S’il se passe quelque chose, Vincent Dedienne, Petit Hébertot

vincentPremier spectacle solo d’une valeur montante. Mise à nu audacieuse et prometteuse.

Comédien repéré dans Je marche dans la nuit par un chemin mauvais et chroniqueur sur Canal + dans la biographie interdite, Vincent Dedienne s’est lancé à 28 ans dans son autoportrait. Risqué mais désarmant de sincérité. (suite…)

Le Roi et le Fermier

Un opéra baroque source de rire et de plaisir musical.

Dans un petit village de la campagne anglaise, Richard et Jenny, deux jeunes paysans préparent leurs noces. Un jeune milord, trouvant la jeune fille à son goût décide de l’enlever avec son troupeau de moutons. Pendant ce temps, le Roi parti en chasse se perd en forêt. Surpris par l'orage, il rencontre Richard qui l’invite à sa modeste table sans connaître son identité.

Chassé croisé enjoué, le Roi et le fermier alterne scènes parlées et ariettes chantées. A les écouter parler, rien ne laisse présager les voix d’opéra des comédiens. En tenue de chasse ou accoutrés d’un tablier, ils nous révèlent par surprise leur tessiture basse ou soprane. Derrière leur violon, flûte, cornet à bouquin ou traverso, les musiciens participent au jeu de scène par leurs visages expressifs.

Portée par des talents multiples, la troupe La Camusette croise les âges et les nationalités. De 30 à 60 ans, venus de Suisse, du Brésil, d’Italie, d’Espagne et France les sept chanteurs-comédiens accompagnés de sept musiciens montent des opéras comiques sous la direction de Catherine Escure.

Classique de l’opéra-comique baroque français crée en 1762, Le Roi et le fermier répond à l’aspiration des Français d’hier comme ceux d’aujourd’hui : rire et se divertir.

Chante ton bac d’abord

Quand la musique est bonne… hé bien le film peut être aussi sacrément bon. Un documentaire étonnant qui s’entête à enchanter le quotidien.

Gaëlle vit à Boulogne sur Mer. La crise. La grisaille. Le chomâge. La jeune lycéenne est bien consciente que la vie n’est pas rose. Le temps est aussi triste qu’à Cherbourg mais pour elle, la musique peut mettre de la couleur sous son parapluie. Gaëlle veut chanter la liberté et l’innocence qui habitent les adolescents d’aujourd’hui.

Elle appartient à un groupe d’amis qui ont des rêves et des idées qui effraient un peu les parents. Gaëlle veut donc devenir artiste. Son père ouvrier s’inquiète. Rachel, elle, veut profiter de sa jeunesse. Son petit ami est angoissé tout en étant brillant. Caroline ne supporte plus la pression du bac qui approche. Alex est un glandeur heureux, qui partage sa passion pour la musique avec son papa rocker.

C’est un documentaire qui sourit. Le constat est d’abord optimiste. Cette jeunesse n’est pas dépourvue d’idéaux, d’utopies et d’envies. Ce n’est pas le portrait sinistre de jeunes sans moral, sans futur et sans verbe.

Ici, les adolescents chantent leurs doutes mais aussi l’amour et d’autres sentiments qu’ils apprennent à maîtriser. Le réalisateur David André invente un genre : un documentaire joyeux et un film naturaliste mais soigné.

Le social se mélange à la vie dissolue et aigre doux de quelques adolescents du Nord de la France. C’est un film poli, au naturel espiègle et qui réveille en nous quelques souvenirs. La mise en scène (en)chantée permet une douce émotion tout au long l’année passée avec Gaëlle qui attend les épreuves du bac.

L’expression musicale est sincère. Le projet collectif réchauffe les cœurs. Le naturel des gamins est déconcertant. Leurs facéties et la poésie proposent un regard nouveau sur le Nord et ses clichés miséreux. Le film est un beau portrait rêvé mais sincère de la jeunesse d’aujourd’hui. L’antidote idéal et parfait à toutes les mauvaises nouvelles que l’on veut nous faire avaler, à nous et nos pauvres petits ! La vie sans la musique serait une erreur!

Bodega films - 22 octobre 2014 - 1h24

L’amour et les Forets

Bénédicte Ombredanne est une femme ordinaire, professeur de français dans l’est de la France. Une lectrice ordinaire aussi, c’est-à-dire passionnée. Assez passionnée en tout cas pour oser écrire une lettre à Eric Reinhardt et lui dire à quel point elle a été touchée par Cendrillon, son roman paru cette année-là. Nous sommes en 2009 et une correspondance s’installe entre l’écrivain Parisien et la prof Messine, bientôt suivie d’une rencontre à Paris. Ils font connaissance, parlent littérature, envisagent de se revoir lors d’un prochain passage à Paris. Et ils se revoient, au même endroit quelques mois plus tard. Leur seconde rencontre, quelques mois plus tard prendra une tournure plus personnelle et Bénédicte y dévoilera sa vie, coincée entre un métier ingrat, des enfants égoïstes et un mari manipulateur et violent.

Avec L’amour et les forêts,  Eric Reinhardt mêle encore brillamment réalité et fiction pour faire le récit vibrant, poignant et fascinant du destin de cette femme ordinaire et merveilleuse de courage, mais aussi de faiblesse. De révolte et de soumission. Son talent d’écriture est tel que l’on entre en empathie étroite, au-delà du « raisonnable », avec le drame quotidien d’un personnage inoubliable.  Il ne laisse jamais son lecteur en paix, jusqu’au dénouement dramatique – forcément dramatique – de cette tragédie moderne à laquelle il est impossible de ne pas s’identifier, fût-on lecteur et non lectrice. D’autant qu’aucun filtre, aucune mise à distance n’est opérée dans cette narration serrée, au plus près de son sujet.

Vous l’aurez compris, L’amour et les forêts est un véritable choc littéraire, un roman majeur, de ceux qui marquent durablement la bibliographie d’un auteur et la mémoire de ses lecteurs. Accessoirement, il s’agit surtout du plus beau roman de la rentrée, et de loin !

Gallimard - 368 page

Wanted On Voyage

George Erza a l'âge des affreux têtards cosmiques des One Direction. Il a aussi une existence aussi longue que le vintage et jeune Jake Bugg. C'est bien avec ce dernier que George Erza a des points communs. Il devrait rêver de participer à une télé réalité ou étudier sagement dans une école de commerce. Lui, il chante une musique folk complètement old school, sans beat ou provocation.

Il n'a pas besoin d'une grande orchestration. Sa voix fait le boulot: elle donne le frisson. Ce jeune homme visiblement bien sous tout rapport a mangé un bluesman au carrefour du diable. Le son de sa voix convoque Robert Johnson et tous les anciens qui sont aux sources de la musique pop et rock.

Il fait penser à d'autres petits blanc-becs du Royaume Uni comme Paolo Nutini ou Tom Odell. Des gamins tentés par les racines du diable mais qui se limite d'abord à de sages chansons pop rock. Il n'y a pas grand chose de diabolique chez Erza. Il chante merveilleusement.

Les chansons sont délicieuses et tournées vers son talent. On apprécie presque l'humilité de la production qui pourrait rappeler vaguement un Bob Dylan britannique. Son disque est ouvert comme l'indique le titre de l'album. Effectivement c'est un son sans frontière qui devrait faire le tour de la planète en quelques mois.

Le bonhomme a tout du phénomène. Pourtant on devine aussi le talent. Son entrée en matière est simplement élégante. Avec du vieux, il fait tout de même du neuf. Il a bien un style. Pas franchement glamour mais d'une classe folle. On se laisse charmer par ce nouveau héros de la pop anglaise. Décidement ils ont le chic pour nous surprendre constamment nos voisins d'Outre Manche!

Columbia - 2014

Notre festival d’animation: Pearl Jam

Sinon je te mange, Ilka Schönbein, Théâtre Mouffetard

sinon

L’icône allemande de la marionnette offre un spectacle à nul autre pareil. (suite…)

Liliom, Ferenc Molnàr, Théâtre Saint Denis

liliom
Plongée dans un monde de marginaux avec un réalisme dérangeant.

Le sous-titre de la pièce La Vie et la Mort d'un vaurien ne ment pas. La magie de la fête n’a pas imprimé le destin de Liliom. Artiste forain sans fard il n’excelle que dans l’art de la violence. Le mépris, les coups lui tiennent lieux de langage. (suite…)

Baby Burn

En Hongrie, les Psycho Mutants vénèrent les dieux du rock'n'roll. Leur sacrifice est festif, joyeux et donne la pêche. Que demander de plus?

Il y a peu on écoutait Mark Lanegan, grand escogriffe du rock, et son nouvel album un peu paumé musicalement malgré les qualités de l'artiste. Les membres de Psycho Mutants eux ne sont pas du tout perdus. Ils défendent le rock héroïque, celui qui fait danser et qui met en transe. Un truc irrésistible, entre baloche et punk!

De Hongrie, les Psycho Mutants avaient tout pour faire  groupe de rock folklorique et exotique comme les Leningrad Cowboys et tous ses groupes baltes qui fêtent le rythme binaire avec de la vodka, de l'accordéon et des ambiances à la Kusturica. L'archétype est connu.

Il se renouvelle un avec ce groupe qui a le mérite de se prendre (un peu) au sérieux. Il y a du Nick Cave chez ce chanteur à la voix étonnante et chaude. Le groupe ne se limite pas à la gaudriole pour festoches. Les chansons de leur troisième opus sont très convaincantes.

Musicalement ils rappellent Johnny Cash dans ses oeuvres au noir. On pense aussi à de nombreuses bandes originales. Leur rock est plein d'images qui vont au delà des origines hongroises. Il y a une atmosphère étrange, entre chien et loup, entre fiesta et mélancolie.

Le cocktail est en tout cas détonant. La richesse de l'ensemble surprend. L'énergie est totalement contrôlée.  Jamais vieillot, le disque est coloré et plus subtile qu'il n'y parait. De la Transylvanie, il n'y  pas que des vampires: il y a de sacrés bons musiciens et du bon vieux rock'n'roll, énervé et intelligent. Plus que dépaysant!

Volvox music - 2014

Notre festoche: A-Ha

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