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MAIRO – OMAR CHAPPIER – Monde libre (2023)

MAIRO aka Le cavalier sans tête , M A I R le légendaire, l’aventurier sans son aventurière, la patte brisée, la patte brisée, LEZGO BABY. Ce rappeur suisse originaire de Genève nous a sorti ce projet le 19 mai 2023, sous le label suisse créé par lui-même et son frère HOPITAL, Monde libre. 2 ans après son dernier EP Rougemort et un projet en commun avec son ami SLIMKA, Qui a volé le soleil ? Avec une cover d’EP magnifique : un cavalier sans tête dans le désert, œuvre du rétro-futuriste Dexter Maurer, MAIRO revient en force.

Aaaah, ce bon rap qu’on aime tant. L’artiste nous emmène directement dans son monde. Notre cher MAIRO fier de ses origines suisses nous a pondu une ode aux rimes "riches" , aux basses puissantes accompagnées de flows divers et variés grâce à son frère, producteur de l’EP, le mystérieux HOPITAL. De quoi nous réanimer avec en perfusion du rap comme on n'en fait plus. Tout au long du projet, des feat incroyables ne nous laissent pas d’autre choix que de se briser la nuque sur le rythme de la prod et un rap technique comme avec Implaccable , H JeuneCrack , Wallace Cleaver , NeS. Une compo qui honore ce rap qu’on aime, pas de refrain, juste ça rappe, sans état d'âme et dévoile l'étendue du talent. Une ode au rap francophone. MAIRO garde un œil sur le business, mais reste loin de l’industrie musicale et de ses vices, il veut garder son identité et continuer avec les siens. En toute indépendance et sans orgueil.

MAIRO déploie dans cet EP un véritable éventail de flows, de skills, des couplets incisifs. Il joue totalement entre la “new-gen” avec les différents feats et le rap oldschool en utilisant par exemple un sample d’Arsenik dans le titre “la mouche”, et n'hésite pas à évoquer un certain attachement politique et philosophique, en terminant le titre par une citation de l'écrivain Ousmane Sembène, personnalité connue pour ses partis pris militants pour l’indépendance du Sénégal “Pourquoi voulez-vous que je sois comme le tournesol qui tourne autour du soleil ? Je suis moi-même le soleil. ».

Quel EP ! Vous vous amuserez des commentaires de l'artiste alternés avec des prods puissantes qui laissent place à un rap sévère,  riches de rimes techniques et de ses invités qui honorent le projet. Un opus parsemé d'excellentes mélodies efficaces qui rentrent en tête instantanément. Pour ceux qui ont eu la chance de le voir plusieurs fois en concert et ceux qui ne l'ont pas encore vu, ne le manquez pas : une bête de scène. La foule est rapidement captivée et emportée par des titres qui sont devenus des classiques. MAIRO n'hésite pas à faire des références à ses anciens projets.

A découvrir !

  • Crack Crack :

“ Bientôt j'écris vos textes
  Bientôt j'écris vos textes, les rappeurs faites moi confiance (hmm)
  Avec moi dans la boucle
  T'as du feu dans la bouche
  (C'est nous on donne les nouveaux prices) ”

  • 2 jackets :

“ J'ai soufflé dans mes mains
  Et j'ai mis ma veste
  J'ai l'front à Doja Cat
  Mais j'suis chaud comme deux jackets
  J'ai pas assez d'billets
  J'suis comme le fer, j'vais pas m'laisser plier
  Dieu distribue, les hommes se servent ”

Vjeran Tomic : l’homme-araignée de Paris – Jamie Roberts – Netflix (2023)

Anatomie de la misère humaine. Le documentaire de Jamie Roberts est actuellement sur Netflix. Splendeur, misère et pieds nickelés au programme !

En mai 2010, cinq tableaux de maître sont volés au musée d’Art Moderne de la ville de Paris en une nuit. Le Pigeon aux petits pois, de Picasso, La Pastorale, de Matisse, L'Olivier près de l'Estaque, de Braque, La Femme à l'éventail, de Modigliani et Nature morte aux chandeliers, de Léger. La valeur estimée de l'ensemble de ces toiles diffère selon les sources : 100 millions d'euros selon la direction du musée, 500 millions d'euros selon le parquet de Paris. Le voleur n’est autre que Vjeran Tomic, dit l’homme-araignée. Le documentaire revient sur l’événement raconté par le voleur lui-même.

Le scenario a tout d’un Arsène Lupin ou d’un Agatha Christie. Quel est donc cet homme-araignée de Paris qui a fait ce casse historique ? Et pourtant… Rapidement, on se sent très mal à l’aise devant un Vjeran filmé face caméra qui raconte avec un langage qui ferait passer Audiard et Frédéric Dard pour des Précieuses comment depuis son enfance il a malgré lui basculé dans la délinquance. A sa décharge, Vjeran vit dans un milieu familial où la violence fait partie du quotidien. Précarité. Son père bat sa mère et le bat régulièrement. Il décroche scolairement, s’engage dans l’armée où il performe mais dès son retour dans la vie civile, il bascule de nouveau dans la délinquance en volant des autoradios puis en décidant de s'attaquer aux biens des riches habitants du triangle d’or de Paris et du 7e.

L’homme est une force de la nature et enchaine les exploits physiques pour aller détrousser les riches en gravissant les façades et en passant de toit en toit, avant même les acrobates de Parkour d’aujourd’hui. Il s’introduit la nuit chez les gens pendant leur sommeil et prend bijoux, tableaux. Il raconte son stress en grimpant, son émotion quand il s'agit de fouiller les chevets à proximité des dormeurs. L’homme à la mine patibulaire - mais presque 😉 - sourit et s’amuse devant la caméra des vols commis. La fierté et la désinvolture qui se dégagent du personnage étonnent. L’argumentaire développé contre les riches peine à convaincre et on en vient à douter de la pertinence du reportage, du focus fait sur le voleur plus que sur les victimes ou sur la police. Vjeran raconte la vie de délinquance et de l’argent facile, des fêtes et de la prostitution. Une vie jonchée d’instabilité et d’une certaine misère humaine alimentée par le vol qu’il considère comme un travail, un métier, en dehors de toute conscientisation de l’acte et de ses conséquences. Avec pour bonne conscience et comme seul moteur la haine des riches.

Le pire est probablement atteint lorsque le lien est alors établi avec le receleur répondant au nom de Corvez. L’homme au patronyme digne du Rastapopoulos de Tintin est antiquaire et escroc. Il n'est pas un téméraire. Le jour, il travaille avec de nombreux voleurs dans sa boutique parisienne et, la nuit, joue les grands bourgeois dans sa vie privée, nous dit le reportage. Une vie illusoire de bourgeois grotesque en grande banlieue qui repose sur la petite délinquance parisienne et le vol des riches parisiens, ce qui donne une belle idée de la grandeur de l’homme. Le reportage nous informe : Corvez est le commanditaire du vol, le génie du mal qui a oublié le génie.

Vjeran raconte alors comment il a réussi à entrer dans le Musée en passant simplement par une fenêtre dont il a démonté la vitre. Un peu plus, il rentrait par la porte... La partie peut-être la plus amusante du documentaire, si elle n’était pas dramatique pour les cinq tableaux. On pensait avoir touché le fond. Mais non. Fabrice Hergott, le directeur du Musée témoigne en évoquant une faille de sécurité majeure connue de la hiérarchie et de sa responsabilité en tant que directeur. Dans son bureau, assis devant sa bibliothèque, le notable témoigne. Il appuie sur la grande valeur des objets volés et sur l’aspect tragique de l’affaire pour l’histoire de la peinture. Et là le spectateur s’interroge. Il se moque de nous lui-aussi ? C'est une blague ? Mais comment un directeur responsable de la sécurité du Musée peut-il encore être en poste ? On relit plusieurs fois le sous-titre… Eh bien oui, j’ai bien lu, le gars est toujours en poste ! On recherche sur Wikipedia. Confirmé. Toujours en poste ! Un vol a été commis dans le Musée, cinq œuvres majeures ont disparu, le Monsieur est Chevalier de la Légion d’honneur et Officier des Arts et des lettres, il sait que son Musée est une passoire, il bafouille quelques mots, mal-à-l’aise devant la caméra et voilà. Miseria est mater omnium artium ! On se demande bien à quoi cela peut bien servir d’avoir un directeur !

Et puis il y a Guillaume, le sans domicile fixe ami de Vjeran avec qui celui-ci échange régulièrement par téléphone. C’est grâce à l’écoute de leur conversation que les premières pistes policières pour coincer Vjeran Tomic en flagrant délit de vol sont suivies. Guillaume a l'air bien gentil. Il se tape des gueuletons avec Vjeran. Pour finir, le documentaire nous achève avec Yonathan Birn, expert et réparateur de montres de prestige qui aurait récupéré une partie des œuvres du Rastapopoulos mais qui les aurait détruites, comme Corvez. Parce qu’il ne suffit pas d’être receleur et menteur, de peur, les œuvres auraient tout simplement été détruites et jetées à la benne à ordure par ces messieurs !

Assez ! Stop ! N’en jetez plus ! On reste surpris par tant de misère humaine et de médiocrité filmée. La police a totalement perdu la trace des toiles. Le directeur toujours en poste. Guillaume sur un banc. Six ans de prison pour Birn, Sept ans pour Corvez, avec saisie de ses biens, huit ans et une belle amende pour Tomic. Le seul moment d’espoir réside probablement dans les quelques minutes finales du reportage durant lesquelles on assiste à la sortie de détention de Tomic, en présence de sa courageuse compagne, amoureuse. Quelques minutes tournées vers l’avenir dont on espère qu’il sourira autrement à un Vjeran sorti en pleine forme. Filmé en extérieur, Vjeran fait des tractions et témoigne encore d’une belle vélocité…

Les dernières minutes du documentaire sont dédiées au Rastapopoulos retrouvé après sa détention. L’homme filmé en gros plan en caméra épaule menace tout simplement de violence physique les journalistes venus le questionner pour avoir des nouvelles des toiles. Le documentaire coupe avec un bel arrêt sur image de sa bobine grimaçante en gros plan. Du grand art…

Un mauvais Balzac contemporain. Vite ! On passe à autre chose ! Fermons quand même bien les fenêtres avant d'aller nous coucher ! Hein Vjeran ?

Vjeran Tomic : L'homme-araignée de Paris | Site officiel de Netflix

Article du Monde sur le procès : Sur la piste des cinq chefs-d'œuvre volés au Musée d'art moderne de Paris en 2010 (lemonde.fr)

Le Cabaret Africain, Meziane Azaïche, Cabaret Sauvage

Le Cabaret Sauvage devient Africain pour quelques séances et nous offre un visage vivant de la richesse du continent. Un spectacle qui fait du bien au moral !

Les clichés sur l’Afrique pleuvent. Ils sont nombreux et souvent teintés de racisme. Ils réduisent le talent et l’envie d’un continent qui ne baisse pas les bras et qui surtout est sacrément remuant.

Bien entendu, il y a la musique. Dans le spectacle de Meziane Azaiche, créateur et directeur du Cabaret Sauvage, elle devient le fil rouge malgré des rythmes et des styles différents. On ira de l’afro beat au zouglou.

Soro Solo, journaliste et ici conteur, prend les commandes d’une succession de tableaux et défriche les stéréotypes sur les Africains, leur Histoire et leurs héros. C’est une œuvre militante mais passionnante car elle se nourrit de la culture et des arts.

Le groupe englobe la musique pour en faire un récit puissant, pas toujours accessible pour les plus jeunes, mais souvent des artistes viennent entrecouper avec élégance les multiples récits qui abordent l’Afrique de manière différente. Le divertissement se teinte délicatement de politique. Sans trop en faire.

Joyeux et insolent, le cabaret se met en branle pour nous offrir un autre visage et nous élever un peu au-dessus de nos mornes habitudes ou la triste presse quotidienne. Le cirque, le théâtre et la musique se mélangent pour donner un condensé de spectacle militant mais heureux d’exister et de partager de la joie et du plaisir. 

du 29 septembre au 22 octobre 2023
au Cabaret sauvage, 75019, Paris

J’aurais voulu être Jeff Bezos | Arthur Viadieu | Théâtre de Belleville 

Qu’il est gentil Monsieur Bezos. Qu’il est innovant Monsieur Bezos. Toujours prêt à nous servir et à satisfaire nos besoins, même ceux qui n’existent pas encore ! De l’intelligence artificielle à la robotique en passant par « le divertissement à l’infini », Jeff Bezos et Amazon sont sur tous les fronts. 

Le spectacle J’aurais voulu être Jeff Bezos met en scène l’univers Amazon. Sur la base de faits documentés, on en apprend plus sur Jeff et sa vision du monde. Il y a tout d’abord l’homme qui prône l’audace, la créativité et l’innovation. Puis il y a sa mission. Une mission mystérieuse qui englobe la robotique, les outils de Machine Learning, l’intelligence artificielle et la conquête de l’espace. Transformer, optimiser et innover. Cet homme se positionne au dessus de la mêlée tel un guide, un prophète dans notre univers consumériste.

Tremblez consuméristes de tous horizons ! L’heure de la critique et de la rédemption a sonné. Mais contre toutes attentes, nous sommes invités à rire en débarquant sur une drôle de planète farfelue. Joyeux patchwork, les comédiens jonglent avec multiples genres : alexandrins, témoignages, pièce basculant dans le vaudeville. Avec humour et énergie, les comédiens nous surprennent.

Pièce à multiples facettes, innovante et surprenante. Un peu à l’image de Jeff Bezos. 

Jusqu'au 31 octobre 2023
Théâtre de Belleville
Durée : 1h30 | de 13,50€ à 30,50€
De et mise en scène Arthur Viadieu. Avec Roma Blanchard, Chloé Chycki, Bob Levasseur, Mathias Minne, Claire Olier

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Et la laïcité bordel !

F.A.I. 2009 / BERTRAND BELIN et TATIANA MLADENOVICH

London Western / Coffees & Cigarettes / Tekini records

Diamond Dogs / David BOWIE / (EMI – 1974/ Rééd.2004)

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L’opéra de quat’sous, Bertold Brecht, Thomas Ostermeier, Comédie Française

© Jean-Louis Fernandez, coll. Comédie-Française

Dans “L’opéra de Quat’sous”, nous sommes invités à partir à l’aventure dans les bas-fonds londoniens. Nous suivons les péripéties du bandit surnommé Macheath qui s’apprête à épouser la belle Polly Peachum…

Dans le quartier de Soho, nous retrouvons Jonathan et Celia Peachum qui s’inquiètent au sujet d’une rumeur grandissante sur le mariage supposé de leur unique fille et du célèbre bandit Macheath ! Mais loin d’être une rumeur, les plus fidèles de ses hommes sont conviés à la cérémonie dans une écurie dans ce même quartier de Soho.

Le couple ne peut pas rester les bras croisés et décide de contre-attaquer en le livrant à la police. Ce n’est pas une tâche aisée car Macheath et le chef de la police Brown sont des amis de longue date. Il cache d’ailleurs ses forfaits contre quelque compensation.

Prostitués, bandits et petits bourgeois vont alors se liguer tour à tour contre Macheath pour sauver leur peau ou le livrer à la police. Les histoires d’amour finissent mal en général mais à l’opéra, son sort est loin d’être scellé…

Cette production présentée tout d’abord au Festival d’Aix-en-Provence, est celle des premières fois. Il s’agit de la première mise en scène de Thomas Ostermeier pour l’opéra avec cette pièce musicale. La nouvelle version de cette traduction, française, apportent une grande touche de modernité dans le texte. Et pour finir, nous découvrons une chanson inédite sous la baguette de Maxime Pascal.

La nouveauté côtoie la tradition avec plusieurs choix qui peuvent s’avérer périlleux. On confie la responsabilité des parties chantées aux acteurs, ce qui s’avère plus ou moins réussi en fonction des chansons et des interprétations. On notera également le choix de la langue française et d’un orchestre composé de multi-instrumentistes.
S’agissant de la scénographie, Magda Willi imagine un décor minimaliste composé de tréteaux métalliques, quelques néons prompteurs et un ensemble de formes géométriques suspendues. Graphiquement, les vidéos sont esthétiques mais on a parfois du mal à saisir l’interaction avec la dramaturgie.

Le rendu est divertissant et nous passons un bon moment. Mais on notera un décalage entre les propos du texte engagé et le jeu des acteurs apparaissent parfois trop conventionnel ou au contraire, basculant dans une familiarité tendant vers la farce. Un mélange qui peut laisser perplexe.

Jusqu'au 05 novembre 2023
Comédie Française Salle Richelieu

2h30 sans entracte
Texte de Bertolt Brecht et musique de Kurt Weill,
avec la collaboration d’Elisabeth Hauptmann
Adaptation et mise en scène Thomas Ostermeier
Direction musicale Maxime Pascal