Qui fait le clown pour Genesis?

Via Sophiatown, VIA KATLEHONG DANCE

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Rien n’est impossible. Les larmes, les éclats de pleurs étaient à l’époque des éclats de rire. C’est l’avant apartheid que l’on veut nous compter. La compagnie de danse, Via Katlehong Dance, nous raconte l’histoire de Sophiatown, quartier multiracial, avec émotion et puissance. (suite…)

Maléfique

Angelina Jolie a la tête de Greta Garbo. C’est la bonne idée de Maléfique. Aidée par un maquillage un peu spécial (signé par le grand Rick Baker), Angelina Jolie continue de brouiller les pistes autour de son statut d’icône ou de star au sex appeal affolant.

Elle était une petite actrice sexy, puis une militante humaniste, puis une croqueuse d’hommes, puis une actrice convaincante, puis une réalisatrice engagée, puis une maman dévouée etc. Désormais elle est une étrange créature de cinéma, habile mélange entre glamour et effet spécial. Bizarre vous avez dit bizarre ?

Elle est donc une Maléfique idéale. Une sorcière avec un cœur de fée. Après Blanche Neige, devenue une guerrière dans une adaptation live, c’est au tour de la Belle au bois dormant de se faire ripoliner dans une adaptation actuelle, ce qui veut  dire « qui lorgne du coté du Seigneur des Anneaux ».

Du conte, on retient à peine la structure pour faire de Maléfique, une véritable héroïne et la pauvre Aurore devient une jolie cruche jouer par la belle Elle Fanning et le reste du casting a l’épaisseur d’un fil de laine.

La star prend de la place et Maléfique s’empare de toute l’histoire. Autour d’elle, on bidouille de manière numérique des monstres rassurants et des armées colossales. Pourtant le film de Robert Stromberg, spécialiste des effets spéciaux, a très peu d’ampleur et aucun sens du récit. Les personnages sont creux tandis que les décors sont remplis de détails incroyables. C’est beau mais c’est complètement vide. On a bien du mal à s’intéresser à cette nouvelle interprétation du conte de Perrault. Angelina Jolie imite le style de Greta Garbo. C’est la bonne et seule vraie idée de Maléfique !

Avec Angelina Jolie, Elle Fanning, Sharlto Copley et Sam Riley - Walt Disney - 28 mai 2014 - 1h37

Painting

Indéboulonnable groupe anglais des années 90, Ocean Colour Scene propose toujours la même chose. Il a bien raison : leur pop est irrésistible !

Noel Gallagher est à la pointe de la hype. Jake Bugg remet la brit-pop au goût du jour. Blur fait des concerts monstres tous les ans. La nostalgie des 90s se fait sacrément ressentir en ce moment et Ocean Colour Scene fête son dixième album.

Chez nous ils sont méconnus, mais le groupe de Steve Cradock est une petite institution en Angleterre. Compagnons de route de Paul Weller et bons copains d'Oasis, OCS a connu des années 90 heureuses et glorieuses.

Tous les poids lourds de la brit pop se sont effondrés et OCS est resté solide même si son succès est resté surtout local. Aujourd'hui le groupe est un vestige. Inspirés par les années 60, les musiciens n'ont jamais changé leur écriture ou leur style.

Un pur produit britannique. Il y a donc dans ce nouvel album les brumes du psychédélisme, les plaisirs de Madchester et une passion évidente pour la pop la plus anglaise possible. Tous les lads du Royaume Uni peuvent se tenir par la main pour reprendre en choeur les hymnes électriques de OCS !

Parfaitement dosées, les chansons sont rapides, bien écrites et très musicales. Les influences sont variés et s'entrechoquent idéalement. C'est à la fois léché et super populaire. Le groupe prend du plaisir à brasser toutes les cultures (reggae, ska, rock, pop, tout y passe). Le disque rend heureux grâce à sa simplicité et son envie.

C'est un petit voyage au coeur de la musique britannique. Chaque titre délivre des petites richesses insoupçonnables à la première écoute.

Ce dixième album ne va pas augmenter la renommée du groupe mais en tout cas, il confirme tout le bien que l'on pense de lui depuis 1992 !

Sonik Kicks

Papy de la pop, Paul Weller signe un onzième album électrisant. Avoir les idées aussi larges à son âge force le respect.

C'est un joyau de l'Angleterre. Tous les amateurs de pop britannique le considèrent comme un papa bienveillant. En bon père de famille de la brit pop, Paul Weller continue de donner des directions. Elles vont dans tous les sens mais cela prouve sa très grande ouverture d'esprit.

Il ne se repose jamais sur ses lauriers et tente toujours de nouvelles choses. L'ouverture de son onzième album va dans ce sens: Green est un gros patchwork de sons indiquant l'effervescence qui habite encore l'ancien chanteur de The Jam.

Il y a deux ans, il "réveillait la Nation" avec un dixième disque étonnant: il continue à 53 ans à se renouveler sans cesse, avec panache et parfois quelques fautes de goût. Ce que l'on excuse facilement à un digne représentant du pays de Benny Hill et des Monty Python, des Spice Girls et des Beatles.

Effectivement Sonik Kicks semble partir dans tous les sens. Paul Weller fabrique un mur de sons avec le premier titre puis il semble y piquer ce qu'il veut pour une nouvelle collection de chansons typically british.

Il emprunte à Madchester des sons electro bien remuants puis il vole le lyrisme des grands chanteurs de Londres. Ses chansons absorbent toutes les traditions de la pop anglaise. Il en sort un disque flamboyant d'énergie.

Paul Weller a la voix un peu voilée mais il fascine par son utilisation magique de tous les styles, de tous les genres, de tous les talents (Noel Gallagher ou Graham Coxon font un passage).

En vieillissant il continue de créer un alliage de plus en plus envoutant et vraiment séduisant. L'icône anglaise ne s'encroute pas: il existe encore dans le monde musical !
Pas de redite ou de déjà vu ! Paul Weller explore et révèle une curiosité sans faille.

Les coups sont soniques pour l'auteur de "Wild Wood" : il vient de frapper un très grand coup avec ce maelström électrique !

Universal - 2012

Qui joue pour Pat Wilson?

N’éteins pas la lumière

La troisième enquête de Martin Servaz nous plonge dans un thriller à l’atmosphère étouffante.  Après Glacé et Le Cercle, Bernard Minier nous montre une nouvelle fois qu’il sait manier la plume et nos angoisses.

Un jour de mai dernier, un livre me tombe entre les mains. L’auteur est Bernard Minier, le titre du roman Glacé. Dès les premières lignes, l’enfer est là, sous nos yeux. La blancheur du paysage enneigée contraste avec le rouge du sang des victimes.  Les crimes commis rivalisent d’ingéniosité et d’horreur. Ajouté à ça, l’ambiance d’un hôpital psychiatrique niché au cœur de la montagne et vous êtes pris,  car Minier ne vous épargne rien.

Dans N’éteins pas la lumière, Servaz reprend du service pour enquêter sur un suicide. Officieusement. Du fond de sa retraite, mis en arrêt de travail, le policier en pleine dépression reçoit des indices, des photos, une clé… Et si le suicide n’en était pas un ? Et s'il n’y en avait pas qu’un ? Servaz doit remonter le temps.

Parallèlement, Christine Steinmeyer, journaliste radio, voit sa vie basculer le soir de Noël en ouvrant sa boite aux lettres. Un courrier annonçant un suicide a été déposé là.  Une erreur de destinataire ? Une plaisanterie ? Mais pour Christine, l’arrivée de cette lettre est le début du cauchemar. Les incidents s’accumulent, la paranoïa l’emporte sur la raison. Christine sombre dans la folie et le lecteur avec. Qui croire ? A qui se fier ? Pourquoi elle ? Pourquoi, tout simplement ?

L’auteur nous livre une nouvelle fois un grand polar. Si vous en avez assez des romans dont l’action se passe aux Etats-Unis et où les analyses ADN l‘emportent sur la réflexion des enquêteurs, Minier est là.

Avant, le thriller français comptait quelques grands noms, comme ceux de Jean-Christophe Grangé et Maxime Chattam. Aujourd’hui, nous pouvons ajouter celui de Bernard Minier.

éditions XO, 616 pages

Une nuit à Rome

romeJim est un auteur complet qui écrit sur des thèmes intimistes et contemporains. Quand il ne dessine pas il scénarise pour d'autres. Les relations de couple, l'amitié, sont des sujets qu'il aborde de façon intelligente et moderne.

L'adultère est une de ses grandes préoccupations. Peut-être à l'approche de la quarantaine? En fait, on est toujours dans la lutte face au temps qui passe et ce qu'il fait de nous. On pourrait plagier Clémenceau et reprendre cette fameuse maxime: "celui qui n'est pas révolutionnaire à 20 ans, c'est qu'il n'a pas de coeur, celui qui l'est à 40, c'est qu'il n'a pas de tête". Jim se pose cette question au niveau des sentiments et ce que nous en faisons avec le temps.

Il se questionne sous le mode: "Et si..." Son inspiration démarre du quotidien, d'une situation vécue. Il s'en empare, grossit les traits et en fait une fiction toujours vivante.

Ainsi dans "L'nvitation", mis en image par Mermoux pour les éditions Vents d'Ouest, Jim commence par nous interroger: SI un ami vous appelle à 3h00 du matin parce qu'il est en panne. Est ce que vous l'aideriez? Que repondre à ce coup de fil? Pour qui est-on prêt à faire cet effort et pour qui ne le ferions-nous pas? Mais l'intérêt du récit de Jim et aussi que l'on en vient inévitablement à se questionner dans l'autre sens.

Et si c'est moi qui étais en panne, je pourrais compter sur qui? Intéressant, non?

Dans "Une nuit à Rome" (2 tomes de 100 pages Editions Bamboo, collection Grand Angle), Il ne s'agit ici pas même de passer un week-end comme nous y invitait Etienne Daho dans les années 80-90, mais seulement une nuit.

La question posée par Jim dans ce récit illustré par ses propres soins, est la suivante: Et si votre ex petite amie, a qui vous aviez fait une promesse il y a 20 ans vous demandait de l'honorer. Le feriez-vous?

En effet, Raphael et Marie  fêtent leur 20 ans ensemble et se font la promesse de passer la nuit de leur 40 ans ensemble à Rome. Les années passent, Raphael fête ajourd'hui ses 40 ans et voilà que Sophia lui ramène un cadeau arrivé par la poste. Il s'agit d'une cassette vidéo. Oui, vous avez bien lu...

Un objet disparu depuis longtemps de nos radars. La soirée se passe en compagnie de leurs amis. L'un d'eux, qui est aussi un voisin a pu lui retrouver un magnétoscope. Une fois tout le monde parti et son amie couchée, Raphael visionne la cassette et découvre le film réalisé avec sa copine de l'époque. Ils ont 20 ans, couchés sur un lit, ils se filment en se promettant de se retrouver à Rome pour leur 40 ans.
Le lendemain, Raphael doit partir passer le week-end chez les parents de Sophia. Que va-t-il faire? Répondre à l'appel de ses 20 ans ou poursuivre sa vie loin de cette Marie qui lui a fait tant de mal à l'époque.

Je vous laisse découvrir la suite de ce récit très humain, qui est bien mis en valeur par le dessin et les couleurs de Delphine et Jim. L'intrigue est d'autant bien menée qu'elle commence par l'apparition d'une jeune fille, en Italie, qui se jette du haut d'une falaise. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir tout ce qui se passe autour de cette nuit romaine où chacun retrouvera peut-être ses propres renoncements ou des souvenirs...

Le Lieu Perdu

Le lieu perdu, premier roman tendu et hypnotique de Norma Huidrobo, enferme le lecteur dans un village du nord de l'Argentine à l'époque de la dictature.

Villa del Carmen a toujours été de ces bourgades pauvres du nord de l'Argentine que ses habitants désertent pour aller trouver du travail à Buenos Aires. Au milieu des années 70, Marita se sent bien seule de son âge dans les petites rues poussiéreuses et brûlante de son village. Elle n'a pas trente ans, tient une petite auberge où quelques habitués viennent se rafraîchir et elle échange une correspondance régulière avec Matilde, sa meilleure amie, partie quelques années plus tôt tenter sa chance dans la capitale.

Mais en ces temps troublés de dictature, l'arrivée de Ferroni, un homme à la solde des militaires, et sa quête de renseignements sur Matilde fait planer sur Villa del Carmen et sur Marita une menace sourde, plus étouffante encore que la chaleur accablante et la poussière épaisse. Sa seule piste : une lettre de Marita retrouvée chez Matilde qui s'avère être la compagne d'un "élément subversif". Ferroni a en tête de récupérer la correspondance reçue par Marita en espérant y trouver des éléments lui permettant de retrouver la piste du couple en fuite. Marita refuse. Jour après jour, la tension monte...

Premier roman d'une auteure plus familière de la littérature jeunesse, Le lieu perdu plonge d'emblée le lecteur dans une atmosphère languide et oppressante, huis-clos à ciel ouvert mettant aux prises quelques femmes déterminées et un tortionnaire bien décidé à mener à bien sa mission.

Si l'issue fatale de ce duel au soleil semble inéluctable dès les premières pages, les personnages sont beaucoup moins monolithiques qu'il n'y paraît au premier abord. La vie et les rencontres de Matilde à Buenos Aires, l'absence de vie sentimentale de Marita à Villa del Carmen, la chaleur et l'ennui qui font remonter à la surface les souvenirs enfouis de Ferroni, la détermination farouche de la vieille Natividad… sont autant d'éléments "perturbateurs" qui contribuent à l'intensité du drame qui se joue sous nos yeux.

Le lieu perdu, remarqué par les plus grands auteurs latino-américains, a reçu le prix Clarin en 2007.

218 pages - Liana Levi

Joël Fompérie

Du goudron et des plumes

Comme Riad Sattouf ou Joann Sfarr, Pascal Rabaté est d'abord un dessinateur. Il a un style. Il a une plume. Il a de l'humour. Son premier essai au cinéma, Les Petits Ruisseaux, est une adaptation d'une de ses oeuvres. Parce que le cinéma est un art différent, on lui excusait ses maladresses.

Le scepticisme est de rigueur pour son second film, Du goudron et des Plumes. Il ne mérite pas cette punition mais Pascal Rabaté a du mal à échapper aux conventions de la comédie sociale et humaniste. Alors, on aimera son casting soigné avec le trop rare Sami Bouajila et la trop séduisante Isabelle Carré.

On appréciera sa vision drôle et un peu excentrique de la famille. Mais on a bien du mal avec une production un peu légère et une réalisation assez platounette. Le film aurait pu être un téléfilm régional. Le coté champêtre a des bons cotés mais tout est un peu lâche, mal maîtrisé, comme si tout le monde était en vacances du coté de Montauban!

Pourtant on devine la passion des petites gens de la part de Rabaté. L'humanisme est réel mais il est moins convaincant que sur le papier. Le changement de support est vraiment dur pour le dessinateur. L'histoire est beaucoup trop sage ou prévisible. La torpeur peut mener à l'ennui...

Avec Sami Bouajila, Isabelle Carré, Daniel Prevost et Zinedine Soualem - Ad Vitam - 9 juillet 2014 - 1h30

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