Essai, Livres, Polar

La disparition de Chandra Levy, Hélène Coutard, 10/18 Society

Et si Chandra était morte dans un jeu sexuel qui aurait mal tourné ?

Le 1er mai 2001 Chandra Lévy disparait à Washington D.C. A l’été 2001, après l’affaire Clinton/Lewinsky et en attendant les attentats du 11 septembre, les journaux américains n’ont rien de mieux à se mettre sous la dent que cette histoire de disparition inquiétante d’une jeune femme, stagiaire dans la capitale, et qui avait une aventure secrète avec un député quinquagénaire et marié.

« Voilà donc atteint le point Godwin de toute enquête criminelle incluant une liaison illicite: et si Chandra était morte dans un jeu sexuel qui aurait mal tourné ? » (page 79)

La découverte du corps de Chandra dans une forêt, un an après sa disparition, n’apportera pas de réponse à cette question. Il faut dire que – contrairement à Hélène Coutard, l’autrice – la police de Washington DC a totalement bâclé son enquête.

Comme c’est toujours le cas avec la collection True Crime de 10/18 Society, le travail journalistique est fouillé et le livre élargit le propos en évoquant les répercussions du crime sur la société américaine, ou ce qu’il dit d’elle.

« Chandra, malgré sa liaison exceptionnelle avec un député, est devenue au moment de sa disparition la girl next door de l’Amérique, l’amie de la fac, la voisine, la jeune collègue… On l’a décrite – surtout avant la révélation de la liaison – comme une jeune femme drôle, passionnée, révoltée contre l’injustice et promise à un brillant avenir. On a dit d’elle qu’elle était sérieuse, prudente, bien élevée. On a parlé de ses études, de sa future carrière. Des caractéristiques correspondant aux descriptions généralement associées aux femmes blanches disparues, vues comme les sœurs, les filles, les mères de quelqu’un. A contrario, quand une femme racisée disparait aux États-Unis, l’accent est surtout mis sur les dysfonctionnements de sa vie ayant pu entrainer un drame et rarement sur ses réussites. » (page 195)
« En 2001, l’année où Chandra Levy a disparu, deux cent trente et un meurtres et cent quatre-vingt-un viols ont été commis à DC. Aucun autre fait divers n’a été commenté. » (page 196)

L’autrice raconte bien l’histoire, elle ménage le suspense et met en scène des rebondissements qui nous tiennent en haleine. Le bouquin se lit donc très vite, si ce n’est d’une traite.

Malheureusement (!!! attention spoiler alert !!!), comme on n’a jamais retrouvé l’assassin de Chandra Levy (si tant est qu’elle ait été tuée…), il m’a un peu manqué un bon gros tueur psychopathe qui aurait apporté plus de saveur au récit.


Parution le 06 juin 2024
10/18 Collection Society
224 pages | 8€

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