Puzzle

Dans les brumes des bars s’écrivent les chansons. Le rock français se puise dans les failles, les faiblesses et les lumières faibles des heures tardives. Beaucoup sortent usés de cette expérience. Miossec boit de l’eau. Bashung s’est fatigué de manière héroïque. Noir Désir a contribué à cette notion bien française d’un rock local qui s’engouffre dans la noirceur des villes et des âmes.

Echappé de l’excellent groupe, Les Hurlements d’Leo, Laurent Bousquet a bien compris que le rock est viscéral. Un cœur se découpe en puzzle sur la pochette de son album. Une belle image pour résumer ce rock qui avoue la fragilité des êtres à coups de mélodies et riffs électriques.

Le ton n’est pas à la rigolade. Avec un esprit aventureux, Laurent Bousquet et sa bande font un voyage au pays de ce rock écorché mais sincère. C’est ce qui transpire de leurs douze chansons qui forment une carte, un état des lieux de l’esprit « rock à la mode de chez nous ».

Les mots frappent autant que la batterie. Le groupe ne se cache pas derrière une démonstration de force. Une chanson comme L’homme libre est l’exemple type de leur style, introspectif et fascinant. C’est peut être un peu répétitif. Un peu triste aussi. Mais Puzzle dessine un rock artisanal à la volonté farouche de faire la différence. Le rock est un combat : c’est ce que révèle ce Puzzle !

L'autre distribution - 2014

Le Vestibule des causes Perdues

vestibuleC'est une histoire d'étapes. C'est le problème du livre. Le chemin de Compostelle est découpé en plusieurs et périlleuses étapes. L'écueil d'un tel récit c'est de ne pas trop se répéter. Le roman de Manon Moreau débute assez mal, en racontant la vie de quelques pèlerins qui portent tous leurs problèmes dans leur sac!

Bizarrement, on s'ennuie car les marcheurs sont un peu trop stéréotypés entre un type qui marche pour fuir, un autre qui trotte après un sens à sa vie, une femme mal dans sa peau ou des étrangers exotiques. Manon Moreau est visiblement une sentimentale. A chaque lieu de repos, les personnages se rencontrent et c'est un peu long...

Finalement on va s'attacher à cette petite bande de types qui ont des choses à régler avec eux mêmes. La mise en place souffre de répétition. Ce pourrait être un scénario idéal pour un genre bien de chez nous au cinéma: le film choral.

C'est chaleureux. Très humain. Parfois touchant. Hélas c'est sans surprise dans la structure. Ca parle de kilomètres avalés, pourtant on a bel et bien quelques distances d'avance sur les événements qui vont marquer la longue marche de cette bande mal fagotée et sympathique.

C'est prévisible. L'écriture est tendre mais si le cynisme s'efface sur le célèbre Camino, le style est un peu béni oui-oui. On s'en veut un peu de ne pas s'abandonner à ce défilé d'âmes perdues qui se retrouvent, s'apprécient et s'aiment. On aime l'humanisme de la romancière. Mais c'est un peu trop mignon. Les bleus de l'âme sont trop mis en avant. On regrette presque une plus grande description des ampoules et des douleurs plus physiques. Mais la mission de l'écrivain est remplie: on a bien envie de partir loin de tout, les emmerdes, les soucis, le boulot et tout ce qui nous éloigne de la spiritualité ou de l'amour de son prochain.

Pocket - 473 pages

Qui fait le pitre pour Oasis ?

« Patrick Montel, lâche pas l’affaire gars ! »

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Voilà, ça sent la rentrée à plein pif, l’odeur du Ricard traine encore un peu, mais s’approchent dangereusement la remise des tongs dans le placard d’en bas, le pliage des maillots de bain dans lesquels on était vachement fier de rentrer encore dedans malgré toutes les desperados englouties, et on va pas tarder à nettoyer le barbecue…oui, ça transpire quand même méchamment la fin de l’été. (suite…)

Stupeur et tremblement d’Amélie Nothomb au Théâtre de Poche

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Layla Metssitane donne vie au récit autobiographique d’Amélie Nothomb publié quinze ans plus tôt. Celle-ci retrace dans son ouvrage, Stupeur et tremblement, ses pérégrinations au pays du Soleil Levant. (suite…)

Lucy

Avec un tel titre, on peut désormais l’assurer : Luc Besson est le Pascal Obispo du cinéma français. Le genre d’artiste à ne pas faire dans le détail mais qui prend soin de ne pas décevoir son public et son style.

Comme Pascal Obispo, Luc Besson avait décidé de prendre sa retraite. Obispo a dit qu’il arrêtait au retour de Polnareff… rien ne s’est passé. Besson avait dit la même chose après Angel-A ou Arthur et les Minimoys… en attendant il continue de sévir avec des séries B !

Comme Pascal Obispo, Luc Besson ressasse les mêmes obsessions, les mêmes thèmes et produit la même chose avec plus ou moins d’inspiration… et pas mal de prétention. Parce qu’il a Scarlett Johansson dans son nouveau film, il ressort donc l’épopée féministe d’action, avec une certaine violence hardcore et une maltraitance habituelle chez Besson des voitures de police françaises.

Comme Pascal Obispo, Besson est un dur au cœur tendre. Il en fait des tonnes pour en fait célébrer les femmes. C’est un amoureux. Dans son univers, Scarlett est à l’aise. Après  le maxi pompeux Under the skin, elle continue de maltraiter son image, son aura et son physique. Bizarre. C’est la partie la plus intéressante du film.

En tout cas, elle inspire un sens du visuel que Besson avait perdu depuis longtemps. On pourrait même voir dans Lucy des idées de cinéma puisqu’il est question en même temps d’infiniment grand, infiniment petit, d’exploitation du cerveau et des capacités humaines et technologiques. Besson a quelques idées marrantes et cela surprend presque. Tout comme la courte du durée de ce film de sf. C’est sympa. Cela change un peu des blockbusters de l’été.

Mais bon, il faut aussi voir dans cette rapidité d’exécution, l’esbroufe légendaire du réalisateur, qui cache comme il peut les nombreuses incohérences du film. Il parle de neurones et d’intelligence mais votre cerveau restera épargné par l’auteur du grand bleu. Comme Pascal Obispo, il fait beaucoup de bruit pour pas grand-chose...

Avec Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Min-sik Choi et Analeigh Tipton - Europacorp - 6 aout 2014 - 1h29

American Rigolos

americanRetour au pays pour un américain ayant vécu en Grande-Bretagne. Ces chroniques regardent l'Amérique avec amour et humour.

Bill Bryson aime les voyages. Cet Américain est curieux de tout et a promené sa famille un peu partout dans le Monde. Cette ouverture d’esprit, il n’est pas sûr que ce soit la principale caractéristique de concitoyens. C’est ce que révèle cette chronique hilarante.

Bill Bryson ne semble pas être né au bon endroit. Dans l’Iowa, Bryson aurait du ne jamais quitter son pays mais sa curiosité est grande et dès qu’il l’a pu, il s’est échappé en Angleterre. Il y restera longtemps.

Il y prendra le temps de comparer sa culture avec celle d’adoption. Il se passionnera pour les sciences, l’écriture et ses souvenirs d’enfance. Bryson a le sens de la nostalgie. Il sait parfaitement raconter son enfance et ses petits passages de la vie qui ont fait de lui ce qu’il est.

Peu traduites en France, ses chroniques sont fameuses et possèdent un humour féroce. Car Bryson, avec ses voyages à travers le Monde, a découvert les nombreuses différences et les qualités de plusieurs cultures. Il aime les opposer pour mieux les comprendre.

Après un long séjour en Grande Bretagne, Bill Bryson doit revenir aux Etats-Unis, dans le New Hampshire. Le retour au pays est très dur. Bryson ne comprend pas ses concitoyens. Son épouse, anglaise, devient plus américaine que les Desperate Housewives.

Le dépaysement est totalement imprévu pour l’auteur qui redécouvre avec horreur et humour, les moeurs étranges des Américains. La folie ménagère, le sport omnipotent, les voisins curieux, le consumérisme en étendard, Bryson constate une société schizophrène qui hurle le mot liberté partout mais réclame de la sécurité en permanence.

Le livre est une succession de chroniques pour un journal. C’est surtout une cascade de constats consternés et amusés. Bryson observe avec le sourire toutes les bizarres habitudes des Américains. Sans haine. Sans jugement. Juste avec une pointe d’ironie qu’il a volé à l’écriture britannique.

American rigolos ne devrait pas plaire aux adeptes de l’antiaméricanisme, sport national dans nos contrées. Bryson est un tendre. Avec sa fantaisie, il nous fait vraiment voyager. Mais c’est aussi un subtil observateur et un excellent correspondant en direct de la folie ordinaire.

Arcadie

Les frangins de Archimède pousse toujours autant leur public à rire face aux petits misères de l'existence avec un rock décontracté. Une saine attitude!

Frédéric et Nicolas Boisnard ont d'abord imité Oasis avec une attitude désinvolte et un rock très british et déconnant. Les Têtes à claques ont tout de même de têtes bien remplies et on s'est attaché pour ce duo qui ne veut pas être trop français ou trop pop.

Pourtant ils soutiennent une tradition bien française: la dérision. Ils aiment bien tacler leurs contemporains, les inconnus comme les stars, les lâchetés comme les faiblesses. Ils le font avec une causticité et des jeux de mots qui rappellent Nino Ferrer ou Jacques Dutronc.

Archimède a donc de bonnes références et leurs deux précédents disque le prouvent. Un rock léger et plein d'humour. Une formule qui leur offre un joli succès. Au troisième album, ils ne peuvent plus se prendre pour des petits marlous à l'humour cinglant. Ils ont aujourd'hui un certain confort qu'ils assument en tentant de nouvelles choses.

Ils continuent de soigner leur vision amusée et mordante du monde moderne. Comme l'indique un titre du disque, il aime se marrer des winners et des branques. Ils observent nos envies, nos travers (hilarante Ca Fly Away) et nos blessures (joli Dis le Nous) en rigolant. Il y a du Renaud dans Arcadie: ils ont une tendresse réelle qui se glisse entre les notes de musique et la voix moins nasillarde que d'habitude.

L'affection fait son trou dans ce disque: on est moins dans l'influence anglaise. Le groupe multiplie les nouvelles pistes avec une certaine réussite. Ils ne se trahissent pas avec l'arrivée de nouveaux sons. L'aisance et le succès leur permettent de continuer les pieds de nez et de prolonger musicalement leurs envies sentimentalo-rigolotes! Archimède ne se prend pas au sérieux. Dans le monde de la musique, c'est assez rare pour être souligné!

Jive Epic - 2014

Royal Blood

Ca sera à coup sûr le disque de l'année en matière de gros rock qui cogne! Au début, ca fait un peu peur: cela semble sonner comme Muse: des riffs héroïques baignés dans un magma électrique. Simple ersatz? Mike Kerr et Ben Thatcher (pas mal comme nom pour un rocker british) ont en tout cas entendu le trio de power rock!

Mais ce ne sont pas la seule référence de ce duo qui a décidé de faire rougir les oreilles: le son est d'une radicalité qui rappelle les Queens of the Stone Age, ultime groupe de rock costaud, viril et surtout correct. On entend aussi dans leur débrouillardise, les boucles affolantes de Rage Against the Machine. La voix, elle, pourrait être celle d'un Jack White biberonné au rock post Led Zeppelin.

Vous voyez un peu le niveau? Et en plus ce n'est qu'un duo de deux petits barbus de Brighton, ville plutôt hantée par la pop sombre et l'élégance typiquement anglaise. Ils ont plutôt l'air de deux nerds yankees, casquettes vissées au niveau des yeux. Basse, batterie et chant voici la base inébranlable qui va marquer ce premier album foudroyant par son énergie juvénile mais aussi sa maîtrise du rock dans ce qu'il a de plus primitif et de plus singulier.

Après la saison des festivals, le duo se serait fait une solide réputation. Mais on ne doute pas de leur enthousiasme quand on entend les quarante minutes de ce premier essai diablement rock'n'roll. La jeunesse, ca bouscule et ca fait parfois du bien.

Car malgré les illustres et riches aînés cités plus haut, Kerr et Thatcher arrivent à se faire une place au soleil. Ca faisait bien longtemps que des rythmiques ne réveillaient pas de cette façon. Il y a effectivement quelque chose de royal chez eux. Ce sont bien des petits princes du rock. Entre grunge, stoner et garage, ils ne choisissent pas vraiment leur lignée mais assument leur voie...

Warner Bros - 2014

All you need is cash

Un Rockumentaire pour rire. Eric Idle, des Monty Python, était un ami de George Harrison. On peut donc compter sur les amis pour se moquer de vous et vous apprécier en même temps.

Tout le monde connaît les Rutles ! Qui n’a jamais fredonné un de leurs airs. Même Franck Sinatra a repris un de leurs tubes. Hold my handI must be in love ou Ouch sont autant de classiques qui tournent en boucle sur nos platines et à la radio.

Dirk, Stig, Barry et Nasty ont été célèbres dans les années 1960. Un documentaire vient de sortir en DVD et leur rend hommage. Ce documentaire date de 1978. Mick Jagger ou Paul Simon interviennent. Ils ont rencontré les Rutles. Ils sont bien placés pour nous en parler.

Trêve de plaisanteries, les Rutles sont nés de l’imagination d’Eric Idle, membre des Monty Python. Grace à son amitié avec George Harrison, il a eu accès à des documents qui étaient à l’époque inédits mais que les Beatlesmaniaques ont découvert dans l’Anthology.

Ce film d’une heure et quart retrace l’ascension et la chute d’un groupe qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux Beatles. Il doit se trouver chez vous toutes affaires cessantes, si vous adorez les Beatles. En effet, plus vous les connaissez, plus vous apprécierez la finesse des parodies.

Faut-il d’ailleurs parler de parodies ? On pourrait tout autant parler d’hommages. Le morceau notamment où les Rutles font leur version d’I am the walrus, celui qui s’appelle Cheese onion et qui ressemble à Yellow submarine… sont des bijoux à part entière. L’auteur de ces chansons s’appelle Neil Innes (il incarne Nasty ou Lennon). Il est l’Obelix des Beatles. Il est tombé dans le chaudron quand il était petit.

Seuls ceux qui adorent savent se moquer avec esprit. Cependant, il faut ajouter à ce film une autre dimension. Il a été produit par Lorne Michaels, célèbre producteur du Saturday Night Live de la grande époque. Et comme 1978 est une grande époque, on retrouve dans le film les apparitions jouissives de John Belushi, Dan Aykroyd, Bill Murray.

Résumons-nous : une pincée de nostalgie, un hommage ironique et assumé. De la fausse musique aussi bonne que la vraie. Eric Idle digne successeur de Peter Sellers, l’absurdité des Monty Python, des Rock stars qui se moquent d’elles-mêmes. De grands comiques américains du temps de leur vivant. De quoi avez-vous besoin d’autre ?

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