Le projet Bleiberg / David S.Khara

Un polar haletant avec en prime un savant fou comme on n'en fait plus.

Ce livre se dévore à toute vitesse. David S.Khara connaît les ficelles et termine ses chapitres avec des climax un peu honteux mais qui nous poussent à tourner rapidement la page. Ca ne fait pas dans la nuance mais on est pris par son texte.

Un incroyable complot autour d'un secret nazi où un banquier dépressif se retrouve coincé entre un agent secret israélien, une garde du corps sexy et des assassins qui lui courent après. Ca se bastonne sévère dès que les héros freinent la course pour découvrir ce qu'il se trame. Alors ils foncent. Tout cela parce que le vieux père du héros a sacrifié sa vie pour cacher un sinistre secret...

La vie de ce pauvre type était faite de cuites, de culpabilité et d'excès en tout genre. Il est obligé de traverser l'Atlantique pour faire la lumière sur tous les meurtres qui se multiplient autour de lui... Ce n'est pas nouveau mais le livre ose tout avec une certaine décontraction.

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Rapidement, la science est au coeur du sujet et l'auteur fait renaître une figure du mal que l'on avait un peu oublié: le savant fou. Le vrai. Celui qui veut contrôler le Monde avec des idées aussi farfelues que dangereuses.

Fu Manchu pourrait retrouver le sourire (jaune) devant cette lecture: le génie du Mal megalo et taré a encore de beaux jours devant lui et pourrit avec délectation la vie des protagonistes de cette aventure trépidante. C'est carré. Abracadabrantesque. C'est tant mieux pour une lecture pleine de panache et dont on n'attendait rien.

Mein Sohn William / Every Day In Every Way

Deux musiciens français foutent le bordel dans la chanson. Ces garnements sont dorénavant nos chouchous!

Non, il ne s'agit pas d'un groupe obscur allemand! Derrière le doux nom de Mein Sohn William se cache le doux dingue Dorian Taburet, un drôle de type qui a une idée assez minimaliste de la musique et propose une certaine radicalité au niveau de ses compositions. Son approche de la musique est pour le moins artistique. C'est résolument avant gardiste. Mein Shon William doit faire de "la performance", une spécialité!

D'abord seul, Dorian Taburet a accueilli ensuite un autre joyeux saltimbanque, amateur de sample et de bidouillages en tout genre, Antoine Bellanger. Ensemble Mein Sohn William approche encore un peu plus de l'expérience sonore que la musique standard. Avec eux tout saute!

On ne va pas s'en plaindre. Depuis quelques temps, des groupes comme GaBLé ou Hoquets, ont la ferme intention de ne rien respecter, au prix du bon goût, la bienséance et de toutes les normes. Vos oreilles ont besoin d'un temps d'adaptation mais ensuite c'est un vrai régal.

Car les deux zozos sont d'incroyables artistes, qui trouvent dans la simplicité, une vraie énergie débordante et communicative. L'adjectif "original" leur va très bien. En quinze chansons et une trentaine de minutes, il compose et fabrique une petit univers pop convaincant, délirant et pas si foutraque que ça!

C'est résolument barré mais ca ne part pas dans tous les sens. La liberté ne veut pas dire faire n'importe quoi! Le duo s'applique à trouver des mélodies accrocheuses dans leur folie d'apparence. Les arrangements sont vintage mais la construction est réelle et assez impressionnante (la très courte afropop Avoid ou l'hypnotique Famille).

L'album est plus qu'une surprise. Il faut y revenir pour y découvrir ses petits secrets et ses bonnes surprises. C'est une belle déocuverte qui doit prendre toute son ampleur sur scène. On a hâte. Un disque qui donne envie de sortir ne pas être un mauvais disque!

Ici d'ailleurs 2014

The amazing Spider-Man 2 / Marc Webb

Vous vous souvenez de Superman 3 où Richard Pryor faisait atterrir l'Homme de Fer sur la planète "Gros nanar farfelu"? L'acteur noir américain livrait une performance venue d'ailleurs dans le monde des super héros. Grâce à lui, toute la franchise fut coulée. Le genre super héros a eu du mal à éclore après cet "événement". En 2014, c'est Jamie Foxx qui accroche l'homme araignée dans la zone rouge du nanar!

L'acteur de Ray rend hommage à Richard Pryor en reprenant quasiment le même rôle: un ingénieur marginal. Lorsque ce dernier se fait mordre les fesses par des murènes génétiquement modifiées (dans le Spider Man précédent, c'était un lézard), il devient un homme électrique qui ressemble pourtant à une version sous haute tension de Schwarzie en homme glaçon dans le très mauvais Batman & Robin (un chef d'oeuvre pour les drag queens me signale t on).

En méchant de service, il n'est pas très crédible. Tout comme Dane DeHaan, sosie officiel de Leonardo DiCaprio et acteur intéressant, complètement largué dans le rôle d'Harry Osborn, héritier malade d'une compagnie financière et scientifique, ancien meilleur ami de Peter Parker et néo bouffon vert peu intéressant.

C'est toujours Andrew Garfield qui interprète Spidey et il s'en sort pas mal en jouant l'adolescent qui ne veut pas grandir (il a une coupe comme les One Direction) mais qui va payer cher son insouciance. A coté de lui, Emma Stone continue de concourir au prix du regard le plus langoureux de l'industrie hollywoodienne. On oublie quelqu'un? Ha oui, l'excellent Paul Giamatti fait une apparition tellement ridicule que l'on se demande si le fisc n'est pas à ses trousses pour oser une telle performance.

Sinon la ville de New York joue toujours aussi bien. Décor épatant pour les envolées du tisseur!

Le commentaire se limite aux comédiens puisqu'il n'y a pas grand chose à raconter. Le scénario place des pions pour les prochaines productions Marvel. L'histoire alterne entre chamailleries amoureuses et bastons homériques. C'est du cinéma mécanique, sans âme, sans volonté et sans surprise. Dans le monde bien fourni des héros masqués , on a déjà vu pire mais notre ami Spider-Man est de moins en moins "amazing"...

Avec Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx et Dane DeHaan - Sony Pictures - 30 avril 2014

London Western / Coffees & Cigarettes / Tekini records

Album concept, London Western ne veut pas faire comme tout le monde mais ne défend peut être pas assez son ambition première.

Car lorsque l'on convoque le décor de Whitechapel, les légendes urbaines de l'époque victorienne, on a intérêt à assombrir les textes, plomber les espoirs et se marquer d'une écriture noire. Ce qui n'est pas le cas de Renaud Druel, auteur de ce projet multimédia.

Ne nous trompons pas: London Western est un disque à découvrir. Il y a de très belles chansons et Renaud Druel a des idées intéressantes. Un album concept reste une aventure. Il mélange les styles entre rap et rock, avec des textes plutôt élégants. Il ne choisit pas la facilité et c'est toujours bon signe pour la suite.

Mais le titre du disque et même du groupe trompent un peu sur la marchandise. Même la pochette ne reflète pas vraiment l'ambiance. Il n'y a rien de toxique ou de spectaculaire. Avant même l'écoute, on pense à Jim Jarmusch ou Terry Gilliam.

On veut voir des cadavres dans une impasse, des flics pourris, des putes désespérées, de la noirceur dans chaque coin. Et peut être une poésie au ras du bitume. Sur disque, cela ressemblait à la promesse du groupe.

Rien de tout ça. Les orchestrations sont trop habiles. Le son - sans être péjoratif - est trop clair. La musique est légère alors que l'on s'attendait un esprit bd un peu moins évident. C'est une relative déception car Renaud Druel sait écrire des chansons inédites par le style défini comme du Hop'n'roll.

Le décalage entre le fond et la forme se creuse au fil de l'écoute mais on est ravi de se promener dans des contrées inédites. On apprécie les ruelles visitées par le groupe. Ces petits Français ont le goût du risque et de l'aventure, c'est assez rare pour ne pas être souligné ici!

Childhood Home / Ben & Ellen Harper / Universal

Ca ne fait pas très rocker de faire un disque avec sa petite mÔman, non?

Ben Harper est une star du rock. Génie de la six cordes, il a tout de suite été populaire. Son succès fut largement mérité. Il s'est imposé à un croisement des chemins entre le blues, le rock, le reggae et toutes les musiques noires traditionnelles. Difficile de lui reprocher une faute de goût ou une ambition folle! Passionné, ce type a conquis le Monde entier!

Pourtant depuis quelques temps, il se fait plus discret. Il fabrique des disques selon songoût et ses envies. Plus besoin de démontrer sa toute puissance musicale et sa virtuosité. Il invite ses héros. Peu connus et souvent aussi doués que lui. Il a produit pas mal de potes et maintenant il chante avec sa petite maman!

Un sacrilège dans le monde du rock'n'roll! Peut on imaginer un message aussi ringard dans le grand barnum du rock et de l'industrie musicale? A quand Ozzy Osbourne et sa nounou? Marilyn Manson et sa génitrice? Ben Harper a t il perdu les pédales -wah wah - ?

Ben Harper a évidemment une mère pas comme les autres. Un type aussi brillant ne pouvait pas avoir une simple ménagère qui retend les petites guitares du fiston? Madame Ellen Harper dirige le Folk Music Center & Museum, fondé par ses parents. Ceci explique en grande partie le talent de Ben Harper!

Elle aussi touche à tous les instruments et compose des chansons sèches et folk. Quatre chansons sont écrites par Ellen et on ne les reconnait pas de celles écrites par le fils! Ben & Ellen Harper se font une réunion de famille sur galette! Le disque est donc chaleureux, doux et amoureux.

Ben a débranché sa guitare. Le son acoustique est de rigueur dans la maison familiale, simple et accueillante! On s'imagine devant le feu de cheminée, avec un bon chocolat chaud ou dans le jardin avec les enfants dans l'insouciance générale!

La simplicité fait plaisir à entendre. Le foyer familial est fait de vieilles traditions agréables, entendus mais jamais réactionnaires ou rétrogrades. Pas de révolution mais une vraie tendresse musicale se cache dans cet album.

En tout cas, ce sont des chansons douces que chanteraient ma maman, hélas, ni elle ni moi sommes doués pour la guitares!

A new day / Winston McAnuff & Fixi – réédition 2014 / (Chapter Two / Wagram Music)

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Un très bel album de reggae 

On a découvert Winston Mc Anuf en France en 2007 quand celui-ci apparaît pour la première fois avec la formation musicale de Java. Depuis de l'eau a coulé sous les ponts. R-Wan a continué sa route hors Java avec Camille Ballon et Radio Cortex. Fixi a rejoint Winston. Camille Ballon est toujours là dans les deux projets, sous le nom désormais de Tom Fire. Et voici the album.

L'album qui fait du bien par où ça passe. Léger comme l'air, dansant, et surtout créatif. On sort du traditionnel combo orgue, guitare, basse, cuivre qui a jalonné des décennies l'histoire du reggae. Ni Dub, ni traditionnel, la présence de Fixi à l'accordéon apporte incontestablement une couleur planante à l'ensemble, Wha Dem Say est magnifique. L'album est à la hauteur de la présence de Winston. Pas une scène où le jamaïcain ne parvient à conquérir le public. L'aura d'un sage trublion de la musique qui sait alterner rythme paisible presque trip-hop avec le citadin et malheureux - Johnny- et cadences joyeuses dans le titre qui ouvre l'opus : Garden of love.

-M-, Cyril Attef, Tony Allen sont passés par là. Le voyage fonctionne, les variations sont là. Alors on veut bien croire Winston qui clame Its' a new day. A new reggae, créatif et somme toute assez classe. C'est à la fois mélancolique et frais, on plane à l'écoute. La chaude voix de Winston rasssure. La réédition propose quatre chansons de plus : un bon gros after-beat sur Jah is all we've got  qui devrait faire sautiller les foules dans les festivals de l'année où le groupe est programmé joliment mixé, alors que Sankara apporte une note afro-cubaine. L'album finit sur Strange, un Dub jazzyL'ensemble est très réussi. A connaître et à voir en concert.

 

https://www.facebook.com/winstonmcanuff

JIMI 2014

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La JIMI (Journée des Initiatives Musicales Indépendantes)

Vendredi 10 et samedi 11 octobre 2014

Ivry-sur-Seine (94)

 

Ouvert au public comme aux professionnels, la JIMI est également l’occasion, pour les indés, de faire (re)découvrir leurs projets et parfois de trouver de nouveaux partenaires.

La JIMI accueille ainsi, chaque année, entre 100 et 160 exposants.

Depuis 2007 la JIMI a, déjà, accueilli plus de  850 exposants indes dont : Underdog Records, Guerilla Asso, Jarring Effects, Mondomix, l’Autre Distribution, Les Barrocks,Les Boutiques Sonores, Le Calif, CD1D, Concertlive.fr, Ferarock , Fraca-Ma, Gonzai, Goéland Distribution, Hammerbass, Infoconcert, Kicking Records, Fréquence Paris Plurielle, Crash Disques, Kronik, Life Live, Longueur d'Ondes, Madame Macario, Monster K7, Otoradio.Com, la Station-Service, la Triperie, Vacarm, Yokanta, A Quick One Records, AssoYouz, Irfan, Makasound, PatateRecords, Radio Néo, Clapping Music, Francofan,...

 

La réservation des stands, pour l'édition 2014, est maintenant ouverte.

 

Plus d'informations : https://www.facebook.com/jimi.festivaldemarne - http://www.jimifestivaldemarne.org/

Arthur H et Nicolas Repac / 20 et 21 mai 2014/20h au centquatre à Paris

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Arthur H et Nicolas Repac

Le Rouge et Le Noir

lectures musicales - événement: une soirée, deux spectacles

20 et 21 mai 2014/20h au centquatre à Paris

 

A ne pas rater les 20 et 21 mai au centquatre à Paris, deux soirées exceptionnelles de lectures musicales avec Arthur H et Nicolas Repac intitulées Le Rouge et Le Noir. Arthur H et Nicolas Repac ont conçu ensemble L'Or Noir, voyage sensoriel autour de la poésie créole contemporaine, d'Aimé Césaire, chantre de la négritude, au contemporain Dany Laferrière en passant par le regretté Edouard Glissant. L'occasion de sonder la part noire de deux musiciens assumant allègrement des identités métisses. Pour L'Or d'Eros, tous deux rendent hommage aux auteurs les plus libres et les plus sulfureux du XXe siècle. La musique de Nicolas Repac oscille entre les largesses symphoniques et les grooves sexuels‐mathématiques, tandis que la voix d'Arthur H effleure le chant pour produire une hypnose sensuelle.

Supernova / Ray LaMontagne / RCA – 2014

Depuis dix ans, Ray LaMontagne nous fait grimper sur les sommets d'un psychédélisme révolu et folk. Ses disques font respirer et nous transportent. Supernova confirme.

Il a souvent un look de bûcheron un peu hippy. Il a une grosse barbe très à la mode et une guitare en bandoulière. Il enregistre dans une petite maison perdu dans la nature. Il vient d'une famille un peu nomade. Raymond LaMontagne a tout pour être un héros mystique de la musique américaine.

Et c'est arrivé avec Trouble en 2004. Les Fleet Foxes et The Black Keys ont cartonné ensuite mais Ray LaMontagne est un pionnier dans ce revival du son sixties, ses douces utopies et ses harmonies pleines d'échos.

Dix ans plus tard, Ray LaMontagne s'est justement lié d'amitié avec Dan Auerbach, l'un des Black Keys et producteur très à la mode. Ces deux là remontent le temps avec un goût certain et assumé pour le vintage.

C'est la force de LaMontagne. C'est sa philosophie depuis ses débuts. C'est un musicien qui se tient à ce qui l'aime. Il ne s'aventure pas trop dans les expériences différentes. Il ne peut pas renier sa musique. Son style est rétro mais ca lui va tellement bien.

Sa voix se promène entre soul et folk et s'éraille sans nostalgie. C 'est ce qu'il y a de bien chez ce chanteur: Il a tellement baigné dedans quand il était jeune qu'on ne peut pas l'accuser d'opportunisme. Sa musique est chaleureuse. Elle donne l'envie de mettre une chemise de bûcheron et se promener dans la nature, dans la forêt ou ailleurs. Il y a un lyrisme boisé dans ses compositions.

Supernova ne l'élève dans une nouvelle galaxie. Aucune révolution est au programme mais LaMontagne est certainement une étoile brillante...

The Duke Ellington Orchestra / Grand Rex / Avril 2014

Quelques messieurs trop tranquilles… mais très doués !

Sans faire dans la rhétorique du « c’était mieux avant », un bon vieux big band qui reprend des grands standards du Duke ne peut pas être une mauvaise chose. La nostalgie ou la mélancolie entrainent souvent des courants réactionnaires mais ce que propose le Duke Ellington Orchestra, c’est un voyage soyeux dans ce jazz espiègle et enchanteur.

Dès les premières notes, on s’attache à cette quinzaine de musiciens qui ressemblent pour la plupart à des bons pères de famille ou des professeurs malins. Ils emballent toute l’audience avec un Take a A train fantastique, d’un classicisme devenu inhabituel. Ce sera la locomotive suivie de wagons tout aussi prestigieux!

Thomas James, pianiste nonchalant présente chaque chanson avec une gourmandise évidente. Il nous transporte avec son orchestre vers un jazz d’une élégance imperturbable, entre blues primitif et arrangements orchestraux !

C’est fait avec une bonhommie rassurante. Ils enchainent les morceaux avec une technique irréprochable : les lignes de trompettes répondent aux tubas et aux saxophones. Un batteur guette le rythme et un gentil bassiste assure une bienveillance musicale qui fait plaisir à entendre. Les musiciens jouent pleinement la complicité artistique.

C’est certes du jazz «de papa »  mais c’est magnifiquement exécuté. C’est ludique, drôle et même envoutant. Pas de fausse note. Pas de faux pas. Ce sont des pros, obsédés par la rigueur et les particularités du Duke, star durant les années de crise. Cette musique a en effet la qualité de vous faire oublier les soucis et les oiseaux de mauvais augure. En survivant à son créateur, ce big band prolonge la magie… Old but good!

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