Fred Viola / Revolutionary son

Son précédent album était précieux dans tous les sens du terme. Le second est beaucoup plus accessible et conserve un aspect aérien. Fredo Viola fait sa petite révolution.

5 ans ! Il a fallu cinq ans pour que Fredo Viola donne des nouvelles après le très mystique et planant The Turn, surprenant par son coté faussement moyenâgeux et ses vocalises virtuoses. Il est donc visiblement revenu sur Terre et son nouveau disque nous fait ressentir cet atterrissage.

Les chansons de Revolutionary Son sont résolument pop ! La voix a tendance à monter dans les cieux les plus hauts. Les cordes sont omniprésentes mais les contours ressemblent nettement plus à des choses que l’on connait. Sans être standardisés pour autant !

Les harmonies vocales sont encore virevoltantes. Le couplet s’invite avec discrétion devant ou derrière un refrain. L’artiste ne s’est pas trahi. Il n’a pas oublié la magie que son album précédent avait capturée. Il propose simplement autre chose.

Cette simplicité justement fait toute la beauté de ce deuxième essai. C’est une évidence. Fredo Viola s’est réorganisé. L’éloquence se fait discrète. L’entreprise a une humilité rassurante, presque familiale. Les expérimentations sont encore là mais clairement limités sur deux chansons de plus de sept minutes. Viola devient espiègle comme Brian Wilson, le plus  brillant des Beach Boys. Cet album ne sonne pas la révolte ou les grandes manœuvres. Fredo Viola aime la douceur et l’élégance : le disque est à son image !

Revolutionary Son Productions – 2014

Azimut

azimutLa troupe des acrobates de Tanger offre un spectacle tous azimuts dans lequel on ne se retrouve pas toujours.

A la croisée de nombreuses disciplines : théâtre, cirque, danse, musique, la troupe donne à voir un spectacle singulier. Très haut vers le ciel se forment des pyramides humaines. Les danseurs acrobates exécutent pirouettes, sauts et cabrioles avec une aisance déconcertante. Entre quelques moments de grâce, une histoire nous est pourtant contée qu’on a du mal à déchiffrer. Des voiles noires, des sacs, l’envol, la quête d’un infini.

Ensemble, les hommes se soutiennent, s’appuient et interrogent le sens de la vie. Où va-t-on? Après quoi court-on ? Quels chemins emprunter quand la société va tous azimuts ? Les individus se mêlent pour incarner les liens de famille, le collectif ainsi que les liens entre terre et ciel, entre l’être limité et le doux rêveur.

Chorégraphe, metteur en scène, Aurélien Bory découvre la beauté de la pratique au début des années 2000 avec un groupe d’acrobates marocains s’entraînant sur une plage de Tanger. Il créé alors la première écriture contemporaine d’acrobatie marocaine. Sa mise en scène d’Azimut demeure assez obscure.

Les acrobates jouent avec l’étymologie du mot « azimut ». En arabe, le mot « as-samt » signifie chemin, et devient en espagnol « acimut », terme astronomique. En argot, « azimut » évoque la folie ou la dispersion. Azimut, explique le metteur en scène Aurélien Bory, rappelle le « chemin au-dessus de la tête». Mais nous on voit surtout des talents dispersés. Dommage.

 

Jusqu'au 29 juin 2014

http://www.theatredurondpoint.fr/

 

Led Zeppelin / I

Jimmy Page fait plaisir à ses fans : ressortie monumentale de ses premiers chefs d’œuvre fondamentaux. Oui, il y a opération commerciale mais il y a aussi de la pépite !

Car Page surveille les affaires du groupe depuis sa fin il y a 34 années, après la disparition du batteur John Bonham. Il est très vigilant mais ne ressemble pas à un vieux vampire suçant la moelle de ses vertes et brillantes années.

Il soigne ses fans et aime faire plaisir. Il trouve donc le moyen de sortir des coffrets en pagaille et des formats différents pour toutes les bourses. Il est loin, le rêveur guitariste à la virtuosité quasi mystique. 

Il remasterise désormais encore une fois les albums du groupe. Qui devraient faire l’actualité des prochains mois. Les trois premiers sortent et sont assez spectaculaires à écouter. C’est vrai que l’on avait mis de coté ces héros de notre jeunesse, créateurs du hard rock et joyeux drilles psychédéliques !

On porte aujourd’hui notre intérêt sur le numéro un, envol électrique d’un quatuor qui prend aussi toute sa dimension sur scène. C’est le bonus maousse costaud qui justifie l’achat (à nouveau) du premier essai de Led Zep : un live à l’Olympia de 1969.

Retrouvé dans les archives d’Europe 1, ce live est un beau morceau d’histoire. Robert Plant est un hurleur libéré. Jimmy Page fabrique les bases du hard et des décharges électriques. Bonham et John Paul Jones assurent une rythmique flamboyante. Le groupe castagne dur et cela fait plaisir à entendre.

Au-delà du plaisir d’écouter le son furibard et novateur du groupe, de se rappeler que leurs titres ont bercé à un moment ou à un autre notre adolescence, le concert plutôt bien restauré marque la liberté sauvage du groupe sur scène. Même si les concerts sont devenus l’élément central d’une carrière musicale depuis que l’industrie souffre, la spontanéité et la fièvre éclatent sur les morceaux triturés par le groupe, adeptes des expériences sonores. 

Tout cela ne nous rajeunit pas. L’entreprise est peut être douteuse. Mais entre nous, cela fait un bien fou !

 

Fantaisies, l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était

fantaisiesCarole Thibault prétend s’attaquer à l’idéal féminin mais ne convainc pas.

Tout d’abord, du fait du parti-pris de la définition « d’idéal féminin ». En effet, on comprend que l’idéal féminin selon Carole Thibault est la construction, non seulement purement masculine, mais surtout complètement machiste et conservatrice, ramassis de clichés et de mythes, selon lequel la femme serait à la fois mère, beauté, nature, douceur et perversité. Et la question de savoir ce que serait « l’idéal féminin » selon l’homme moderne ou selon la femme, n’est malheureusement jamais abordée. Or, la conséquence malheureuse est que l’homme se retrouve, de facto, propulsé, au centre de la pièce, bien plus que la femme qu’on prétend défendre, qui n’est qu’en position de subir et de réagir.

Ensuite, l’utilisation de l’ironie, superbe arme de rhétorique, ne devrait être qu’un moyen et non une fin. Plusieurs passages font sourire par leur humour, mais si la cause est grave et non légère, le stade de l’ironie et de la critique passive ne devraient-ils pas être dépassé ? Peut-on reprocher aux hommes de se fonder sur des mythes et des clichés si nous n'œuvrons pas à les déconstruire?

Ainsi, même si on apprécie à plusieurs moments le jeu d’actrice, l’humour et la mise en scène simple mais efficace, on regrette que la complexité du sujet ne soit pas mieux appréhendée et, surtout, en tant que femme, que notre sexe n’en ressorte pas plus grandi. Dommage.

texte, mise en scène et interprétation Carole Thibaut

Qui fait le pitre avec Bobby McFerrin?

Park Avenue

51F9-MY3QML._ Dallaaaas ton univers impitoyaaaaableu! Remplacer la ville par New York et vous obtiendrez un roman de la crise financière aussi passionnant que le sourire de JR.

Promis, tout ce que vous lirez dans le ce gros bouquin est crédible. L'auteur est issu des milieu de la haute bourgeoisie qui passe son temps dans les Hamptons et fréquente les milieux financiers.

Cristina Alger est donc bien placée pour raconter le destin des Darling (franchement il n'y avait d'autres noms possibles?), famille estimée de New York.

Le paternel dirige un grand groupe financier. Sa femme organise des galas de bienfaisance. Leurs filles ont épousé des gars riches et sympathiques. Ils ont des petits chiens et des grosses voitures. Ils s'aiment autant qu'ils aiment leur portefeuille.

Mais tout ceci tient sur une arnaque. Gigantesque. De plusieurs milliards de dollars!! Bernard Madoff est un plaisantin à coté. Les sourires se crispent et tous comprennent que la vie n'est pas rose du tout!

Park Avenue est un roman de la crise financière. Ca ne donne pas que des livres enquêtes. Cela inspire une romancière qui visiblement passe trop de temps devant la télévision.

C'est un feuilleton. Avec des rebondissements que l'on voit arriver 30 pages avant et qui ne surprennent pas beaucoup. Dallas effectivement est passé avant pour démontrer le cynisme des riches, leur vie futile et leurs dents blanches! Même le décor de la Crise de 2008 n'étonne pas.

C'est donc insipide, stéréotypé et sans surprise. Au second degré, c'est très amusant!

Absynthe Minded

Sacré nom d'une frite, qu'ils sont forts, ces belges ! Leur rock est décidément inspiré ! Absynthe Minded est un excellent exemple!

Depuis Deus au début des années 90, nos voisins belges sont les rockers les plus fascinants du vieux continents. Il y a bien quelques groupes scandinaves pour tenter de rivaliser avec l'inspiration bruxelloise, wallonne ou flamande. Pourtant la Belgique fabrique les groupes les plus passionnants de ces dernières années.

Après Deus, on a vu apparaître d'excellents groupes comme Girls in Hawai, Ghinzu ou Zita Swoon. Le groupe Ks Choice a repris le chemin des tournées récemment. La puissance rock de la belgique est incontestable et Absynthe Minded confirme la grande forme du pays.

Le groupe de Bert Ostyn n'est pas une bande d'énervés ravis de bâtir un mur de son tout en guitares. Ici, on cherche les harmonies anglo saxonnes et le plaisir de chanter entre amis. Le ton est doux mais pas simpliste. Les chansons célèbrent une pop hardie et un peu jazzy.

Car Absynthe Minded impose un style fiévreux et joliment maîtrisé. La spontanéité des débuts a laissé place à une grande intelligence d'écriture. Arno et le leader de Deus sont fans. Avec leur charisme de gaufres, le quintet base tout sur un rock enthousiaste et partageur. Le son provient de centaines de concerts dans les bars et les salles de concert. On devine la sueur et l'amitié.

Leurs chansons possèdent cette évidence qui fait du rock une musique populaire et féconde. Le plaisir est au centre des compositions. Il y a l'envie de partager avec les autres. Il y a la joie de jouer ensemble. Il  y a le respect de s'adresser au plus grand nombre.

Sans ego, les groupes belges sont généreux et c'est sûrement là la clef de leur succès. Ils ne cherchent pas la révolution (ils ont bien assez d'ennuis comme ça) : Absynthe Minded réalise un disque au rock d'une élégance rare. Ce n'est pas très surprenant mais terriblement entêtant.

Franchement, on leur rend Johnny et on prend Absynthe Minded !

Battleship / Peter Berg

A la fin du film, vous allez signer pour rentrer dans l'armée américaine... Très belle séance d'hypnose.

Tu n’as plus de jambes ? Ca te déprime ? En plus tu es un ancien boxeur ? La Navy est là. Elle s’occupe bien de toi pour t’apprendre à vivre avec des prothèses et te confie, en cas de gros chagrin, à une bimbo kiné, fille d’amiral.

Tu as les cheveux longs ? Les idées courtes ? Tu te fais arrêter par la police parce que tu veux offrir un burrito poulet à une bimbo kiné, fille d’amiral ? La Navy est là ! Elle te coupe les cheveux et fait de toi un homme responsable et combatif !

Tu es grand ? Tu as le cou tout raide ? Tu es bien coiffé ? La Navy est là ! Tu seras son champion et un beau lieutenant de bateau prêt à faire la morale à ton frangin qui avait le cheveux longs il y a quelques temps !

Tu es vieux ? Et déguisé en marin ? La Navy est là ! Elle te confie la garde d’un vieux navire, le USS Missouri devenu un musée. Et ca te maintient en alerte, et en vie, au cas où une bande d’aliens plongent en pleine mer pour conquérir le Monde!

Ces salopards de l’espace refont le coup de Pearl Harbor, en s’attaquant à Hawaii. Comme tous leurs copains envahisseurs des autres blockbusters, ils ont le sens de la destruction massive même si, ici, ils ont plus le pied marin.

Ils se moquent donc l’American way of life et du  patriotisme pompier pour prendre notre planète et ses richesses (s’ils savaient les malheureux) ! Heureusement la Navy, ses blessés, ses marins musclés, ses papys et la bimbo kiné, fille de l’amiral, vont faire corps contre l’ennemi et multiplier les tactiques pour les renvoyer sur leur planète.

Ce n’est pas un film : c’est une grande et longue publicité pour l’armée américaine, pleine de valeurs et de chauvinisme. Peter Berg aime les uniformes, les gars costauds et les poulettes avec de belles poitrines.

Produit par Hasbro, une marque de jouet responsable de la trilogie infâme Transformers, Battleship fait dans le recrutement le plus tartignolle et grossier. Armé d’un solide second degré, le public européen pourrait supporter.

Le film serait une adaptation du jeu Touché Coulé, on se demande s’il n’imite pas plutôt le Kilo de merde !

Avec Taylor Kitsch, Liam Neeson, Rihanna et Brooklyn Decker - Universal pictures -

La Vallée

Service de santé publique et de la productivité. Vous vous sentez différent et le regard des autres vous pèse ? N’ayez crainte, vous n’êtes plus seul ! Les Etablissements Généraux vous accompagnent avec une solution : La Vallée.

Le Dr Meylaud a créé une communauté de gens comme vous. Ne pas enfermer. Respecter. Donner un métier. Vivre ensemble. Surtout laisser exprimer sa folie. Voilà dans quel cadre, le jeune Edwin découvre son nouveau travail.

Bien entendu il est totalement largué. Et nous aussi. Avec un certain bonheur. Les deux auteurs de cette bande dessinée nous emmènent dans une douce utopie, très années 70, qui rappelle le charme bucolique et presque érotique d’Olivier Rameau.

valeria

On pense à lui et à la délicieuse Colombe. Ici, c’est la belle et sensuelle Valéria qui va faire tourner la tête du cartésien Edwin qui découvre rapidement une série de meurtres mystérieux qui mettent en péril cette institution à ciel ouvert.

Le duo va mener une enquête rocambolesque dans des décors loufoques, colorés et aérés. Cet « ailleurs » bariolé est un petit bonheur pour les yeux. Le coté de ludique du mystère se marie parfaitement avec le graphisme crayonné et lumineux du dessinateur. Les rebondissements ne manquent pas d’humour et sans se prendre au sérieux, le récit réussit à conserver une vraie cohérence dans cet asile de fous d’un nouveau genre. On espère que la visite guidée continuera. Le charme est immédiat !

Martin Trystram et  Pascal Forneri
T1 Meli Meylaud dans la vallée
Dupuis – 56 pages

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