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Souriez, Raina Telgemeier, Éditions Akileos

Facile de se reconnaitre dans cette autobiographie : vie du collège jusqu’au lycée, frère et sœur, amies pas toujours très sympa... Et quand on se casse les deux dents de devant, c’est encore plus compliqué.

Tout ce passa comme ça : Raina rentrait d’une réunion d’éclaireuses quand une de ses amies déclara : "la dernière arrivée au porche a gagné", Raina dit "Attendez-moi" (en s’accrochant à la capuche d’une de ses amies ), et elle tombe.

Peu de temps après, elle se rend compte qu’elle a perdu deux dents. Mais ils n’en retrouvent qu’une. Où peut bien être l’autre ?

Si vous voulez le savoir, il faut lire le livre ; franchement, vous ne le regretterez  pas !

La BD raconte comment cet accident a bouleversé la vie de Raina. Mais elle ne fait pas que perdre ses dents ! Il lui arrive plein d'autres choses (elle survit aussi à un important tremblement de terre). Cette BD vous réserve plein de surprises ! C'est une de mes BD préférées, je ne m'en lasse pas et je la relis souvent.

Norma, 10 ans.

Les soeurs Dalton, Cie Les Nomadesques, Le Ranelagh

"Nous ne serons jamais les sœurs des frères Dalton !"

"Tout est toujours calme dans cette bonne vieille ville calme de Toucalmcity". Et bientôt, la vie y sera encore plus agréable car - grâce à la fortune d'un joueur veinard dont la municipalité vient d'hériter - Toucalmcity va se doter d'une école, d'un orphelinat, d'un hôpital, d'une crèche pour les parents qui travaillent (disent les femmes)... et d'un saloon (insistent les hommes).

Malheureusement, ces beaux projets sont contrariés par Pat le Borgne qui a dérobé le magot. Sans perdre un instant, les trois sœurs Dalton se lancent aux trousses de l'infâme voleur, dans une course poursuite en forme de chevauchée endiablée qui nous tiendra en haleine pendant une heure quinze.

Le spectacle revisite et détourne tous les codes du western, dans un décor drôlement bien fichu, à la fois simple et très efficace (les comédiens retournent à vue des coins pour transformer en un tourne-main
un saloon en prison).

Comme le décor, simple et efficace, c'est l'air de rien que les comédien.ne.s déploient l'étendue et la multitude de leurs talents. Il s'en donnent à cœur joie et en rajoutent juste ce qu'il faut. On dirait qu'ils s'amusent, mais en réalité ils sont superpro ! Ils chantent, dansent, jouent du banjo, multiplient les gags et les aphorismes, chorégraphient des bastons... le tout avec une bande son calibrée au millimètre.

Même si ma fille de 5 ans a eu un peu de mal à bien comprendre toute l'histoire, elle a aimé ce spectacle dont l'énergie est communicative. Ma fille de dix ans, elle, a bien rigolé. Quant à ma sœur de 55 ans m'a dit en sortant "c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis longtemps". C'est donc carton plein pour les Dalton.e.s. Bravo aux Nomadesques !

Jusqu'au 30 mars 2024
Théâtre Ranelagh - Paris XVIème

Compagnie les Nomadesques
55 minutes | de 10€ à 20€

En travers de sa gorge, Marc Lainé, Théâtre du Rond-point

Avec un beau décor, une scénographie impressionnante et avec, cerise sur le gâteau, Bertrand Belin au casting, cette pièce était pleine de promesses. Malheureusement, l'indigeste "En travers de sa gorge" m'est resté sur l'estomac !

Deux heures quinze durant, une narratrice (Julie Rompsault, Jessica Fanhan) nous conte - à grand renfort de passé simple et de formules ampoulées par-fai-te-ment ar-ti-cu-lées - l'histoire de Marianne Leidgens (Marie-Sophie Ferdane), une cinéaste dont le mari revient d'entre les morts.
Un an après sa disparition soudaine et inexpliquée, son mari (Lucas Malaurie, Bertrand Belin) vient lui rendre visite... mais dans la peau d'un autre ! L'esprit de Lucas prend en effet possession, de façon intermittente, de Mehdi Lamrani (Yanis Skouta), un spirite dont la spécialité est de finir les œuvres laissées inachevées par feus leurs auteurs.

Comme la personnage principale est cinéaste, Marc Lainé (auteur-metteur en scène et scénographe) a eu la subtile idée de projeter le film de la pièce (réalisé en direct) sur un grand écran situé au dessus de la scène. Manifestement, Marc Lainé est très fier de ce dispositif qui lui permet de montrer le fantôme du mari sur scène, mais pas à l'écran.

Évidemment, Marianne finit par faire l'amour avec le médium, dans l'idée de ne former à travers lui qu'un seul corps avec son défunt mari (vous suivez ?!). Sauf que l'époux se fâche, au motif qu'il est cocu (par lui-même pour ainsi dire !). Se superposent alors à l'écran les visages du médium et celui du fantôme, pour bien souligner l’ambiguïté de la situation. C'est fin comme du gros sel, comme disait ma grand-mère.

Si la mise-en-scène est lourdingue, le texte, verbeux à souhait, n'est pas en reste. Peut-être est-ce la raison pour laquelle les comédiens n'arrivent pas à jouer ? Ou sont-ils gênés par la sonorisation qui nous donne l'impression de regarder un film mal doublé ? (J'ai horreur des micros au théâtre !)
C'est à un point tel qu'on est parfois embarrassés pour les comédien.ne.s.

A moins qu'il ne s'agisse d'un parti-pris de mise en scène et de direction d'acteurs ?

Ce doit certainement être le cas, sinon comment expliquer que strictement aucun.e comédien.ne ne soit juste ? Leurs énervements sonnent creux, à la limite du ridicule. Et que dire des roulements d'yeux du médium lorsqu'il a ses crises ?! C'est injuste car l'apprentissage du texte a dû leur demander un effort considérable.

Même si je rêvais de mettre fin à mon calvaire façon Yannick (de Quentin Dupieux), je dois reconnaitre que tout n'est pas à jeter dans cette pièce. Les moyens mis en œuvre sont importants : cinq comédiens sur scène, des décors réussis et qui changent à vue (c'est beau !), des moyens de prise de vue (rampe de travelling comprise), un soin apporté au son (avec, par exemple, des bruits de fonds différents quand deux personnages se parlent au téléphone).

C'est toujours intéressant d'aller au théâtre, même quand c'est mauvais. Et c'est réjouissant une salle de théâtre comble (je m'ennuyais, donc j'ai regardé le public...). Et puis à la sortie, on discutait joyeusement, ébahis d'avoir vu un spectacle qui, en plus d'être une pièce exécrable (je la mets dans le Top 50 des pires pièces que j'ai vues !), réussit l'exploit d'être aussi un mauvais film.

du 6 au 16 mars 2024
Théâtre du Rond-point - Paris VIII
Texte, mise en scène et scénographie Marc Lainé
Avec Bertrand Belin, Jessica Fanhan, Marie-Sophie Ferdane, Adeline Guillot en alternance avec Clémentine Verdier, Yanis Skouta
avec la participation de Dan Artus, Tünde Deak, Thomas Gonzalez et de Laurie Sanquer, David Hanse, Farid Laroussi

Journal d’un vide, Emi Yagi, 10/18

Comment échapper au travail lorsqu'on s'y ennuie terriblement et qu'on a l'impression d'y gâcher les premières années de sa vie d'adulte ? Mme Shibata, trentenaire japonaise, trouve une solution en simulant une grossesse.

A travers cette chronique d'une grossesse imaginaire, ce Journal d'un vide, l'autrice Emi Yagi décrit de façon implacable l'ennui au travail.
"Tous les employés restaient de longues heures au bureau. Chaque réunion était le prétexte à rassembler l'ensemble du personnel dans une salle pour y écouter les supérieurs répéter inlassablement les mêmes discours, idées et griefs, plusieurs fois par jour ; la moindre dépense devait être justifiée en détail auprès du chef de section, puis reformulée à l'intention du directeur de département, avant d'être finalement présentée sous la forme d'une épaisse liasse qu'il fallait distribuer, Dieu sait pourquoi, à chaque membre de l'équipe. Nous n'avions ni le temps ni l'énergie de réfléchir au sens de nos actions, encore moins de poser des questions." (page 58)

Emi Yagi adopte un ton clinique, détaché et assez plat (lorsqu'il n'est pas indigeste !). Cette voix monocorde sert un propos consistant à démontrer la monotonie et l'ineptie du travail de bureau, surtout lorsqu'en tant que femme, on se voit confier l'intégralité des tâches ingrates ou peu valorisées (préparer le café, vider les corbeilles...).

Cette dénonciation du machisme au travail (qui n'est certes pas l'apanage des japonais...) est agrémentée de considérations assez convenues sur la vie, le couple, l'amitié.
"Je me sens seule. (...) Peut-être est-ce bizarre, car c'est notre lot à tous depuis notre naissance, mais je n'y suis toujours pas habituée. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que, dans la vie, c'est chacun pour soi." (page 191)

Il m'a semblé que l'intérêt de ce livre (vite lu) ne dépassait pas vraiment l'idée de départ. Journal d'un bide, en ce qui me concerne.

Paru en poche le 1er février 2024
chez 10/18 Littérature étrangère

traduit par Mathilde Tamae-Bouhon (japonais)
216 pages | 8,60€

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Diamond Dogs / David BOWIE / (EMI – 1974/ Rééd.2004)

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Sourions avec Radiohead

La presse aime Radiohead. On aime tous Radiohead. On adore le parcours de ce groupe de Brit pop qui a glissé vers une musique beaucoup plus baroque. L’expérimental est devenu la norme pour ce groupe toujours en mutation… de plus en plus abstraite. Jusqu'à l'implosion en plein succès !

Thom Yorke est devenu un étrange chanteur capable de tout, échappant toujours aux conventions. On l’a redécouvert, il y a trois ans, plus abordable avec The Smile, trio formé avec le guitariste de Radiohead, Jonny Greenwood et le batteur de jazz, Tom Skinner.

Le premier album était prometteur et rapidement le trio revient avec ce Wall of Eyes qui rend la presse hystérique. Parce que l’on entend Yorke jouer avec différents registres, s’essayant même au jazz.

La musique est encore en mode “tête chercheuse” versant dans la même chansons sur des styles différents… et déroutants. Finalement c’est encore un peu la même chose et c’est un peu la déception. On sait à quoi s’attendre même si ça peut être du n’importe quoi progressif. Les genres sont mis à mal mais les musiciens sont coutumiers du fait donc on s’ennuie poliment malgré de très beaux passages et des arrangements effectivement complexes.

Un peu de simplicité ne ferait pas de mal. D’ailleurs, profitons de la sortie de ce nouveau projet pour parler ce disque de reggae qui reprend l’intégralité du plus gros succès du groupe, OK Computer.

En 2006, les chansons sont donc reprises par des stars du reggae et cela donne un album aussi envoûtant que l'œuvre initiale. C’est assez rare pour le remarquer mais le reggae conserve toute l’intensité quasi dramatique de l’original. On n’est pas dans le folklore arriviste.

La structure est conservée et la richesse du reggae profite aussi des chansons denses de cet album assez dantesque. Radiodread propose un monde alternatif où le plaisir du reggae se confondent avec l’exigence d’une musique electro bidouillée d’une exigence discrète. La chaleur qui se dégage de l’album est peut-être ce qui manquait à OK Computer.

D’ailleurs si Radiohead reste un groupe majeur, on a presque oublié qu’il s’agissait au début d’un groupe de rock aux guitares agressives. C’est ce que l’on entend sur le second effort, The Bends de 1995 , œuvre mal aimée par ses auteurs et les fans. Pourtant, c’est un excellent disque qui débroussaille le rock à la même époque que Nirvana ou Pearl Jam.

Effectivement le ton est incisif. Remis du succès du tube Creep, le groupe veut échapper à la redite et cherche le dépouillement malgré la présence de claviers et de discrètes expérimentations. C’est pourquoi le disque semble à vif et extrêmement vivant. On devine que les tripes sont sorties et les mélodies sont primordiales pour tenir une succession de morceaux radicaux et peut-être plus impressionnants encore que tous les bidouillages sonores qui feront la renommée du groupe. Alors on ne va pas vous dire que “c’était mieux avant” mais profitez du bruit de la presse pour réécouter les œuvres différentes inspirées par un groupe qui reste influent.