trouve soit des histoires pour adolescents dont l'acné ferait fuire le plus affamé des vampires, ou des récits gores qui écoeurerait ce même affamé...

Trois tomes chez Delcourt

Journal d’un corps – Daniel Pennac – Théâtre du Rond-Point

pennac1Quand Pennac cultive l'art du naïf

Un plateau. Une table de lecture recouverte de gazon. Dessus un bonsaï. Comme pour mieux figer le temps et la longévité.  Deux chaises, une à cour perdue dans l'espace, une derrière la table de lecture. Un cyclo sur lequel sont projetées les dates clef du journal. Et Pennac... Pennac, pantalon-papi-bretelles, veste, petites lunettes regard malicieux. Puis la lecture. Journal d'un corps. L'idée est bonne. De 12 ans à 87 ans, le narrateur raconte les épisodes marquants de sa vie, entre maux, joies et tracas, avec au centre, les surprises d'un corps en perpétuel mouvement. Comment ne pas s'étonner devant l'évolution du soi intime qui suit la course du temps ?

D'une voix de plus en plus assurée Pennac nous lit un journal. Celui qu'il a écrit pour ce narrateur imaginaire qu'il n'est pas. Force est de constater que sa lecture apporte davantage à la lecture que nous pourrions en avoir. Avec humilité et malgré lui, les mots qu'il a écrits le transcendent. La lecture et son interprétation vont au delà de nos représentations. Le corps de Pennac parle pour lui, le regard, les pauses donnent une nouvelle mesure, une nouvelle partition au texte.

Il en ressort alors de magnifiques moments d'une drôlerie mémorable, le clou du spectacle étant la bataille du polype, scène descriptive absurde durant laquelle un médecin fait de son affaire personnelle le retrait d'un polype dans le nez du narrateur. Des scènes d'une extrême tendresse également, quand la mort emporte Viviane alors que le narrateur enfant pêche à la truite ou quand celui-ci prend conscience tardivement de l'affreux manque physique de ses chers disparus.

Le journal de Pennac théâtralisé est un joli moment d'humanisme et d'humilité, un doux corps à corps dans lequel  les mots s'amusent à témoigner de l'histoire d'un corps fatalement voué à sa perte. On ne peut que s'incliner avec sagesse devant l'inéluctable. La femme est un mystère pour l'homme et pas l'inverse dixit Pennac, le corps reste quant à lui toujours un mystère pour les deux. Quel plus beau lieu que le théâtre pour en exposer ses sensations les  plus intimes ? Un joli moment d'humanité.

 http://2013-2014.theatredurondpoint.fr/

 du 3 juin au 5 juil.2014

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