littérature française, Livres, Polar

L’affaire Emmett Till, Jean-Marie Pottier, 10/18 Society

A la fin de l’été 1955 est retrouvé dans la Tallahatchie River le corps d’un gamin de 14 ans, un jeune noir de Chicago qui passait ses vacances « dans cette région d’un Mississippi qui reste, un siècle après l’abolition de l’esclavage, l’État le plus ségrégationniste des États-Unis » (page 19).

Le jeune homme a été enlevé puis assassiné par des blancs pour avoir osé siffler une femme blanche.

Sa mère l’avait pourtant prévenu.  » (La) ségrégation, Mamie veut que son fils en respecte les règles pour ne pas se mettre en danger, surtout dans ses interactions avec les femmes blanches. Si Emmett en voit une, conjure-t-elle, qu’il baisse la tête pour éviter de croiser son regard, ou qu’il change de trottoir. Il ne doit pas parler aux blancs, sauf s’il y est invité  » (page 32)

Certes, il y aura un et même plusieurs procès, mais que peuvent espérer des noirs d’une justice blanche ? « L’affaire était perdue dès le départ. Un jury aurait rendu sa liberté à n’importe quel homme qui aurait tué un noir pour avoir insulté une femme blanche. » (page 111)

Mais c’est sans compter sur la mère d’Emmett, qui va s’opposer de toutes ses forces à la volonté des autorités d’enterrer précipitamment son fils en même temps que l’affaire. Elle fera rapatrier la dépouille d’Emmett à Chicago où elle présentera son visage martyrisé au public, donnant à cette mort injuste un écho qui résonnera pendant plusieurs décennies et qui marquera la lutte pour les droits civiques.

« Elle disait toujours que c’était son destin, qu’il devait mourir pour que le monde puisse saisir les injustices et les lynchages qui se déroulaient depuis des générations. » (page 205)

Comme c’est toujours le cas avec l’excellente collection True crime de 10/18 Society, Jean-Marie Pottier signe une enquête fouillée et documentée qui se lit aussi facilement qu’un roman. J’ai juste un peu regretté que le récit ne parvienne pas vraiment à restituer le souffle que cette affaire a donné à la lutte pour les droits civiques.

Paru le 1er février 2024
10/18 Society True Crime
240 pages | 8€

Previous ArticleNext Article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

? * Le temps imparti est dépassé. Merci de saisir de nouveau le CAPTCHA.