Qui joue pour Oasis?

The imagined Village

Des violons, des guitares sèches et des tambourins, voilà ce qu’il faut pour faire de la musique traditionnelle anglaise. Des passionnés ont modernisé tout cela !

La note d’intention est claire : une ambitieuse réinvention des traditions folkloriques anglaises, embrassant la culture actuelle dans toute sa diversité ! Sous la houlette du studio de Peter Gabriel, Real World, ce drôle de projet profite en effet de talents divers.

Les sons proviennent de la rue et des contrées lointaines. Il y a des samples et des tambours échappés du Pakistan. Les sitars se font entendre et très rapidement, les Dubliners deviennent enfin has been (après 40 ans de carrière, ce n’est pas trop grave).

Il est donc question d’identité dans ce disque. Qu’est ce que la tradition musicale ? Peut on inviter d’autres cultures autour du folklore local ? La réponse est celle de l’ouverture.

Des universitaires et des musiciens se sont amusés à composer des hymnes contemporains tout en célébrant le brassage culturel sur une base très traditionnelle. Cela donne parfois des gros morceaux new age sans grande nuance.

Le projet va surtout vers des sons simples, d’une douceur que l’on ne connaît que dans les lointains souvenirs d’une tradition. On ne s’étonnera pas d’entendre les voix de Peter Weller et Billy Bragg, deux personnalités intelligentes de la scène rock.

Cette incursion dans le folkore britannique est une réjouissante collection de morceaux aux accents appuyés mais à une démonstration un peu poussive sur la nature internationale de la musique.

Il y a donc des passages lourdingues mais il y a aussi des belles balades qui rappellent la richesse musicale de la Grande Bretagne. On appréciera particulièrement la sensibilité de Eliza Carthy et les quelques morceaux instrumentaux qui nous poussent à vouloir traverser la Manche pour un petit séjour typique entre Douvres et Inverness…

Des Lendemains qui chantent

Léon s’imagine journaliste de gauche, pertinent et féroce. Il va glisser sur la télé poubelle et la débilité berlusconienne qui a tant marqué les années 80 90. Son frère, Olivier, fait dans la publicité. L’image prend une telle place après l’élection de Mitterrand que sa tête se met à grossir elle aussi.

Ils sont mal barrés ces deux enfants d’ouvriers de Saint Etienne. C’est ce que constate la belle Noémie, proche conseillère du président qui a un petit faible pour les deux frères. Au milieu surnage Sylvain, l’inventeur du 36 15 Code Ulla !!!

Pourtant le film n’est pas très bandant. C’est l’éternel couplet sur les illusions perdues et la douce nostalgie qui accompagnent désormais les vieux trentenaires et les jeunes quadras. Ca ne manque pas de charme mais ce n’est pas non plus d’une finesse incroyable. C’est même assez mou.

Mais les comédiens sauvent le film. Pio Marmai attend encore le rôle qui pourrait l’installer au sommet du cinéma français. Il a un charme de dingue et celui de Laetitia Casta n’est pas mal non plus. Les seconds rôles sont réussis. 

Hélas, le film est juste un téléfilm sympa. C’est plan-plan. Sans grande imagination. L’ensemble n’est pas désagréable jouant sur la mélancolie, ressort qui fonctionne bien mais qui est beaucoup utilisé. Tout comme la voix off, ficelle narrative trop simple. On est bien embêté avec ce film : il nous agace par une certaine paresse et nous charme par sa direction d’acteurs ! On verra avec le temps qui passe…

Avec Pio Marmai, Gaspard Proust, Laetitia Casta et Andre Dussolier - UGC - 20 aout 2014 - 1h30

Settle

Sorti il y a un an, le disque des frères Lawrence a fini par vaincre l'hexagone avec ses hits electro, élaborés avec élégance!

C'est encore une histoire de frères. Deux petits Britanniques qui se sont mis à mixer ensemble et ont découvert la formule secrète du son à la mode, qui sera écouter dans les salons de coiffure pour hipsters, les magasins à la mode et dans les bonnes soirées.

Guy et Howard Lawrence ont la musique dans la peau. Parmi leurs potes, on croise le trio de London Grammar ou Sam Smith, valeurs montantes de la musique anglaise. Dans leur premier opus, pas mal de monde vient faire coucou pour dire qu'ils connaissent ces rois du bidouillages électro.

Au début, c'est surtout l'efficacité que l'on entend. On comprend que l'Europe se soit rapidement mis à danser sur ses tubes. On s'étonnait de la résistance de la France. Un an après la sortie du disque, on danse sur When a Fire Starts to Run ou l'efficace You & Me! Deux gros tubes de notre temps avec des gros beats et des effets empruntés à la house et tout le savoir faire typiquement anglais. Il faudrait tout de même sur cette facilité qu'a le Royaume Uni à nous dégoter des champions de la pop, sous tous ses aspects.

Même si ce n'est pas votre tasse de thé (facile facile), Settle est bien abordable et offre de quoi se réjouir. C'est parfaitement exécuté et Disclosure propose de l'electro pour tous, avec des structures assez pop, plutôt que de jouer le grand huit sonore à la manière d'un David Guetta sans imagination. Franchement, ce disque est vraiment réussi!

Cherry Tree - 2013

Amateur

Amateur veut dire en latin, "celui qui aime". Le Larron qui se cache derrière le mot aime beaucoup de choses et semble être un jouisseur. En effet, il s'excuse sur son disque de proposer une préface avec des conseils d'écoute et célèbre la liberté. Il a pu faire ce qu'il aime sur ce disque dans l'air du temps et en même temps d'une élégance assez désuète.

Il a l'art du décalage. Ancien technicien du son, Le Larron a visiblement attendu avant de réaliser ce premier opus qui profite donc de son expérience et son souci de ressembler à sa personnalité. Peu de compromis et une passion évidente pour les instruments. Et les ambiances mélomanes!

Il y a beau avoir des beats bien modernes et des rythmes lancinants, le disque accroche l'oreille avec des touches musicales que l'on entend plus trop (un orgue, une flute ou la voix de Lisa Portelli). La voix n'est pas loin du slam à la mode ou de la poésie  urbaine. Il est bien dans son époque mais Amateur a du goût!

Il raconte donc ses joies. Plus que ses peines même si les textes savent être aigre doux. C'est le disque d'un incorrigible optimiste, un artiste heureux de se réaliser en toute indépendance. Même dans son rock synthétique mais parfaitement construit, on devine l'humanité du bonhomme. A l'heure où les mauvaises nouvelles s'entassent, son talent et sa finesse font franchement du bien aux oreilles, à la tête, au coeur!

L'autre distribution - 2014

The Expendables 3

Papy Stallone a bien du mal à soulever ses paupières et encore plus à faire bouger ses lèvres botoxées. Mais il est en meilleur état que Papy Schwarzie encore plus handicapé. Il est debout, statique avec des petits yeux qui arrivent pas à ouvrir. Et que dire d'Harrison Ford qui a passé la date de péremption pour jouer dans les films d'action.

Mel Gibson apparaît alors comme celui qui vieillit le mieux, fluet, se déplaçant avec légèreté pour jouer un méchant très intime de Barney, leader des Expendables. La jeunesse sera l'enjeu de ce nouvel épisode aussi décérébré mais jouissif que les autres.

Parce qu'il doit affronter son ennemi préféré, Barney ne veut plus travailler avec ses anciens collègues mais des petits jeunes qui,  comble du temps qui passe, se servent d'un ordinateur pour attraper les vilains de tout poil (souvent des pays de l'est dans de très moches uniformes mal coupés). Ou est donc le bon vieil assaut classique?

Heureusement Barney va découvrir que "qu'avoir un bon copain, c'est ce qu'il y a de meilleur au monde, car un bon copain, c'est plus fidèle qu'une blonde". Donc plus que tout l'union fait la force et il y a rien de mieux que quelques vieux bidasses expérimentés pour défoncer la tronche d'une armée entière d'un pays imaginaire sur lequel fume encore les restes du communisme et de toute autre dictature du bon vieux temps!

Sur les ruines de la série Z, Stallone rentabilise sa réputation des années 80 et celles de quelques autres gros bras plus ou moins connus chez nous. Ce sont des papys malins car leur réunion fait l'événement mais n'empêche pas le film d'être une pauvreté navrante. Ici, c'est même aberrant puisque Stallone nous impose de la jeunesse alors que nous, on est là pour les gueules cassées du cinéma eighties!

Donc on attend les entrées et les sorties des vieux dans le film qui ne cherche aucune originalité, filmant des gros bras avec des grosses veines et des rides plus ou moins esthétiques. Heureusement un vrai second degré saupoudre ce nanar viril. On ne la fait pas aux vieux singes qu'on apprend à faire la grimace! Ici, c'est un festival. Régressif mais marrant!

Avec Sylvester Stallone, Arnold Schwarznegger, Jason Statham et Antonio Bandera - Metropolitan filmexport - 20 aout 2014 - 2h

Qui fait le fantome pour McCartney?

Un Pays Invisible, roman familial

invisiblePonctué de photos d’époque, le récit de Stéphan Wackwitz plonge dans le passé familial pour y trouver l’âme d’un pays, celui de Goethe autant que d’Hitler.

Tout commence lorsque le père de Stephan Wackwitz apprend qu’on a retrouvé un appareil photo lui appartenant et qu’il avait perdu à la fin des années 30, quand il était enfant et qu’il voyageait en bateau de retour d’Afrique en direction de l’Allemagne.

Cet appareil photo aura-t-il conservé des souvenirs lointains ? Cette possibilité de retrouver un passé enfoui dans la mémoire de quelques uns et l’oubli de beaucoup d’autres, amène Stephan Wackwitz à se souvenir de la personnalité d’Andreas Wackwitz, son grand-père, et le pousse à interroger les ambiguïtés d’une génération allemande, celle de son grand-père, c’est-à-dire, celle d’Adolf Hitler.

Ce qui est intéressant dans Un pays invisible, c’est que la relation père/fils est gommée au détriment de la relation grand-père/petit-fils. Stephan Wackwitz interroge les croyances, le comportement de son grand-père pour trouver un écho à son parcours, à son propre comportement. Il s’est bâti en réaction aux croyances, à la manière d’être de ce pasteur protestant qui se comportait en pater familias.

Ainsi, dans les années 1970, Stephan a failli s’engluer dans la protestation d’extrême-gauche violente. Il relie ce moment de son existence à celle d’Andreas, grand-père ratiocineur, qui avait entrepris de raconter sa vie sur des cahiers de papier-pelure afin que ses enfants et petits-enfants puissent bénéficier de son "expérience".

Nous savons bien que par rapport à un élément majeur de la cellule familiale, nous nous bâtissons CONTRE cette personne, quitte, comme dirait Guitry, à être tout contre.

Composé de plusieurs chapitres denses, ce récit est une œuvre profonde sur le temps qui passe mais également sur les croyances révolues d’une époque passée. Wackwitz nous fait lire un récit d’un voyage en Amérique de son grand-père, où ce dernier, en toute bonne foi, se livre à des réflexions racistes et insoutenables concernant les noirs, tout simplement parce qu’à l’époque d’Andreas, il était coutumier de penser ainsi.

On ne saurait en quelques mots, rendre compte de la richesse et de la profondeur d’un tel livre. Disons que le voyage intérieur qu’entreprend le narrateur en marchant dans les pas de son grand-père, eh bien le lecteur entreprend un voyage similaire dans ses propres souvenirs.

Autre passage fort réussi : entre les années 1920 et 1930, Andreas et sa famille ont séjourné dans un village qui se trouvait à dix minutes d’Auschwitz et ils y ont été heureux. Or, rétrospectivement, Wackwitz considère que le bonheur près d’un tel endroit devrait être interdit.

On retrouve à la lecture de ce livre le plaisir de la grande littérature allemande : ça n’est ni facile, ni d’une gaité débridée mais on réfléchit et on s’émerveille à chaque page. Wackwitz fait partie de ces écrivains qui vous font la grâce de vous prêter un peu de leur profondeur.

318 pages - Laurence Teper

All the people

Après une longue absence, Blur se reforme. Le trio redevient quatuor, enfin, et les concerts sont toujours aussi appréciables. Après la fin d’Oasis, une place reste à (re)prendre.

Les trentenaires ne vont pas être très contents. La guerre entre Oasis et Blur ne va pas recommencer. Noel Gallagher ne va pas souhaiter que le leader de Blur meurt du sida. Ce dernier ne répondra pas avec un dédain typiquement londonien. La rivalité n’existe plus puisque Liam et Noel ne veulent plus se voir et la bataille s’est terminé finalement entre les deux frère ennemis.

La reformation du groupe de Londres doit les énerver. Car la sortie du live est inattendue. La maison de disque s’est amusée à sortir le disque en toute discrétion en empruntant des réseaux inhabituelles sur le net. Le disque semble être une captation sèche du concert donné en juillet dernier à Hyde park.

La prise de son est directe et permet à Blur de prouver qu’il n’a aucun mal à renouer le contact avec son public et l’Angleterre. Les trois premières chansons rassurent : Graham Coxon et Damon Albarn ont fait le tour de leur ego et retrouvent leur amitié et leur complicité. Les projets persos ne leur suffisent plus. Tant mieux !

On avait oublié l’efficacité de leurs chansons. Très vite, la tête remue bêtement et on s’imagine derrière une batterie en face des milliers de fans (les places pour les deux concerts donnés furent vendues en deux minutes). There’s no other way conserve toute son innocence des début du groupe. La britpop retrouve des couleurs et le mélange pop et punk n’empêche pas les mélodies de s’incruster solidement dans nos têtes. La pop mélancolique de Coldplay et ses ersatz ne tient pas la route face aux riches chansons de Damon Albarn et ses trois copains.

Si Damon Alborn a une voix un peu plus âgée, leurs hymnes adolescents sont d’une redoutable efficacité sur le moral. On braille avec eux. On regrette de ne pas y être et on a hâte que tout le Barnum Blur se mette de nouveau en route.

Ce double live fait office de révision. On retrouve les classiques, les hits et quelques ouvrages oubliés. Le groupe se montre en grande forme et on attend la suite avec beaucoup d’impatience.

Et tant pis pour les Gallagher !

The John Peel Sessions 95-99

Trouvée chez un disquaire, cette session de ce quatuor mésestimé rappelle les grandes années de la britpop. Les John Peel Sessions ont vu passer tous les groupes britanniques sur plusieurs décennies. Certains ont cartonné. D'autres se sont retrouvés dans les galères de l'industrie du disque.

Gene n'a pas eu la chance d'appartenir à la première catégorie. L'animateur de radio John Peel est une légende du média et ses émissions nous offrent bien souvent de beaux moments de pop qui sortent parfois sur de précieuses galettes.

Avec Blur, Radiohead, Oasis et Pulp, la britpop a connu un bel essor dans les années 90 et quelques classiques qui résonnent encore dans nos têtes. Une multitude de quatuors se sont succédés pour grignoter les quelques restes du succès.

Gene n'y est jamais parvenu. Il a tout tenté. Même un authentique chef d'oeuvre du genre ("Olympian"). Ce n'était pas suffisant. Créé en 1993 par l'insolent et surdoué Martin Rossiter, le groupe a rendu les armes dix ans plus tard.

Pourtant leur discographie est plus qu'honnête. Cinq albums plutôt bons. Les hommes de Rossiter sont des lads de la classe ouvrière, qui se la jouent Morrissey et autres révoltés de la pop music. Agressifs dans leurs textes, les amis de Londres composent des petits hymnes mélodiques avec une facilité qui force l'admiration.

Leur premier opus fut le meilleur mais la suite n'a jamais démérité. Cela s'entend dans ce double album où le groupe affirme son talent pour écrire une chanson de trois minutes trente, qui balance et ne manque pas de caractère.

Il y a une vraie conscience populaire qui s'entend. L'accent est rocailleux et la voix affronte une orchestration toujours parfaite. En acoustique ou électrique, il y a quelque chose de très touchant dans ce petit groupe méconnu et c'est bien dommage.

Car il réconcilie avec le genre trop limité aux pointures. Les chansons sont empreintes d'un savoir faire passionnant et le quatuor réalise de très beaux passages avec une véritable harmonie qui prouve la sincérité de ce groupe loin d'être formaté.

La qualité de l'enregistrement permet de (re)découvrir le talent de ce groupe qu'il ne faudrait pas oublier.
L'injustice serait vraiment grossière.

Trending

L’Apparition, Perrine le Querrec

Loomie et les Robots, Le Funambule

Dulcolax, pub au vent

Most Discussed

Et la laïcité bordel !

F.A.I. 2009 / BERTRAND BELIN et TATIANA MLADENOVICH

London Western / Coffees & Cigarettes / Tekini records

Diamond Dogs / David BOWIE / (EMI – 1974/ Rééd.2004)