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Projections Macabres

Surfant comme d’autres sur la vague nostalgique du siècle dernier, Brigitte Aubert nous entraîne dans une enquête distrayante entre Paris et les villes thermales.

Bon, c’est vrai, les premières pages peuvent agacer le néophyte, ou celui qui ne connaît pas les célébrités du début du vingtième siècle. Se retrouver à chaque page avec des références à Emilienne d’Alençon, Cléo de Mérode ou la grande Marguerite Moreno, peut lasser. Rencontrer au détour d’un chapitre Claude Debussy ou l’actrice Polaire n’est pas sans charme. On se dit qu’il ne manque plus grand monde, Mallarmé étant des leurs, Toulouse-Lautrec aussi. Allez, que fait donc Rémy de Gourmont, le grand critique oublié par Brigitte Aubert, et sa muse adepte des amours saphiques, la belle amazone Natalie Clifford Barney, qui défrayait la « so chic » chronique parisienne ?

Après ces mondanités, on passe au fait divers. Au vrai. Oui, le Bazar de la Charité a vraiment brûlé et les normes de sécurité de l’époque n’ont laissé aucune chance aux occupants. Mais Brigitte Aubert en rajoute : on y trouve les restes d’une jeune fille éviscérée et assassinée. Ce cadavre vient se rajouter à d’autres, eux aussi éviscérés et morts de la même façon.

Saupoudrez de mondanités thermales, ajoutez un zeste de voyance teintée de mysticisme, secouez avec un brin de soupçon sur une secte pseudo maçonnique et le tour est joué. Nous revoici en plein dans l’ambiance de l’époque.  Evanouissements, cocottes précieuses, spiritisme, on baigne dans ces clichés-là.

De surcroît, les personnages principaux manquent un peu d’épaisseur, et pourtant, ce n’est pas leur première enquête. Qu’il s’agisse du journaliste Louis Denfert, un peu immature, de sa fiancée, la jolie comédienne Camille, moralisatrice ou légère selon les nécessités, ça ne passe pas. Seul le boxeur et ancien soldat Emile, qui en fait des tonnes, prête à sourire, tout comme Albert le légiste. Mais la sauce prend difficilement et l’on se disperse un peu. L’histoire de la secte maçonnique s’arrête soudain, sans qu’on sache pourquoi, tandis que les autres pistes ne mènent nulle part. Bref, on a l’impression que l’auteur cherche la fin de l’histoire. Et nous avec, même quand ça s’arrête.

10/18 – 420 pages

 

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