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Captain America Brave new world, Marvel

Alors après un an d'absence, comment se porte Marvel et ses super-héros épris de justice? Bon bah ce n'est pas le top mais ça a l'air d'aller un tout petit peu mieux.

En terme de cinéma, on est toujours très loin des débuts joyeux et régressifs des premiers films Marvel, où cela tâtonnait pour faire rentrer les codes du comics dans un nouveau média : le cinéma.
Depuis, tout a été formaté. Le super héros est devenu une norme et Marvel s'est pris les pieds dans le plat pensant que le public allait suivre ses priorités et sa vision simpliste du blockbuster.

La laideur a fini par piquer les yeux. Les histoires se sont répétées. Le cynisme s'est imposé. En 2024 seul Deadpool a eu le droit de faire des blagues salaces sur grand écran. Mais Marvel tente cette année un come back avec trois films qui devraient être glorieux pour cette industrie.

On avoue tout de suite, ce nouveau Captain America n'est pas une réussite. Le réalisateur ne nous passionne pas une seconde : scènes d action peu surprenantes, scénario qui ne fait que des redites et acteurs qui semblent s'ennuyer. Le désormais héros de la franchise était un second couteau des débuts et il semble le savoir constamment. Sam Wilson passe son temps à porter le souvenir de Steve Rogers, le premier Avenger.

Heureusement les auteurs se sont dits qu'ils allaient trouver un super méchant qui finalement est aussi charismatique qu'un extincteur. Harrison Ford doit payer ses impôts et se moque bien de gérer sa fin de carrière. Alors ça ne le dérange pas de jouer un vilain qui passe son temps à s'excuser d'être vilain. Il est tout mou et son Hulk rouge fait peine à voir. Tout comme le méchant - encore plus méchant - qui se cache derrière tout ça avec son physique de brocoli humain. Il prête à rire constamment.

Lorsque vous avez raté la personnalisation des badguys, vous êtes mal barrés et c'est ce qu'il se passe dans Brave New World. Le spectateur ne ressent aucune empathie pour aucun des personnages du récit. D'ailleurs on peut s'interroger sur l'âge moyen des méchants dans cet opus : ils devraient tous être à la retraite.

Mais quand on doit se rappeler des dernières catastrophes industriels (Ant Man 3 et The Marvels), ce nouveau Captain America apporte quelques réjouissances avec cette volonté d'illustrer un rêve américain qui se cogne à des réalités qui le dépassent où une Amérique se perd dans des convictions guerrières complètement arriérés. Là dessus, le film aurait presque un propos de beatnik. Mais on ne s'enflamme pas. Le film donne l'impression d'être un coup dans l'eau, une petite remise en forme avant que les affaires reprennent.

Dans quelques semaines, nous retrouverons la sœur et le père de Black Widow dans the Thunderbolts (désolé pour ceux qui n'y connaissent rien) et dans quelques mois, les 4 Fantastiques devraient sauver le Monde une fois de plus. Et ensuite les Avengers sont de nouveau attendus... Finalement ce pauvre film est noyé dans un univers qui a de plus en plus de mal à cacher son unique valeur mercantile. Il y a sûrement de très bonnes intentions de cet épisode mais en toute honnêteté... bah on se sent un peu comme les vieux badguys : on se dit que c'était mieux avant.

Au cinéma le 12 février 2025
Avec Anthony Mackie, Harrison Ford, Danny Ramirez et Giancarlo Esposito
1h55 - Marvel

Monsieur Henri raconte, Lucas Gonzalez, François Piel-Flamme, Funambule Théâtre Montmartre

On s'installe tranquillement dans la salle du Funambule Théâtre, quand soudain un grand bonhomme dégingandé déboule sur scène.
Son nom: Monsieur Henri.
Sa mission : les lundis
, déboulonner les statues des grandes figures de gauche , et les mardis, celles de droite !

François Piel-Flamme se donne à fond dans le rôle de Monsieur Henri et assure avec brio ce seul en scène atterrant et désopilant. Il crie, nous invective, nous pose des colles et s'énerve tout seul. (Rassurez-vous, c'est très drôle !). Il tourne furieusement les pages de son paper board pour dévoiler son plan ou illustrer son propos. Pour qu'on comprenne bien, Monsieur Henri multiplie les comparaisons anachroniques qui nous permettent de mieux cerner les personnages historiques qui émaillent son récit. Souvent, il se jette sur son petit bureau, s'empare d'une feuille qu'il retourne dans tous les sens et s'écrie : CITATION !

"Croire en l'Histoire officielle, c'est croire des criminels sur parole" (Simone Weil)

Il y en a pour tout le monde. Attention ça pique !
- Jésus Christ, "le paléo Tche Guevara de Judée »,
- Charlemagne, "surnommé le boucher par les saxons" et qualifié de "grand et pacifique empereur" par le Pape,
- la Révolution Française, "une rixe de nantis, donc tout ça ON S'EN FOUT !",
- Napoléon,"lui, c'est le super chimpanzé"...

Construit sur une même trame, les deux volets valent vraiment le coup. Une même drôlerie caustique qui permet d’avaler l’affliction que génèrent les hommes politiques. Lundi, centre gauche au menu, ce qui se résume ainsi « on va parler essentiellement lâcheté et trahison ». Mardi, voici le tour de la droite « Donc ça va être nettement moins exigeant intellectuellement parlant » !

Passionnant autant que passionné, drôle autant qu'érudit, Monsieur Henri mériterait de remplir la salle. Alors allez-y !

Jusqu'au 29 avril 2025
Le Funambule théâtre Montmartre, Paris XVIIIème


JeanLuc Bertrand, Stand up Magic, Le Contrescarpe

En ce mercredi soir de vacances scolaires, la salle du Contrescarpe est comble. Avec l'aide d'un comparse, JeanLuc Bertrand réinvente la sempiternelle annonce nous enjoignant à couper nos portables, ce qui a pour effet de mettre immédiatement une bonne ambiance. C'est très fort.

Mais pas aussi fort que la suite du spectacle. Pendant une grosse heure, JeanLuc Bertrand hypnotise quelques membres du public et bluffe les autres.

C'est toujours étonnant de voir des personnes sur qui l'hypnose fonctionne à ce point. Ils font tout ce qu'il veut, mais surtout ce qu'ils veulent bien faire. Ce soir là, il dit à Amandine qu'elle s'endormira dès qu'elle dira son prénom. Il la réveille et lui demande son nom. Là, elle répond: "Je sais ce que tu m'as fait. Je m'appelle Amandine. Zzzz, Zzzz, Zzzz !"

Il y a aussi du mentalisme et de la magie (notamment une boulette de papier qui recèle des surprises merveilleuses).

JeanLuc Bertrand ne révolutionne pas le genre. Techniquement, certains de ses numéros m'ont fait penser à ce que j'ai pu voir ailleurs (chez Messmer ou chez Viktor Vincent, par exemple), mais c'est humainement que cela se passe. J'ai aimé sa désinvolture (feinte bien sûr, car le monsieur est un grand professionnel). Surtout, j'ai été séduit par sa chaleur et son par son ton familier voire amical. Il tutoie tout le monde, nous chambre gentiment et, à la fin du spectacle, sort sur le trottoir pour discuter et recueillir nos impressions.

Un spectacle très sympa qu'on peut voir en famille !

Jusqu'au 12 mars 2025
Le Contrescarpe, Paris Vème
01h15 | de 11€ à 21€

Yongoyely, Compagnie Circus Baobab, Yann Ecauvre, La Scala

Yongoyely à la Scala, ou comment je me suis retrouvé à parler d'excision à ma fille en sortant d'un spectacle de cirque !

Des bruits de circulation et de coups de klaxon servent de fond sonore à la grande salle rectangulaire parée de bleu de la Scala. Le bruit devient assourdissant puis le silence se fait en même temps que la lumière. Ils sont neuf, cinq femmes et quatre hommes assis sur des parpaings. Lentement, très lentement, ils se redressent, chacun.e en équilibre sur son parpaing avant de tomber, comme mort.e.

Une femme reste dressée, stoïque, belle et digne. L'un de ses partenaires monte sur sa tête (son cou est soutenu par deux porteurs). C'est intense, presque violent. Cette entrée en matière me fait alors penser que ce spectacle de cirque acrobatique ne sera pas banal. On sent immédiatement qu'il y a quelque chose de grave dans l'air, qu'on n'est pas là (que) pour rigoler. Pendant une heure, il sera question de la condition des femmes, écrasées sous leur fardeau. (Tandis qu'elles dansent avec un parpaing sur la tête, les hommes rient bruyamment et font un peu les coqs.)

En allant voir ce spectacle de cirque à la Scala de Paris, je m'attendais à voir de joyeuses cabrioles et j'ai été servi ! Les numéros d'équilibre avec des parpaings, des poutres, un fouet, et même des flammes sont saisissants. Mais Yongoyely offre bien plus que de "simples" numéros de cirque. Le spectacle nous invite à une réflexion sur le poids des traditions en Guinée Conakry, qui frappent les petites filles dans leur chair.

Des voix enregistrées résonnent. Des témoignages documentaires qui nous bousculent et nous émeuvent :
"quand j'avais six ans" (...) "tu es supposée apprendre à être une femme" (...) "on t'emmène au Bois sacré" (...) "On te dit qu'une femme, c'est la souffrance".

Les femmes sur le plateau ne font que tomber et se relever, toujours plus fortes et plus impressionnantes. Elles font d'incroyables acrobaties ponctuées de chants africains avec leurs voix à la limite du cri et pourtant justes et émouvantes. Leurs corps sont des machines de guerre.

Le public est estomaqué. Par les performances et par l'intensité du propos qui nous laissent sans voix et sans applaudissement pendant une demi-heure. Le silence est dense, presque religieux. J'aurais voulu applaudir à chacun des exploits physiques mais restais totalement concentré.

Et puis, petit à petit, on ne peut plus résister à l'envie de battre des mains pour saluer les exploits physiques des performeuses et performeurs. On se lâche, on se détend, on salue la puissance (la résilience, pour utiliser un mot galvaudé) de ces femmes et des hommes qui les accompagnent. Alors, comme pour se rattraper de n'avoir pas applaudi plus tôt, on finit tous debout pour les saluer.

Bravo !

Jusqu'au 02 mars 2025
La Scala, Paris Xème

1H00 | de 14€ à 38€

Direction artistique Kerfalla Camara
Mise en Cirque et Scénographie Yann Ecauvre
Avec Kadiatou Camara, Mamadama Camara, Yarie Camara, Sira Conde, Mariama Ciré Soumah, M’Mah Soumah, Djibril Coumbassa, Amara Tambassa, Mohamed Touré
Intervenants cirque Julie Delaire & Mehdi Azéma
Création musicale Yann Ecauvre et Mehdi Azéma
Chorégraphie collective Yann Ecauvre, Mehdi Azéma, Julie Delaire, Mouna Nemri & les artistes
Création de costumes Solenne Capmas
Lumières et son Jean-Marie Prouvèze
Producteur délégué Richard Djoudi

Compagnie Circus Baobab

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Cosi fan tutte, Mozart, da Ponte, Opéra Éclaté Montansier Versailles

Cosi fan tutte, que je traduirais par "toutes les mêmes" est un drôle d'opéra de Mozart, sur un livret de Da Ponte. Une rocambolesque histoire pré meeto. Don Alfonso (Jean Gabriel Saint Martin) explique à deux amis qu'ils sont bien naïfs de croire en l'amour et aux serments de fidélité de leurs fiancées.

"Vous prétendez avoir trouvé des femmes fidèles ? J'admire cette naïveté !"

Et c'est ainsi que Ferrando (Blaise Rantoanina) et Guglielmo (Mikhael Piccone) font semblant de partir à la guerre et se déguisent ensuite en Albanais pour séduire leurs fiancées et mettre à l'épreuve leur fidélité.
A force de tentations et d'insistance de la part de Don Alfonso et de la servante Despina, cela prend moins d'une journée pour que les deux soeurs, Dorabella et Fiordiligi, trahissent leur amoureux.

"Crois-moi ma sœur, il vaut mieux céder."

La joie exagérée et exubérante de la musique de Mozart est fascinante, elle me fut d'un grand réconfort en cet hiver glacial qui n'en finit pas de geler.

Même si j'ai préféré la voix chaude d'Ania Wozniak (Dorabella), Chloé Jacob (Fiordiligi) impressionne par sa technique vocale qui lui permet de passer aisément d'une voix de tête à une voix de ventre dans la même phrase. Marielou Jacquard (Despina) impressionne également par son énergie et sa présence.
J'ai été moins convaincu par les hommes, que ce soit vocalement ou dans leur jeu d'acteur, à la notable exception de Jean-Gabriel Saint-Martin. Avec sa moustache et ses beaux yeux, il est charmant dans le rôle de Don Alfonso. Sa voix est belle, claire, grave, puissante, parfaitement intelligible, un vrai plaisir à écouter.

Pris séparément, les chanteurs et chanteuses ne déméritent pas du tout. C'est plutôt sur les ensembles que cela se complique, comme si leurs voix s'accordaient mal ou comme s'ils n'avaient pas suffisamment répété ensemble (le spectacle tourne avec une distribution qui peut évoluer, ceci pouvant expliquer cela). Il faut dire aussi que chanteurs et chanteuses ne sont pas aidés par un orchestre qui manque de précision (aie, les attaques ratées du corniste !).

Si vous voulez voir un opéra avec des grands décors, des chanteurs virtuoses et un orchestre carré, le Théâtre Montansier n'est peut-être pas l'endroit idéal. Mais si vous avez quelque indulgence, vous passerez une soirée délicieuse qui vous donnera envie d'aller à l'Opéra !
Et en plus, à l'entracte, on peut se régaler de gâteaux et de champagne à prix raisonnable, ce qui ne gâche rien.

les 28 & 29 janvier 2025
Théâtre Montansier, Versailles
de Mozart et Da Ponte,
direction musicale Gaspard Brécourt,
mise en scène Éric Perez assisté de Yassine Benameur,
lumières Joël Fabing,
décors Patrice Gouron,
costumes Stella Croce,
avec Chloé Jacob, Ania Wozniak, Marielou Jacquard, Blaise Rantoanina, Mikhael Piccone, Jean Gabriel Saint Martin
orchestre Opéra Éclaté, orchestration Jonathan Lyness
production Opéra Éclaté, coproduction Clermont Auvergne Opéra, Opéra de Massy