Elémentaire, Peter Sohn, Disney Pixar


Ce n'est pas la douche froide mais Pixar assure le service minimum avec cette comédie romantique colorée mais édulcorée.
Car le message est tout simplement connu, reconnu et appuyé : il faut cultiver nos différences et non l'indifférence comme le dit si bien un inconnu !
Donc, Flam est une jeune femme brûlante d'énergie. Faite en feu, elle vit avec les siens dans un quartier éloigné de Element City. Là-bas cohabitent des êtres faits de nuages, de bois ou d'eau. Ceux qui sont en feu sont mis à l'écart. Jusqu'à ce que Flam rencontre Flack, un grand dadais aquatique aussi charmant que maladroit.
A deux, ils vont lutter contre les préjugés et les stéréotypes. Loin de Vice Versa, Élémentaire aurait dû être fait du même tonneau mais hélas, les auteurs se sont usés sur le concept mais pas le scénario.
Une fois de plus, l'animation est impressionnante avec une ville dense et diverse. La musique de Thomas Newman donne des limites intelligentes à la cité. Mais l'histoire est paresseuse. Si l'on craque pour le couple mal assorti, le récit est paresseux avec des passages obligés d'une évidence ennuyeuse. C'est dommage car le sujet est plaisant et le côté ludique de Pixar continue de survivre malgré des productions de moins en moins audacieuses. Ce n'est pas Élémentaire, mais plutôt basique !
Au cinéma le 21 juin 2023
Walt Disney Production - 1h42
Love Life, Kôji Fukada, Art House


Taeko est heureuse. Elle vit pleinement sa vie d'épouse avec Osawa et son petit garçon Keita issu d'une précédente union. Elle s'entend bien avec tout le monde. Son travail lui offre l'occasion de venir en aide aux autres. Elle a peut être quelques problèmes relationnels avec ses beaux-parents.
Après une fête, le pire se produit : Keita meurt dans un trop banal accident domestique. Une noyade dans une baignoire. Le drame est immense et le film brise soudainement le bonheur apparent. Subitement la douleur imprègne la mise en scène quasi élégiaque de Koji Fukada.
Les notes de piano qui accompagnent l'histoire résonnent de tristesse. Le deuil se met en place. Taeko devient une autre. Le retour du véritable père, Coréen, sans abri et sourd bouleverse aussi les choses. Osawa réagit lui aussi a sa manière, avec ses faiblesses et ses angoisses.
La mort d'un enfant est le plus grand des drames mais le réalisateur continue coûte que coûte de filmer cela avec une bienveillance qui nous permet de respirer devant ces personnages en souffrance.
La mère redécouvre son ex-mari. Osawa renoue avec une ancienne conquête. Peut-on leur en vouloir ? La vie reprend le dessus. Tout cela a des conséquences. Le couple se détériore mais les subtilités du film sont si douces que se devine derrière tout cela une belle histoire non pas d'amour mais sur l'amour.
Ce sont bien les nuances, la lumière qui infuse sur les images qui nous font aimer ce film qui aurait pu être si dur et violent.
Jamais mièvre, le récit nous fait serpenter entre des émotions brutes et aussi chaleureuses. Quand les mots manquent (la surdité de l'ex-mari impose une autre façon de communiquer), les images prennent le relais et nous font ressentir de belles choses.
Étonnant d'un bout à l'autre, Love Life est une œuvre suggestive qui va droit au cœur. Il bat tellement que l'on se met à aimer pleinement le cinéma : une manière d'aborder la vie autrement !
Au cinéma le 14 juin 2023
Avec Fumino Kimura, Tomorowo Taguchi, Tetta Shimada et Atom Sunada
2h - Art House
Wahou, Bruno Podalydès, UGC


Un film de Bruno Podalydès en été c est comme un bon petit rosé : rafraichissant !
Car le cinéaste est un doux et un tendre. De l'amertume, il en fait de l'humour. Il aime rire des histoires tristes et de l'état du Monde. Depuis ses premiers films versaillais, il développe une fantaisie qui touche réellement à la poésie. Un héritier humble d'Etaix ou Tati. Un artiste que l'on peut suivre les yeux fermés.
Y compris pour des visites immobilières. Avec lui, la rencontre entre un agent, un propriétaire et un client peut être un moment de joie, d'obscurité et d'humanité. Nous suivrons donc les efforts d'Oracio et Catherine, deux agents immobiliers qui font leur maximum pour vendre une magnifique maison en piteuse état et un appartement tout neuf.
Les deux héros ont leurs soucis mais ils digèrent surtout ceux des autres lors de visites assez truculentes.
Sous la forme d'une comédie à sketchs, Bruno Podalydès réalise forcément un film inégal mais de toute façon les qualités de son cinéma généreux sont là.
Quelques passages sont faibles mais il parvient à croquer des personnages en quelques plans. Le cinéaste est excellent devant la caméra mais il donne un rôle inattendu et touchant à Karin Viard. Comme à son habitude, il réussit à passer de l'anecdotique à l'universel avec une gourmandise qu'il adore partager.
Pas bluffé par ce petit film bricolé, une visite dans votre ciné préféré pour le découvrir est tout de même conseillée.
Au cinéma le 07 juin 2023
Avec Karin Viard, Bruno Podalydes, Victor Lefevbre et Eddy Mitchell
1h30 - UGC
L’Inconnu de Cleveland, Thibault Raisse, 10/18


L’inconnu de Cleveland est l’un des trois premiers livres « true crime » de la collection Ohio / Society.
Pour mémoire Society s’était brillamment démarqué dans ce domaine en narrant l’affaire Dupont de Ligonnès lors d’une enquête fleuve en 2020.
C’est d’ailleurs l’un des auteurs de cette enquête, Thibault Raisse, que l’on retrouve ici.
L’auteur se penche sur un fait divers qui a laissé dans l’impasse les forces de police en charge de l’enquête et mis en ébullition la sphère des enquêteurs amateurs et professionnels dont internet regorge.
En l’espèce, un vieil homme solitaire est retrouvé mort dans son modeste appartement ; aucune empreinte n’est relevée ; aucun héritier ne se présente ni n’est retrouvé ; il est conclu à un suicide… Affaire classée !
L’affaire rebondit lorsqu’il apparaît que la victime vivait depuis un quart de siècle sous une fausse identité.
S’ouvre alors une seconde enquête : qui était la victime et que fuyait-elle ?
Ce livre, court, est éminemment prenant.
Il vous suffira d’un voyage en train ou d’un week-end pluvieux pour le dévorer.
L’auteur, journaliste de profession, possède une plume digne des meilleurs auteurs de polars.
L’ambiance est retranscrite de manière ciselée ; le lecteur est très vite captivé.
Le fait que les évènements relatés soient réels ajoute à cette envie irrépressible d’arriver à la fin des quelques 180 pages.
L’épilogue répond partiellement aux questions posées par l’auteur.
La réelle identité de la victime est bien révélée ; le lecteur pourrait y trouver une satisfaction.
Néanmoins, l’auteur n’est pas en mesure de préciser la raison pour laquelle la victime a fui son passé.
Quelques pistes s’ouvrent ; de la plus prosaïque (fuir des créanciers), à la plus intrigante (la victime pourrait être liée à une série de meurtres non résolus qui entête l’imaginaire collectif américain).
Ce livre constitue un excellent divertissement ; n’hésitez pas à le glisser dans un bagage cet été.
Paru le 1er juin 2023
10/18 Collection Society
198 pages / 7,50€
Antigone, Sophocle, Sébastien Kheroufi, Théâtre du Soleil


Autour du puits, dans un décor aride de plaine algérienne, Antigone et Ismène se retrouvent. Entre sœurs, elles prient et s’interrogent sur leur réaction face à l’édit du roi Créon de n’accorder qu’à un de leurs frères une sépulture et laisser l’autre en nourriture aux rapaces.
Antigone questionne avec toujours autant de force la soumission à l’ordre établi, les conflits d’intérêts entre le code d’honneur, l’amour de la famille, le respect de Dieu, des vivants et des morts. L’ entrée en scène de Créon nous vaut un fou rire totalement inattendu et si salvateur. François Clavier incarne le personnage avec bien plus de complexité et d’ambivalence que le simple tyran. Cette adaptation internationalise la colère d’Antigone. Elle lui donne une résonance très actuelle avec la présence de femmes aux destinées singulières. “Quatre femmes rencontrées au Foyer Emmaüs de Saint-Maur-des-Fossés. Quatre forces venues d’ailleurs ayant connu l’exil. Des Ismène, des Antigone. Elles forment ici le Choeur du spectacle”, nous explique le metteur en scène Sébastien Kheroufi. Et elles mettent leurs tripes sur scène. Avec gravité et dignité. Remarquablement mises en confiance par Edwina Zajdermann, très prometteuse, dont je salue ici la diction et la prestance.
Leur monde s’ouvre à nous, venant de sociétés où la mort est sacrée. On entend dans leurs cris la colère contre l’ordre établi dans leurs pays d’origine, leur indignation contre les lois dictées par les hommes. C’est comme une tribune ouverte de relecture de leur propre histoire que leur offre Antigone avec ses mots, son combat : “Ce n’est pas une honte de ne pas penser comme les autres”, “je ne souffre pas si l’honneur est sauf,” j’ai le droit d’enfreindre une loi si elle atteint en profondeur mes valeurs.
On peut regretter certains choix de mise en scène dans l’obscurité, la fin sanguinolente qui s’éternise.
Mais dès la sortie du théâtre, la lecture des textes lus en langue originale renvoie à l’essentiel : l’actualisation audacieuse de cette figure mythique. Cet hommage à des femmes oubliées de l’histoire comme Aline Sitoé Diatta, résistante sénégalaise, pacifique et écologique contre la colonisation française, réveille notre sens citoyen. Et l’on repart avec l’admiration chevillée au corps pour cette figure libre, résistante, insurgée, insoumise, radicale, courageuse, comme ces femmes du foyer Emmaüs.
du 4 juin au 1e juillet 2023
Pièce jouée dans le cadre du Festival départ d’incendies, festival de jeunes troupes que la metteuse en scène Ariane Mnouchkine accueille dans la salle de répétition du Théâtre du Soleil à la Cartoucherie dans le bois de Vincennes www.festival-depart-d-incendies.com
Misanthrope (To catch a killer), Damián Szifron, Metropolitan FilmExport


Voilà le genre de polar qu’on aime. Pas très poli et âpre. Une fiction qui en dit long sur notre monde et sa folie. Une vraie revanche du thriller au cinéma.
C’est un thriller qui nous met mal à l’aise. Il n’est pas spectaculaire ou sanglant. Non, il nous place dans une situation inconfortable. C’est ce qu’offre le cinéma, à la différence de la télévision : une réflexion ou un reflet de nos ambiguïtés. Pas que du divertissement. C’est exactement le principe de Misanthrope : le tueur du film serait presque sympathique.
Un sniper descend au hasard des personnes qui fêtent le Nouvel An à Baltimore. C’est la panique. Un agent du FBI repère une simple flic un peu plus futée que les autres et décide de lui demander son aide pour capturer l’insaisissable assassin.
On ne peut pas en dire plus, mais le cinéaste argentin Damian Szifron réserve tout un lot de surprises. A commencer par des personnages complexes qui vont vite nous fasciner. Finalement les enquêteurs finissent par admirer le monstre qui hante la ville. Le film observe effectivement cette haine de soi qui entraîne des choses insensées. Y compris chez nos héros.
Szifron retrouve tout le trouble qui faisait le charme des films de serial killers du début des années 90, comme Le Silence des Agneaux. La jeune Shailene Woodley nous rappelle Jodie Foster et on appréciera la partition solide de l’excellent Ben Mendelsohn en mentor jusqu’au-boutiste.
Le bien et le mal s’entremêlent et le réalisateur des Nouveaux Sauvages se permet un jugement sévère sur l’Amérique : le titre est clair sur le discours. Mais le réalisateur a surtout une sécheresse de ton qui finit par devenir une vraie virtuosité narrative. On est littéralement embarqués dans cette course contre la montre.
On pourrait crier au chef-d’œuvre mais hélas tout se casse un peu la figure dans la toute dernière partie, plus convenue et prévisible. Le besoin de tout justifier finit par gâcher un final un peu fade alors que tout le reste relève vraiment d’un possible classique. Misanthrope est un film passionnant qui ne demande qu’à être vu et revu pour y comprendre - bien plus qu’un polar - un point de vue sur l’état de nos sociétés fracturées. Épatant !
Sortie le 26 avril 2023
Avec Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo et Ralph Ineson
Metropolitan FilmExport – 1h 58min
Spider-Man : across the Spider-verse, Marvel


Venez découvrir Miles Morales, la petit bête qui monte, qui monte, qui monte...
Il nous fait surtout oublier un genre qui tourne en rond et devient le héros d'un film d'animation à l'hystérie graphique qui force le respect. Pas étonnant que les réalisateurs soient au nombre de trois. La surmultiplication des idées explose littéralement à l'écran. Ce n'est pas un film de tout repos.
On ne s'étonne pas de croiser au scénario et à la production les trublions d'Hollywood : Phil Lord et Christopher Miller. En matière de pop culture ils sont imbattables et on les remercie encore aujourd'hui pour Tempête de boulettes géantes et leur adaptation de 21 Jumpstreet ! Face à un mythe comme l'homme araignée, ils n'ont pas froid aux yeux et poussent le concept de multiverse jusqu'au paroxysme. Sans dénaturer la matière première : les enjeux émotionnels d'un super héros. C'est le grand sujet de Spider-man et tous ses clones.
La réalisation délirante se calque alors sur le tourbillonnant quotidien de Miles Morales, tisseur de Brooklyn et adolescent mal compris. Il vit bien dans son époque mais d'autres mondes vont s'imposer à lui et troubler la vie du jeune homme, de sa famille et quelques doubles maléfiques.
Plus contemporain qu'un sage Peter Parker, Miles Morales inspire une mise en scène absolument dingue. Elle est fatigante mais bien dans son temps : rapide, colorée et déstabilisante.
Mais aussi tellement plus intéressante que le moindre super héros apparu à l'écran depuis ces cinq dernières années. Film d'animation, le film a clairement de l'épaisseur. Il souffre d'une longueur inutile mais rafraîchit tous les codes en leur appliquant un traitement de choc. On en prend plein la tronche !
Un troisième volet est déjà en préparation mais ce dessin animé est à tout point de vue différent et doit être vu. Et revu. Jusqu'à ce qu'ils livrent tous ses secrets très inventifs !
Une bonne surprise.
Au cinéma le 31 mai 2023
Sony Marvel - 2h20
Noel Gallagher’s High Flying Birds, The Foo Fighters, Ben Folds

Cette semaine ce sont de vieilles connaissances qui font l'actualité. On le sait désormais : le rock est aussi un truc de vieux ! On aime bien la décharge post-adolescente des premiers albums. On reste dubitatif sur des albums qui se mettent à se répéter mais, de temps en temps, les rockeurs trouvent le moyen de se refaire et retrouver le mojo !

Quand il ne se moque pas de son frère, Noel Gallagher est capable d'écrire de bonnes chansons. On en trouve un certain nombre sur son quatrième album solo, Council Skies.
Le soupçon sur l'artiste : vouloir ressembler à l'un de ses idoles, Paul Weller. Comme lui, l'aîné des Gallagher aime bien triturer son genre de prédilection pour en sortir quelque chose d'original. Ça a donné des trucs parfois psychédéliques ou un peu fumeux. Cette fois-ci il fait dans la douceur. Son disque est tendre, à l'inverse de ses interviews belliqueux.
Avec une pointe de soul music, il fait une fois de plus évoluer son style. Ça fonctionne bien. De Manchester, avec son groupe High Flying Birds, il continue d'étudier et décomposer la musique d'Oasis. Mais il le fait sans mélancolie et avec une vraie amabilité qui s'entend au fil des titres.

Il y a aussi de beaux sentiments dans le onzième album des Foo Fighters. On se demandait comment le groupe allait réagir après la disparition de leur batteur, Taylor Hawkins. But Here We Are est donc la réponse à cette épreuve.
Après la disparition de Kurt Cobain, Dave Grohl s'est fabriqué une âme de guerrier du rock avec les Foo Fighters. Il devient ici une sorte de sage qui affronte la mort une fois de plus avec une énergie brute et lyrique.
On ne change rien mais ça change tout. Avec la tragédie les chansons sautillantes ont évidemment une autre saveur. Le groupe continue de dérouler son savoir faire. Riffs ravageurs, batterie malmené, chant protéiforme... Grohl semble lutter contre les mauvais esprits et résiste de la plus belle des manières ! Le rock des Foo Fighters est mainstream mais particulièrement touchant au fil de ces nouvelles chansons.

Ben Folds ne fait plus depuis longtemps dans le rock (faussement) sauvage. Dans les années 90 avec le Ben Folds Five, il avait fait le lien assez fou entre le grunge et Elton John!
Et le résultat était original. En solo, le chanteur pianiste est devenu l'un des plus convaincants disciples de Brian Wilson, héros torturé des Beach Boys. Il a donc beaucoup freiné le rythme et s'est pris de passion pour les arrangements.
Ses disques sont tous atypiques et souvent passionnants. Son petit dernier (après six de silence) ne renouvèle pas la formule. Une fois de plus elle est peaufinée par Ben Folds.
Tout est donc d'une finesse réfléchie. On adore aussi sa façon de croquer les petites choses de la vie avec ce goût pour la nuance et la mélodie. Il y a peut être un peu trop de nostalgie dans What Matters Most mais sa vision de la musique est quelque chose de rare donc précieux. Comme les autres briscards, leur expérience commence à faire la différence et dans ces trois cas cela réussit bien à leurs nouvelles aventures musicales qui pour une fois ne font pas dans la redite ronflant.
Noel Gallagher's High Flying Birds - Council Skies
The Foo Fighters - But Here We Are
Ben Folds - What Matters Most
Le beau mois de Mai… tal ! Lankum, Rodrigo y Gabriela, Metallica

Le beau mois de mai. La saison triste est derrière nous! Le jour s'impose sur la nuit. Le festival de Cannes va démarrer ! Les péteux vont s'installer sur les gradins de Roland Garros ! Et le Hellfest va rugir de nouveau !
Le métal n'est peut être pas le style de la maison mais il est de bon ton de s'y intéresser. Depuis un an, FIP diffuse une Web radio sur le sujet. Et que l'on n'aime pas les hurlements et matraquage de batteries n'empêchent d'étranges subtilités qui trouvent de l'écho dans nos petites têtes et nos petits cœurs. D'ailleurs les hardos sont réputés pour être de douces personnes en festival ou concert. Un pogo et de la courtoisie : un savant mélange !
Car cette musique de barbares qui va être célébrée au controversé Hellfest (trop gros trop cher trop tout) peut se trouver au delà de ses convention ultra identifiables !

Par exemple, False Lankum le dernier album des Irlandais de Lankum ! Ce que l'on entend : du folk et de la tradition. Ce que l'on ressent : du bizarre et du sombre !
Le quatuor serait un rejeton du Moyen-Age de tous les groupes de métal qui crachent leur malaise et la folie du Monde. Virtuoses avec de vieux instruments sortis d'un bois ancestral, les musiciens de Lankum proposent un style obscur et fascinant.
Les chansons s'articulent sur un côté lugubre que l'on porte peu au folk. On connaît les ballades tristes mais les Irlandais poussent leur musique vers une vraie angoisse qui s'expriment sur des styles plus extrêmes. Pour ceux qui ont peur des décibels. Lankum est une solution.

Si vous vous voulez approcher le style sans trop vous abîmer les tympans ou craindre la foudre, il y a aussi les acoustiques Rodrigo y Gabriela.
In Between Thoughts...A New World, leur sixième album est de nature calme et posée. Ce qui est étonnant pour ce duo qui vient de la scène trash mexicaine. Connus pour leurs reprises acrobatiques de hits du hard rock, ils reviennent avec de nouveaux bidouillages autour de leurs six cordes.
Ça peut être très élégant sur certains morceaux avec des textures de chansons assez expérimentales! De temps à autre on est plutôt dans une bande son d'un film de Robert Rodriguez, entre Desperados ou Machete.
C'est kitsch mais ce n'est pas forcément un mal. Et on sent toujours et encore ce goût pour le spectaculaire venu des années électriques du duo.

Après ces deux étapes exotiques, revenons vers des choses plus électriques et le retour des vieux pistons du métal. Metallica revient et c'est totalement accessible à tous ! Les puristes vont râler une fois de plus mais bon après 40 ans de service, le groupe californien n'arrive plus à sortir la perle noire, concise et agressive...
A la place, on a le droit à un enchaînement de morceaux de bravoure ! Le bassiste nous fait hérisser les poils avec quelques lignes bien écrasantes tandis que le batteur brutalise son instrument avec une impressionnante dextérité.
Les guitaristes se découpent les doigts sur des riffs héroïques et on assiste à un cours sur le tricot métallique !
Comment l'ensemble finit par être un truc harmonieux et abordable ? Lars Ulrich et ses potes ne veulent plus faire peur. Ils défendent leur métal bien sous tout rapport et si ça énerve les anciens, on remercie Metallica de ne pas essayer de choquer le bourgeois. Ça ne serait pas trop crédible.
A la place, des chansons simples et généreuses pour faire des grand huit sonores avec tout le barnum du genre : thématiques glauques, pas de slow et pirouettes électriques assez efficaces! Metallica ronronne un peu trop longtemps mais en ce début de mois de mai, on va commencer mollo, profiter des ponts et si ça vous intéresse jetez une oreille sur la copieuse programmation du Hellfest ... en espérant que cette petite préparation vous aura aidée !
Lankum - false lankum
Rodrigo y Gabriela - in between thoughts a New world
Metallica - 72 seasons
Les larmes du Reich, François Médéline, 10/18


En 1951 dans la campagne française, un couple paisible est retrouvé assassiné tandis que leur fille a disparu. Un étrange inspecteur est dépêché de Lyon pour tenter de résoudre ce crime qui a un rapport avec la Seconde Guerre Mondiale.
François Médéline soigne son écriture et l'on sent qu'il aspire à être un écrivain littéraire. Il ne résiste pas au plaisir coupable de se livrer à des descriptions lyriques. C'est poétique, mais un rien ampoulé.
" La façade drague le midi pour cueillir le soleil de l'hiver. Elle est recouverte d'un ampélopsis pour se cacher de l'été. Par delà reprend la prairie, délimitée par des haies, une charmille de mûriers et puis, il le mettrait à quatre lieues, un massif anthracite dessinant, en son extrémité septentrionale, trois becs de calcaire. " (page 16)
Heureusement, on rentre vite dans son style, et dans le vif du sujet. Très rapidement, on pressent qu'avec son vélo et ses obsessions, le personnage principal, "l'inspecteur", est plus que limite. Et c'est ça qui est bien ! C'est cette étrangeté du flic, du héros, qui rend le livre si particulier et intéressant. Il prie avec bien trop de ferveur pour être catholique ! Le suspens monte efficacement et il vous faudra un peu de patience pour comprendre ce qu'il cherche à résoudre exactement dans cette affaire de double meurtre et de disparition, la clé n'étant donnée qu'à la fin du livre.
Ce roman qui se lit d'une traite est bien fichu et instructif, avec un regard légèrement décalé sur l'histoire de la dernière guerre mondiale. Un petit plaisir, même si le sujet est grave.
Paru en poche le 06 avril 2023
chez 10/18 Polar
192 pages / 7,50 €



