Art-scène, Théâtre

4211km, Aïla Navidi, Studio Marigny

L’exil en héritage. Ce portrait de famille touche à l’universalité et parvient à nous faire ressentir des émotions fortes tout en réveillant nos consciences.

Comment réagir aux folies du Monde? Mina et Feyredoun ont cru que la démocratie allait enfin s’installer en Iran. Ils se sont trompés et doivent fuir leur pays pour la France. C’est là que va naître Yalda. Cet enfant sera aimé par ses parents qui pourtant auront bien du mal à la préserver de leur enfer intime et des horreurs de la dictature islamique.

Comment réagir face à l’ignominie? L’exil est une solution avec laquelle il faut ensuite vivre. Le couple partait pour quelques semaines. Ils feront leur vie dans un petit appartement parisien. 

Ils y accueilleront d’autres exilés. Des membres de leur famille. Des réfugiés politiques. Leur quotidien est fait de joyeuses retrouvailles et tristes nouvelles par téléphone. Les convictions, elles, subsistent et deviennent de l’espoir. Cette chronique familiale décortique la résilience et la résistance des êtres face la violence et l’injustice.

Comment réagir au passé douloureux ? En exorcisant cela par une pièce qui passe avec aisance du rire aux larmes. Aïla Navidi se raconte dans un beau récit chaleureux où les hommes et les femmes se refusent à être des pantins de l’histoire.

Loin de la victimisation, la vie de ces Iraniens montre que la résistance et la bravoure sont bien des signes d’humanité. Pleine de souffle, l’artiste profite de son aventure personnelle pour nous rappeler ce que peuvent désigner les mots Liberté Égalité et Fraternité. Un magnifique pied de nez au cynisme rampant !

Comment combattre l’horreur ? En la dénonçant avec intelligence. Parfaitement incarnés par des comédiens investis, les personnages ont quelque chose d’épique et le discours devient universel. Aïli Navidi rappelle que rien n’est fini. Les combats contre la barbarie ne peuvent cesser. En Iran, des gens meurent encore tous les jours. Nous sommes à 4211 km de Téhéran mais sur une scène de théâtre, on sent si proches de ces fugitifs et leurs proches.

Comment réagir à la funeste réalité ? Cette pièce est nécessaire, belle et touchante. De l’exil on finit sur un cri d’alarme. Face au bruit et la vacuité des médias, cette œuvre remet l’art à sa place.

Du 10 janvier au 14 avril 2024
Au Studio Marigny, Paris VIIIème

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