The Duke Ellington Orchestra / Grand Rex / Avril 2014

Quelques messieurs trop tranquilles… mais très doués !

Sans faire dans la rhétorique du « c’était mieux avant », un bon vieux big band qui reprend des grands standards du Duke ne peut pas être une mauvaise chose. La nostalgie ou la mélancolie entrainent souvent des courants réactionnaires mais ce que propose le Duke Ellington Orchestra, c’est un voyage soyeux dans ce jazz espiègle et enchanteur.

Dès les premières notes, on s’attache à cette quinzaine de musiciens qui ressemblent pour la plupart à des bons pères de famille ou des professeurs malins. Ils emballent toute l’audience avec un Take a A train fantastique, d’un classicisme devenu inhabituel. Ce sera la locomotive suivie de wagons tout aussi prestigieux!

Thomas James, pianiste nonchalant présente chaque chanson avec une gourmandise évidente. Il nous transporte avec son orchestre vers un jazz d’une élégance imperturbable, entre blues primitif et arrangements orchestraux !

C’est fait avec une bonhommie rassurante. Ils enchainent les morceaux avec une technique irréprochable : les lignes de trompettes répondent aux tubas et aux saxophones. Un batteur guette le rythme et un gentil bassiste assure une bienveillance musicale qui fait plaisir à entendre. Les musiciens jouent pleinement la complicité artistique.

C’est certes du jazz «de papa »  mais c’est magnifiquement exécuté. C’est ludique, drôle et même envoutant. Pas de fausse note. Pas de faux pas. Ce sont des pros, obsédés par la rigueur et les particularités du Duke, star durant les années de crise. Cette musique a en effet la qualité de vous faire oublier les soucis et les oiseaux de mauvais augure. En survivant à son créateur, ce big band prolonge la magie… Old but good!

Le roi se meurt de Ionesco, au Théâtre Hébertot

roi Monstre sacré sur les planches du Théâtre Hébertot. Saisissez votre chance, Michel Bouquet est majestueux dans cette pièce pleine de vie!

Du haut de ses 88 ans, Michel Bouquet endosse Béranger Ier comme au premier soir. Ce monarque attachant, lui sied comme un gant. Au point de lui valoir en 2005 le Molière du meilleur acteur. L’acteur reste convaincant depuis 20 ans au jeu des derniers instants de vie du roi. Avec charisme et malice.

Tantôt admiré, tantôt méprisé, les mille facettes du personnage intriguent. Gourmand de la vie, amoureux, précurseur mais jugé aussi ingrat, égoïste, il s’accroche à son pouvoir de fin de règne. On trouve à ses côtés l’acariâtre reine Marguerite, Juliette Carré et la charmante Reine Marie, Nathalie Bigorre. L’une incarne la raison d’Etat, l’autre la voix de l’amour. Michel Bouquet et sa femme à la ville, Juliette Carré ont l’âge de leur rôle. Mais autant la voix du roi porte autant celle de sa femme est souvent voilée.

La pièce compte de grands moments de grâce comme cet échange entre Juliette, la femme de chambre et le roi. Véritable ode à la vie : « féerie et fête continuelle » ou calvaire selon qu'elle soit vécue ou subie. L’émotion palpable de Michel Bouquet dans ces mots « Je n’ai pas eu le temps », « Ne me laissez pas mourir, je vous en prie », « Je meurs, que tout meurt» attendrit. La mise en scène de Georges Werler sert le texte dans l’ensemble excepté la fin confuse. Les costumes du roi : tenue d’apparat et chaussons rouges et la robe de mariée blanc immaculé de la reine Marie attirent l’œil. On salue le talent de la costumière Pascale Bordet.

Le public de toutes générations a pu s’identifier à ce roi peu prévoyant, ayant vécu au jour le jour. Avec un appétit et une curiosité insatiable, il continue de sourire à la vie et de s’en émerveiller. Il interroge la conscience de chaque spectateur : Autorise-t-on ceux qu’on aime à des instants de faiblesse ? Qui n’aurait pas, au crépuscule de sa vie envie de la recommencer? Que laisse-t-on derrière soi ?

Écrite en 1962, cette pièce de Ionesco trouve toujours un écho particulier dans l’actualité politique au vu de certains dirigeants bien accrochés à leur pouvoir. On en sort avec une irrésistible envie de croquer la vie.

Dans la cour

Comédie sur la dépression! Pour Pierre Salvadori, on peut et on doit rire de tout!

Depuis Les Apprentis, on sait que Pierre Salvadori a du talent pour s'amuser des choses les plus tristes du quotidien. Il aime beaucoup mettre les problèmes sociaux au coeur de comédies légères, romanesques et un peu rêveuses.

Dans la cour, il y a encore un magnifique loser. Un chanteur de rock ringard, Antoine, qui n'en peut plus et qui plaque une tournée pour des petits boulots absurdes. Il traîne sa déprime comme un boulet. Son seul plaisir, ce sont quelques grammes de drogues qui l'enfoncent un peu plus. Pourtant, il trouve, sans ardeur, un petit boulot de concierge et s'occupe d'une cour d'immeuble. Et ses habitants!

C'est ainsi qu'il rencontre Mathilde, une jeune retraitée qui voit sa vie basculée le jour où une fissure apparaît dans son grand appartement. Les deux partagent des angoisses insoupçonnables et une étrange amitié va se créer...

Mathilde perd les pédales et Antoine va devenir un concierge plus qu'attentif. Pourtant Salvadori évite la facilité. Les rapports resteront chastes entre les deux personnages principaux. Antoine ne se transforme jamais en bon samaritain sur la voie de la rédemption. Mathilde n'arrivera pas vraiment à se dépatouiller de la folie qui la guette!

Il filme les déphasés et les marginaux sans angélisme. Mais avec une humanité qui fait plaisir à voir. Parce qu'il y a à l'écran Catherine Deneuve et Gustave Kerven, ainsi que des seconds rôles touchants en quelques instants. Parce que son scénario ne s'échappe pas, va l'essentiel, traine parfois un peu trop sur les tristesses des héros. Néanmoins Salvadori n'oublie pas de convier le spectateur à un petit théâtre de la vie, à l'intérieur d'un immeuble, hanté par l'Ultra Moderne Solitude si cher à Souchon.

Soufflant sur le chaud et le froid, le film joue en même temps sur l'humour et la mélancolie, nous promenant sur toute une gamme d'émotions assez grande. Quelques longueurs gâchent un final un peu baclé pourtant cette rencontre peu spectaculaire reste un souvenir tendre de cinéma de quartier, de coeur et d'humanité!

De Pierre Salvadori
Avec Catherine Deneuve, Gustave Kerven, Pio Marmai et Feodor Atkine - Wild Bunch - 23 avril 2014 - 1h37

Temples, Idols & Broken Bones / Rufus Bellefleur / Ghetto Gator, l’autre distribution – 2014

Rufus Bellefleur n'a peur de rien. Il a bien des épreuves dans son existence de joyeux redneck sudiste. Elles sont assez incroyables. Entre séries B et Z. Ce n'est pas un héros de cinéma, c'est un chanteur bien de chez nous qui nous fait voyager très loin.

Avec lui, le dépaysement est total! Il vient du Sud de la France mais Rufus Bellefleur assure qu'il vient des eaux putrides de la Louisiane. Il a un look de zombie déphasé à la bière et au gros rock qui tache. C'est un bon beauf, cousin fantasmagorique de Kid Rock!

Pourtant les allures sont trompeuses. Il préfère faire péter les décibels que les canettes. Il aime les chaudes ambiances et les aventures musicales assez osées, à défaut d'être raffinées. Donc le chanteur se promène sur les terres mystérieuses du rock grassouillet, entre hip hop débridé et riffs hurlants.

Le résultat n'est pas du tout ingrat ou adipeux. Ca gesticule. Ca sautille. Ca surprend surtout. Le groupe est robuste et n'a rien à envier en matière d'efficacité sonore à leurs illustres rednecks américains.

C'est un album concept assez joyeux. Le foutoir et les références sont  en fait parfaitement organisés. Rufus Bellefleur s'amuse à convoquer les héros grandioses de la fusion (très années 90),  les créatures du comics américains et les monstres de la série B. Tout cela avec une pointe de hip hop!

Ce n'est pas nouveau. Mais le groupe et son héros connaissent leurs classiques. Rufus Bellefleur vit des aventures dans son petit monde peuplé de bizarreries et il serait dommage de ne pas les découvrir.

Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu?

Peut on vivre ensemble malgré nos différences? Sujet d'actualité traité sans talent pour un (télé)film sans saveur. Dommage!

Le sujet est assez réjouissant. Les Français sont un peu racistes. Les différences, ça les gène. Les préjugés nourrissent des peurs et des incompréhensions. La famille traditionnelle et provinciale a bien du mal à comprendre la modernité d'aujourd'hui. Les nouvelles générations appréhendent mal les angoisses des plus classiques.

Monsieur et Madame Verneuil doivent donc composer avec des gendres "exotiques": un arabe, un juif et un chinois! Bons catholiques de Chinon, le couple va une nouvelle fois être bousculé par le mariage de leur petite dernière: Laure veut épouser, Charles, d'origine ivoirienne...

En période de repli national, cette comédie a le mérite de mettre en évidence la persistance des clichés et des idées reçues. En famille de droite, Chantal Lauby et Christian Clavier pourraient être dans une "Manif pour tous". Ils sont crédibles. C'est la seule chose plausible dans le film.

Le réalisateur, pris de bonnes intentions, oublie simplement de faire du cinéma. Il filme des vannes à table. Des blagues pourries sur les communautés. D'amusantes répliques entre beaux frères. D'affreuses remarques des parents dépassées. Mais il ne fait rien d'autre. Le florilège est exhaustif mais inégal. Et tristement mis en scène.

Sujet, il y a. L'histoire, elle semble avoir été noyée dans le lot plus ou moins convaincant des dialogues. Les rapports entre les uns et les autes sont peu crédibles. La première partie est affolante de nonchalance en matière de récit (il ne se passe rien au bout de trente minutes). L'arrivée de la famille Africaine muscle un peu l'enjeu mais tout est facile, téléphoné et aussi lourdingue qu'un épisode de Camping Paradis ou Joséphine Ange Gardien. Un téléfilm, voilà le véritable niveau de cette comédie ratée mais qui a le mérite d'observer son époque.

De Philippe De Chauveron
Avec Christian Clavier, Chantal Lauby, Elodie Fontan et Medi Sadoun - UGC - 16 avril 2014 - 1h37

Abbey Road / The Beatles / EMI -1969

And in the end... Vous rêviez de savoir à quoi aurait ressemblé un disque des Beatles, de nouveau réunis, après leur séparation ? Eh bien vous le tenez !

 

L’existence d’Abbey Road est en effet un véritable miracle, compte tenu du contexte du printemps 69, date du début des enregistrements de ce qui sera le dernier album concocté par le plus grand groupe de tous les temps ("Let it Be" sortira après, mais avait été enregistré dès janvier 69). Un bref rappel historique suffit à comprendre la situation de l’époque...

John, obnubilé par Yoko, ne s’intéresse plus au groupe ; George, aigri de ne pas voir accorder à ses compositions l’attention nécessaire, préfère jouer avec d’autres musiciens ; Paul est par contre toujours aussi motivé par le groupe, mais au point d’en agacer les autres par son côté "petit chef" ; quant à Ringo, il est totalement désabusé de voir la belle harmonie des Fab Four voler en éclats. Ajoutons à cela Yoko, qui agace tout le monde sauf Lennon, et le grave différent entre McCartney et les autres sur le choix du manager qui devra remettre de l’ordre dans la gestion de leur compagnie (Apple) et l’on comprendra aisément l’improbabilité d’un nouveau travail en commun des 4 musiciens à ce stade de leur histoire.

Déjà leur projet précédent n’a pas été mené à son terme et les bandes, jugées peu convaincantes par les Beatles eux-mêmes, dorment dans un coin (Phil Spector se verra confier la délicate mission d’en "faire quelque chose" un an plus tard, ce dont il s’acquittera de manière parfois indélicate - cf. The long and winding road -, dans l’album "Let it be", publié en mai 1970).

Comment, dans un tel contexte, Paul a-t-il pu convaincre tout ce joli monde (ainsi que le producteur/arrangeur George Martin, pourtant échaudé par tout ce gachis récent) de se reunir à nouveau pour produire un album "comme au bon vieux temps" ? Ce mystère peut être qualifié de miracle. Restait à savoir si on assisterait également à un miracle musical...

Il ne faut, à dire vrai, pas plus de quelques secondes pour être rassuré. Comment, en effet, mieux commencer un album que par ce Come together scandé par John et magnifié par ses compagnons au sommet de leur art musical ? Et ce n’est pas le second titre, superbe composition de George, intitulé Something, ornée d’un solo de guitare d’une délicatesse inouïe qui peut altérer notre première impression. Deux chansons, deux classiques de la musique du XXe siècle, pas trop mal pour débuter un album...

Après une telle entrée en matière, il faut bien souffler un peu, et les deux morceaux suivants, bien que plaisants, peuvent être considérés comme les plus faibles de l’album ; il s’agit de deux compositions de Paul (qui se rattrapera par la suite), la première s’appelle Maxwell’s silver hammer et il semblerait que le marteau en argent de Maxwell tape sur les nerfs de certains, malgré (ou plutôt à cause d’) une mélodie très (trop ?) efficace. Question de goût.
La seconde, Oh darling, est une composition honnête, sans plus, dans le style rock/slow des années 50, et Paul a beau s’évertuer, de sa plus belle voix éraillée, à en faire une grande chanson, il n’y parvient pas tout à fait... Il n’est toutefois pas impossible de s’y laisser prendre.

On passe ensuite à la chanson de Ringo (Octopus's Garden), à la différence de Oh darling, cette composition du batteur du groupe, assez banale à la base, est vraiment transcendée en passant au moule magique Beatles, George, Paul et John s’employant avec succès à enjoliver ce morceau de leur vieux copain Ringo (George l’a même un peu aidé à le terminer) : écoutez-moi ces chœurs, ces solos de guitare de George, n’est-ce pas réjouissant ?

Si toutefois certains rechignent encore après ce titre de Ringo, qu’ils en profitent, car ils n’auront plus l’occasion de faire la fine bouche ensuite.

En effet, de I want you (blues puissant de Lennon qui clôturait la face A du vinyle), jusqu’à la dernière seconde du disque, il n’y a rien à redire, chaque note est la bienvenue : une demi-heure de bonheur musical ininterrompu !

Citons pour le plaisir quelques perles extraites de cette rivière de diamants : Here comes the sun composée dans le jardin d’Eric Clapton par un George décidément brillant, ou encore Because de John, inspiré par la sonate au clair de lune de Beethoven et chanté magnifiquement à 3 voix par John, Paul et George. Le résultat est à la hauteur de ce qu’on pourrait espérer d’une composition Lennon-Beethoven dans nos rêves les plus fous !

Il serait injuste de ne pas mentionner également You never give me your moneyentonné par Paul de nouveau en état de grâce. Cette superbe composition de McCartney est le point de départ d’une suite musicale où s’enchaînent sans le moindre arrêt des bouts de chansons inachevées de Paul et de John reliés et arrangés avec une grande intelligence musicale par George Martin et Paul McCartney lui-même : l’art d’accommoder les restes pour en faire un festin, pour reprendre l’expression de l’auteur Mark Heestgard.

L’album se termine par un morceau baptisé assez judicieusement The end dont la dernière phrase, qualifiée de cosmique par John Lennon, mais écrite et chantée par Paul McCartney dit, en substance, qu’au final, l’amour que vous recevez est égal à l’amour que vous donnez ("And in the end the love you take is equal to the love you make"). Cette équation qui résume à elle seule les rapports humains peut s’appliquer aux Beatles eux-mêmes qui ont offert à l’humanité le plus colossal apport musical en huit ans d’enregistrement et en ont retiré le succès le plus colossal de l’histoire de la musique.

Mais c’est par une toute petite chanson rigolote sur la reine que les Beatles décident de tirer leur révérence car, alors que l’on croit le disque terminé, Paul revient après quelques secondes nous en pousser une petite dernière accompagné seulement de sa guitare, comme pour nous dire que tout ça, finalement, ce n’est pas sérieux, c’est juste pour s’amuser... (il inaugure ainsi sans le vouloir, avec 30 ans d’avance la mode des morceaux cachés, ah quand on est un précurseur, on ne peut pas se refaire !).

Ainsi s’achève la carrière des Beatles avec ce disque inspiré, brillant, lumineux, mais qui ne se prend pas au sérieux.

Un disque miraculeux, bien à leur image finalement, qui met fin de la plus belle manière qui soit au miracle Beatles.

Les autres gens / Thomas Cadene

La bedenovela de Thomas Cadene continue de distiller ses secrets et ses révélations. La fin approche et le plaisir est toujours là.

On ne se lasse pas de l'idée folle de Thomas Cadene, grand chef du site Les Autres Gens, ordonnateur des dessinateurs qui s'approprient l'étonnante aventure de Mathilde et d'Hippolyte, les gagnants d'un loto exceptionnel.

Sur son site il a confié la narration de sa saga à des dessinateurs différents, ravis de plonger dans le quotidien plus ou moins "normal" des Autres Gens. Les problèmes de tous les jours y sont traités. Avec intelligence en plus. Une pointe de thriller a fait son apparition avec la famille d'Hippolyte, nid de guêpes qui pourrit la vie de tout le monde autour d'eux.

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Louis est l'homme à abattre mais c'est aussi le plus puissant, le plus nuisible, le plus retors. Dans ces nouveaux chapitres,  son plan se devine un peu plus mais il semble aussi lui échapper quelque peu.

Face à lui, la famille de Mathilde continue de gérer les soucis de chacun. Pour le frère de Mathilde, c'est toujours aussi compliqué. Les parents découvrent la liberté. Pour Mathilde, l'achat et la reconstruction d'un village avec son chéri l'occupent. Leurs copains vivent des histoires d'amour, compliquées mais désormais proches de nous.

Cadene tisse un lien entre le lecteur et ses nombreux personnages. Le feuilleton est abracadabrantesque mais encore palpitant. C'est bientôt la fin mais franchement on est très triste que ça s'arrête.

#12 #13
Dupuis - 360 pages

My Sweet Pepper Land

Pimentez votre soirée d’une savoureuse comédie douce amère kurde. Au risque d’être pris d’une furieuse envie de prendre le maquis en sortant !

« Pepper land » c’est un bar au cœur d’un village du Kurdistan irakien. Tantôt auberge tantôt salle de tribunal, il sert de lieu de discussion comme de scission. Entourés des montagnes rocailleuses, les villageois subissent l'oppression d’un tyran local. Mais c’est sans compter la venue de figures de résistance. Baran, shérif garant du respect de la loi est incarné par Kormaz Arslan. Son regard perçant va rencontrer celui de Govend, une institutrice déterminée, sous les traits de l’actrice iranienne Golshifteh Farahni, sublime. Ils vont lutter ensemble contre l’ordre établi. Pour s'aimer comme leur cœur les y invite.

Dans une ambiance western à la croisée des plaines de Turquie, d’Iran, et d’Irak , Hiner Saleem nous fait rire mais aussi réfléchir. Quel sens donner à l’honneur, à la chance, aux traditions? Les paysages sont superbes, l’interprétation très juste. La portée à l’écran de la naissance d’un semblant d’autonomie pour le Kurdistan irakien vaut à elle-seule le détour !

Au doux son du hang, cet original instrument suisse à percussion crée en l’an 2000, le film transporte. On découvre une réalité romancée : l’obscurantisme tenace dans la région, l’étouffante emprise des hommes sur les femmes, sœurs, filles. Combattantes, elles suscitent l’admiration.

Produit par Robert Guédigian, My Sweet Pepper Land est une pépite venue d’Asie centrale. Les personnages féminins d’insoumises inspirent respect et courage. Du cinéma vibrant d’émotion sincère.

Holy Ghost / Marc Ford / Naim Label – 2014

Un ancien Black Crowes continue son bonhomme de chemin dans le monde merveilleux du blues rock. Petits moments de grâce.

Marc Ford a peut être brûlé ses ailes durant son passage au sein du mythique groupe d'Atlanta, les Black Crowes. Guitariste surdoué, il a dû supporter les excès en tout genre des frères Robinson, aussi bien d'un point de vue musical que dans la vie trépidante de stars du rock'n'roll.

Sa participation aux chefs d'oeuvre des Black Crowes prouve en tout cas la valeur du musicien, qui un beau jour a voulu s'échapper de cette vie pour le moins toxique et repartir sur les solides bases du blues.

Ses premiers albums sont discrets mais sympathiques. Ensuite il multiplie les collaborations et Ben Harper lui fait confiance sur quelques albums et tournées. En attendant, le fougueux devient sage et Holy Ghost révèle un chanteur sensible et un amoureux de l'harmonie.

Holy Ghost refuse tous les excès. Les amateurs de riffs stridants vont être déçus. C'est un disque de rock zen, serein, qui rappelle la dernière période de JJ Cale. C'est un album introspectif où tout est pesé et réfléchi. D'une délicieuse délicatesse. Un disque de vieux dans le bon sens du terme. Le visage marqué du musicien sur la pochette prouve qu'il se livre sans fard, sans esbroufe, juste avec quelques accords rocailleux et admirables.

C'est un peu un rock de survivant. Sorte de Droopy du grand barnum du rock'n'roll, Marc Ford se livre enfin sans détour. Abîmé mais sincère. Ce n'est pas un fantôme. C'est un passionné du blues! Il partage avec ce disque sa passion avec une générosité éclatante! Amen!

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