Art-scène, Spectacle comique, Théâtre

J’ai des doutes, François Morel, La Scala Paris

"Vous voudriez que je fasse comme ceux qui n'ont rien à dire et qui le gardent pour eux ? Et bien non moi quand je n'ai rien à dire je veux qu'on le sache."

(c) M_Toussaint

« Vous voudriez que je fasse comme ceux qui n’ont rien à dire et qui le gardent pour eux ? Et bien non moi quand je n’ai rien à dire je veux qu’on le sache. » Oh qu’ils sont nombreux ceux du 2eme groupe…

Je ne trouve pas toujours les mots et ne manie pas la langue française comme Devos (et Morel), mais voici mes notes sur le spectacle « J’ai des doutes » de et avec François Morel à La Scala (de Paris… au cas où on en douterait).

Je me suis surprise à (re)découvrir les textes de Raymond Devos, mais aussi le comédien François Morel. 

Pour moi en bonne « Millenial » de 1990, Devos était un Monsieur un peu costaud qui faisait des blagues que je ne comprenais pas toujours et Morel était un des fameux Deschiens. Les deux faisaient beaucoup rire mon père Boomer et mon frère Gen X et, aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi.

Je n’oublie pas Antoine Sahler, l’attachant acolyte de Morel sur scène, musicien mais pas que (loin de là).

Le duo affiche une belle alchimie, mais il faut aussi souligner le sacré travail de scénographie qui accompagne le spectacle. La subtilité des textes de Devos, les silences, le côté clownesque des comédiens et les interludes musicales tombent justes.

Morel s’approprie Devos et y met sa patte. On rit discrètement mais, étonnement, ça change puisque l’on troque l’actuel combo punchlines/stand-up 5 x 10 minutes contre les fines tirades de Devos : un classique intemporel finalement. Parfois ça va vite, parfois c’est long, mais on ne s’ennuie pas et on se laisse porter par le tout.

Un hommage, de l’absurde, de la musique, de la poésie : tous les ingrédients pour passer un beau moment et des mots qui, surtout lorsque nous entendons la voix de Devos, nous vont droit au cœur. 

Pour moi, tout en tombant dans le jeu de mots facile, « pas de doute » : ce spectacle est un petit bonbon de rire et de poésie avec un effet Madeleine de Proust.

Jusqu’au 23 juin 2024
La Scala Paris
Durée 1h30
de 15€ à 52 €

Quelques highlights :
Le clou du spectacle 
La truite/Télérama et les caniches du lac des cygnes 
La poésie de la marionnette
les extraits de Radioscopie
Rien 
Chien
Bach 
Tirade du bonsaï grain de riz
Voisins dessus dessous

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1 Comment

  1. Raymond Devos était un maître de l’absurde et du jeu de mots. Il pratiquait un humour un brin intello mais jamais prétentieux. Il jouait avec la langue avec brio et délectation. Dix-huit ans après sa mort, Devos a la côte chez ceux qui ont eu le plaisir de le connaître de son vivant. Ainsi, l’élégant Jean Dussollier lui rend hommage dans son seul en scène « Sens dessus dessous », actuellement en tournée. A partir du 04 juin, c’est au tour de François Morel de consacrer un spectacle au belge roi du français qui pratiquait un humour décalé, absurde et amoureux des mots.
    Ce n’est pas un spectacle très rock’n roll. Cela s’apparente davantage à un morceau de musique classique, à une fugue de Bach. Ce n’est certes pas très dansant, mais c’est tellement virtuose que cela en devient génial. On ne rit pas aux éclats mais on sourit avec bonheur, c’est un humour feutré et élégant et qui respecte la sensible loufoquerie de Devos (ah, ce piano plein de surprises !)
    Morel apporte sa patte à la poésie comique des textes de Devos. Le comédien cabotine juste ce qu’il faut pour se mettre le public dans la poche. Avec son œil de caméléon, il nous régale de ses grimaces. En clin d’œil aux Deschiens, il s’est choisi un pianiste qui, physiquement, m’a fait penser à Bruno Saladin et avec qui il feint d’être odieux, pour notre plus grand plaisir.
    Un spectacle dont j’ai vu la Première le 04 juin 2024 et qui était déjà extrêmement bien calé au plan régie. Chapeau !

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