Art-scène, Théâtre

L’Incroyable Épopée de François 1er, Rémi Mazuel et Alain Péron, Contrescarpe

Chacun a une image qui lui vient à l’esprit à l’évocation de François 1er. Il y a d’abord la salamandre, qui avait paraît-il des pouvoirs magiques et que l’on retrouve dans ses châteaux de Fontainebleau et Chambord. A Fontainebleau, sa salle aux plafonds magnifiques est, elle, éblouissante. Bien sûr, il y a aussi la fameuse date de1515, (Marignan) qu’on a tous appris à l’école.

Ce spectacle étonnant nous emmène dans un voyage à travers la vie de cet incroyable personnage, attaché à la France et à notre langue, comme aux lettres et aux arts. Il a d’ailleurs invité Leonard de Vinci. Et puis, comme d’autres rois (beaucoup d’autres rois), il aimait la guerre et les femmes. Un monarque incroyable et dont cette pièce retrace de façon précise et enlevée la vie riche et mouvementée.

Rémi Mazuel, qui interprète le souverain, a un point commun avec lui. Car, si le roi mesurait 1,98 m, l’artiste atteint 2,20 m. Son parcours professionnel est riche et varié : comédien, auteur et metteur en scène. Par ses déplacements sur scène, la puissance de sa voix, les expressions de son visage, on croit voir ce roi qu’on n’a jamais vu.  Et de cette épopée royale, il fait une comédie audacieuse mais qui sonne toujours juste. Les décors évoquent une bande dessinée jolie et colorée, les costumes réussis et aux couleurs seyantes (surtout pour les belles robes) ajoutent une touche plaisante à l’œuvre.

Les clins d’œil nombreux (ah, l’amusante fausse barbe de Leonard de Vinci) ajoutent à L’Incroyable Epopée de François 1er une belle touche d’humour.

La grande silhouette souple de Romain Mazuel, sa façon de se mouvoir, ses phrases légères et sa manière bien à lui d’interpréter ce grand roi est troublante. On peut imaginer que François 1er ressemblait un peu à ce personnage.

Précision : le comédien est aussi metteur en scène et co-auteur de ce texte truculent sans temps mort.

Les autres comédiens sont étonnants, jouant avec brio plusieurs personnages historiques, qui parviennent tous à nous faire rire. 

Fanette Jounieaux-Maerten, qui interprète Marguerite de Navarre, la sœur du roi, réussit la prouesse d’être également Marie Tudor, Léonard de Vinci et la duchesse d’Etampes. Marguerite de Navarre a tenu un rôle très important auprès de son frère, et la comédienne, avec son port de tête à la Edwige Feuillère, lui donne de l’épaisseur et nous laisse aussi imaginer ce que fut cette femme pour le roi.

Fanette Jounieaux-Maerten n’en est pas à son coup d’essai.

Avoir mis en scène le fameux Voyage avec un âne de Stevenson et avoir chanté dans La fille de Mme Angot sont d’autres cordes à son arc. 

Corentin Calmé est également un comédien au parcours éclectique et riche : passer de Molière à Musset, certes c’est classique mais tenter ensuite M. Lepic dans Poil de carotte éveille la curiosité. Lui non plus n’hésite pas à se mettre dans la peau de plusieurs personnages, en l’occurrence Charles Quint et surtout un abbé, un de ceux – très écoutés – qui jouaient un rôle de conseil autrefois. Il pourrait en faire trop mais ce n’est jamais le cas. Nombre de prêtres sont interprétés de manière exubérante ou sombre, trop de gestes, trop de phrases ou presque rien. Ici, le comédien a trouvé le ton juste.

Quant à Anaïs Alric, polyvalente est le premier adjectif auquel on pense. Tout d’abord dans L’Incroyable Epopée de François 1er.  Louise de Savoie, Henri VIII, Peperona et Jacques Cartier ? C’est elle. Et quoi d’autre voyons ? Les costumes et la scénographie de la pièce, c’est encore elle. Tout simplement. 

Et avant ? Oh, rien qu’une vingtaine de pièces, des tournées à l’étranger… En tant que metteur en scène, adaptatrice et comédienne. Forcément, elle crève la scène, elle est là, et bien là, Louise de Savoie, la maman de François et Marguerite protectrice, jalouse, inquiète aussi. Vive, présente, elle a une palette d’expressions riche, du grand rire à la contrariété. Et quand elle incarne Jacques Cartier, ses gestes, ses expressions sa façon d’être font frissonner. Ou rire. 

Prolongations jusqu’au 24 juin 2024
Théâtre de la Contrescarpe – 5, rue Blainville 75005 Paris
Une comédie historique de Rémi Mazuel et Alain Péron
Avec Anaïs Alric, Corentin Calmé, Fanette Jounieaux-Maerten, Rémi Mazuel
Durée : 1H20 | De 12 à 35 €

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