« Ich sah: Das Lamm auf dem Berg Zion, Offb. 14,1 », WÖLFL VA et Neuer TANZ

article_3443Du 24 au 29 mars, le Théâtre de la Ville invite le plasticien allemand Va Wölfl et sa compagnie Neuer Tanz pour cette nouvelle création. Absolument bouleversante.

 

 

Le parcours et le travail de Va Wölfl sont tout à fait uniques et saisissants. Après avoir commencé ses recherches plastiques en tant que peintre (élève d’Oskar Kokoschka) et être ensuite passé à la photo, l’artiste base aujourd’hui ses créations sur la mise en scène de danseurs, sur des scénographies à la fois froides et accueillantes, sur une alternance maîtrisée et impressionnante de sons doux et violents, sur une forte théâtralité qui travaille la scène dans ses trois dimensions.

 

 

Dans cette dernière chorégraphie présentée pour la première fois au Théâtre de la Ville, Va Wölfl réfléchit sur la violence du quotidien dans un espace semi vide dans lequel les danseurs, en habits d’employés, chantent, bougent, effectuent des mouvements de danse classique… et gardent toujours dans leurs mains des pistolets. La violence commence là, par cet objet omniprésent, qui plonge les spectateurs dans un état de trouble permanent. Les actions de danseurs surprennent tout au long de la création bien que tout geste soit travaillé dans la durée et la répétition. Une réflexion – explicitée également par les paroles d’un des danseurs - sur l’agression envers les spectateurs et sur l’ennui, ainsi que sur l’attente d’un aboutissement qui n’arrive jamais. Va Wölfl interroge ainsi le sens à donner à un spectacle – et le sens d’aller le voir. Toute référence, tout point d’appui est mis à mal.

 

 

Le spectateur se retrouve désorienté dès le début : dans son impatience avant que le spectacle ne commence, dans son attente que les gestes des danseurs acquièrent un sens ou qu’ils évoluent, dans le choc des lumières et des sons, dans une conclusion qui n’en est pas une. Le spectateur ne cesse jamais d’être conscient de sa place… de cette place bien bizarre dans une salle où entre les fauteuils ont été disposés des arbres qui empêchent une vue dégagée de la scène et qui créent une relation tout à fait particulière avec elle.

 

 

"Ich sah" se révèle une création à la fois gênante et enthousiasmante grâce à sa capacité de remettre en question tous les automatismes de protections et de compréhension des habitués des spectacles, et plus en général des passionnés d’art. Où placer le plaisir de la fréquentation de l’art ? Jusqu’où accepter d’être bouleversé, de ne pas comprendre le sens de ce qui se passe sur scène, de perdre tout repère en tant que spectateur ?

 

 

Va Wölfl met à l’épreuve son public avec humour et brutalité et réussit tout à fait dans son but.

 

 

 

 

http://www.theatredelaville-paris.com/

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com - 31/03/2011

Albertmondialiste – Albert MESLAY

 Albertmondialiste
Devenez albertmondialiste ! Rigolons durable !

Au Forum Léo Ferré d’Ivry-sur-Seine, ce samedi soir, les spectateurs ont déjà mangé et bu quelques verres. L’ambiance y est conviviale. Tout le monde discute avec tout le monde. Une proximité de corps et d’esprit. Tous attendent le plus grand imitateur de Pline l’ancien.

Le voilà. Cheveux bruns en arrière, brushing et moustache épaisse, mine réfléchie, Albert Meslay entre sur scène et pose rapidement les bases de son univers absurde. Albert est un friand des mots et de l’improbable. Avec le plus grand sérieux, il expose ses choix et ses opinions. Tout tient en quelques mots : raisonner avec rigueur sur une ubuesque réalité.

Après un recul sur l’histoire de l’écriture, il en vient à parler de la sienne, prévenant le spectateur que les quelques bafouillages de diction sont la simple expression de ratures explicitement écrites dans le texte. Ce soir, il choisit de s’exprimer en langue française car c’est la plus facile à comprendre.

Puis les bons mots s’enchainent et les éclats de rire avec. Albert est pataphysicien. Son art de la déclamation est un hymne à l’absurdité du raisonnement humain. Une liberté de pensée débouchant sur un humour noir bien plus révélateur que tout one man show grimaçant et séducteur. On rit de nous-mêmes et d’une époque qui se prend au sérieux et parvient à banaliser l’intolérable.

Albert propose ainsi d’aider les pauvres à rester pauvres en envoyant des missionnaires. Il faut leur expliquer que le bonheur est beaucoup plus spirituel qu’humain, que la jalousie et l’envie sont de biens mauvais sentiments et que le scooter des mers est incompatible avec le bouddhisme…

Albert pense. « Est-ce que le poisson a conscience d’être mouillé ? » , « La planète sera sauvé par des fainéants », « Le rentier est un chômeur qui s’auto indemnise », « Si les riches ont du bien, les pauvres ont du mal », « Est-ce que les athées décédés se retrouvant au paradis font la gueule ? » »De la retraite personne n’en sort vivant », « Il vaut mieux des emplois fictifs que pas d’emploi du tout » « L’éternel c’est combien de temps ? » Le spectacle est tout simplement merveilleux de non-sens, visant à chaque fois avec justesse les travers de notre monde contemporain.

Alors on se laisse embarqués, en rêvant de jouer avec Albert au « jeu des 7 familles recomposées », en se promenant avec Pline l’Ancien ou le Dalaï Lama dans les rues de Perros-Guirec, en écoutant une histoire porno celte au coin du feu, en croyant à sa théorie de l’alcool renouvelable –picolons durable avec des tournées renouvelables !.. Une soirée mémorable.

« Selon les experts internationaux… », Albert est bien bel artisan de la langue française. Un militant de l’humour. Il mérite plus qu’une oreille attentive. A voir. Zigomatiques et imagination en action. Une rareté.

 

Sébastien Mounié © Etat-critique.com - 24/03/2011

Les Monstrueuses Actualités de Christophe Alévêque

« L’Homme est bon. Sauf des fois, sauf des fois. L’Homme est beau. Sauf des fois. »

aleveque

 

Christophe Alévêque est impitoyable. Il entame en début de spectacle une revue de presse du pire, égrenant comme un chapelet des faits d’hiver tous plus sordides les uns que les autres, et les agrémentant de commentaires émétiques. Il ponctue le récit de parents qui prostituent leurs enfants et les font participer à des films pornos, par un horrible « Pour une fois que les enfants servent à quelque chose. » !

Il fustige le politiquement correct, qui interdit d’aller aux putes, mais pas d’en être une (à propos de Bernard Kouchner). Il tape à droite (« Hortefeux, le seul ministre de la Vème République condamné pour injure raciale, mais qui n’a pas encore démissionné. L’exception culturelle française ») et à gauche (« La Tunisie est un exemple, elle prouve que sans parti d’opposition, on peut se débarrasser d’un Président. Nous, en France, le problème, c’est qu’on a un parti d’opposition »).

Alévêque tente vaillamment d’échapper au piège qui consisterait à taper sur Sarkozy, cible trop facile mais inévitable des humoristes. Il ne pourra pas s’en empêcher et ne résistera pas au plaisir de glisser quelques peaux de bananes sous les talonnettes présidentielles.

Fin 2009, Alévêque nous avait régalés avec une excellente revue de presse à la fin de son spectacle Christophe Alévêque est Super-Rebelle.

Il renouvelle l’expérience cette année avec un enthousiasme émoussé. Christophe Alévêque hésite sur son texte. S’il sait où il veut en venir, il a du mal à nous mener jusqu’à la chute, si bien qu’il ponctue sa revue de presse de dizaines de « Bon », « Euh… Euh… », et autres « Bon ben », assez déplaisants.

Certes, les textes collent tant à l’actualité immédiate que Christophe Alévêque ne doit avoir le temps de les apprendre par cœur, mais j’aurais préféré qu’il lise franchement son texte, quitte à être moins mobile sur scène.

C’est très dommage car, sur le fond, Alévêque tape fort et vise juste. Il met en exergue le tsunami d’informations qui nous noie et nous abrutit à longueurs de journaux et de journée. Il fustige le sentiment d’angoisse que les médias entretiennent savamment, comme pour alimenter notre peur panique du terrorisme, de la grippe, de la neige etc. … Une angoisse qui fonctionne comme un « épouvantail à cons », et qui détourne notre attention des sujets vraiment importants.

Comme dans Christophe Alévêque est Super-Rebelle, l’humoriste ne peut s’empêcher de pousser la chansonnette enragée, accompagné de ses trois musiciens impassibles. Encore un qui aurait voulu être une rock-star…

Peut-être est-il temps de changer de formule ?

http://www.theatredurondpoint.fr/

 

Hypernuit / Bertrand BELIN / (Wagram -Cinq7 – 2010)

hypernuit

Un album de toute beauté pour les amateurs de balades célestes et douces.

Hypernuit équilibre l’art du toucher des mots à celui des guitares. Une admirable symbiose.
Minimaliste. Bertrand Belin est un dandy qui pose les mots comme des notes à moins que ce ne soit l’inverse. Le silence des mots est aussi important que le sens des mots eux-mêmes. Débutant chaque chanson par des introductions rythmiques à la guitare ou des boucles d’arpèges, Bertrand prend le temps de lancer mots, propositions ou phrases selon l’espace qui s’offre à lui.

Minimaliste et impressionniste. A petite touche, l’artiste compose une palette de guitares qui font souvent pleurer les notes. Il est question de chiens, de maisons à vivre, de courage et de rencontre. De soleil et d’homme attendant debout, de frère maudit, de chaleur et de peau. Ann Guillaume à la voix et Tatiana Mladenovitch à la batterie amplifient un plaisir mélodique qui met à l’honneur des couleurs folks somptueuses. La voix en avant de Bertrand brise la narration habituelle pour ne laisser qu’une impression, une vision déformée du réel saisit par une émotion musicale. Une harmonie de langage qui prend le risque de la liberté et de l’improbable sonore.

Le vertige est horizontal. A écouter Y’en a-t-il ou Ne sois plus mon frère, on tombe sous le charme et on aimerait que la musique poursuive inexorablement la flèche du temps. Cela pourrait durer des heures. Les cordes fredonnent down tempo avec des arrangements d’une étonnante simplicité. Les nappes de Long lundi en disent long. Quant à Chaleur, c’est tout simplement sublime de justesse.

L’album se savoure au casque, en marche nocturne. En pensée. En douceur. Hypernuit.

 

Sébastien Mounié

3Abschied, Anne Teresa DE KEERSMAEKER et Jérôme BEL

article_3116La rentrée du Théâtre de la Ville ne pouvait pas se passer du nouveau spectacle d’Anne Teresa de Keersmaeker, une mise à nu passionnante du processus de création.

 

 

Pour 3 Abschied Anne Teresa de Keersmaeker collabore à nouveau avec l’ensemble Ictus, composé de treize musiciens qui occupent le centre de la scène. Au début du spectacle Anne Teresa, habillée d’un pull noir, d’un paire de jeans assez larges et de grosses chaussures de marche, se positionne latéralement, règle elle-même les lumières de la salle et met dans un lecteur le CD Der Abschied, le tout dernier volet de la partition Das Lied von der Erde de Gustav Mahler, qu’elle interrompt ensuite brutalement. Puis, pendant une vingtaine de minutes, elle parle au public et explique la genèse de ce spectacle.

Comment réaliser une chorégraphie actuelle en utilisant une musique du romantisme allemand qui traite de l’acceptation de la mort ? Comment les mouvements contemporains des corps peuvent-ils représenter la transcendance exprimée poétiquement par les trois poèmes chinois dont Mahler se sert pour composer son Lied ?

Avec ironie et précision Anne Teresa de Keersmaeker et Jérôme Bel déconstruisent le processus de création chorégraphique en faisant participer le public à leurs interrogations, en nous soumettant les trois variantes conçues pour confronter la danse contemporaine au thème de la mort et du retour à la terre.

Dans la première variation Anne Teresa de Keersmaeker danse parmi les musiciens, presque de manière maladroite, inachevée, tout d’abord en accueillant et reformulant de manière bouleversante les gestes du mezzo-soprano Sara Fulgoni. Pour la deuxième tentative de mise en mouvement du Lied de Mahler, suite à l’intervention explicative sur scène de Jérôme Bel, ce sont les musiciens eux-mêmes qui représentent deux fois de suite la mort. Finalement, pour la dernière variation sur l’œuvre de Mahler, Anne Teresa de Keersmaeker reste seule avec le pianiste et s’abandonne au chant et à la danse avec intensité et humour. Elle met en scène une fragilité saisissante, un désir de musique captivant, une recherche à vif des possibilités gestuelles, du risque créatif.

Encore une fois Anne Teresa de Keersmaeker conquiert le public, surprend, amuse et envoûte : l’acceptation de la mort devient une forme à la fois dure et légère de mouvements, aux rythmes savamment irréguliers.

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com - 16/10/2010

Hilfe Kommt / DEZ MONA / (62TV records / PIAS 2010)

DEZ

Vous cherchez un album de chevet à écouter en boucle, le voici. Hilfe Kommt de Dez Mona.

Après Absynthe Minded, voilà maintenant Dez Mona. Mais que se passe-t-il chez les Belges ? Car autant le dire, les groupes font plutôt très fort en matière musicale ces dernières années. Moins jovial qu’Absynthe Minded et plus proche de Nick Cave, Dez Mona met la barre très haute. Comme Absynthe Minded,  Dez Mona a le bon goût d’introduire dans sa musique des instruments à cordes rêveurs et planants. Violons et piano ont souvent le beau rôle.

La voix de Gregory Frateur penche volontairement sur la sobriété et l’émotion avec une expressivité qui rappelle les élans d’une Sophie Hunger. Avec cinq morceaux sur dix dépassant les cinq minutes, on comprend que l’émotion prend la place dont elle a besoin dans un univers musical qui prend le temps de poser ses respirations et ses coups de gueule sur fond de violon.

Les chœurs sont souvent simplement magnifiques comme dans Get Out of there qui alterne chant percutant et nappe vocale sur des accordéons dissonants. Superbe orchestration qui joue sur les puissances vocales du groupe. Les chœurs ne font pas semblants. On n’est pas dans une réalisation qui cherche le morceau de 3’30 à passer en playlist radio et ça fait du bien ! Dans la même veine, Carry out est à tomber par terre. Le gospel jazzy n’est pas loin. On reste à l’écoute du début à la fin de l’album. L’expressivité est assumée et prend toute son ampleur dans le narratif Jack’s hat, une ode fantastique où le chanteur est poursuivi par une créature digne d’Halloween…

Il existe chez Dez Mona un évident goût pour le spectacle et la théâtralisation des sentiments. La chaleur de l’ensemble contraste avec une voix au timbre particulier qui frise parfois avec l’androgynie jazzy d’une Nina Simone. Un cabaret rock-jazzy qui n’hésite pas à jouer avec l’étrangeté. Tous les ingrédients sont là pour le succès. Un vrai talent musical qui ne demande qu’à rencontrer le grand public. A découvrir, un très bel album.

http://www.dezmona.com/
facebook

 

WALKING NEXT TO OUR SHOES… INTOXICATED BY STRAWBERRIES AND CREAM… WE ENTER CONTINENTS WITHOUT KNOCKING…, Robyn ORLIN

article_3097Les créations de Robyn Orlin, chorégraphe blanche sud-africaine qui depuis les années 80 interroge l’apartheid et le fléau du sida dans son pays, sont toujours sujettes à controverses.

 

 

En mélangeant théâtre, danse et chant de manière intense et directe et surtout tentant toujours une implication des spectateurs en faisant déplacer les artistes dans la salle, Orlin met en scène les problématiques actuelles de la population sud-africaine.

Pour cette nouvelle création Orlin a choisi de travailler avec les Phuphuma Love Minus, une chorale amateur zouloue, et de construire son propos chorégraphique à partir de leurs chansons et de leurs danses et en intégrant sur scène des images vidéos projetées sur du papiers roulant accroché au plafond.

Au début du spectacle une grande théâtralité envahit la scène grâce à l’emploi de lampes portables qui dessinent les corps au fur et à mesure qu’ils bougent. Ironie, amusement, grands moments de joie et d’énergie alternent avec d’autres plus dramatiques. La danse et les chants crient les problématiques liées à la pauvreté, à l’apartheid et au sida.

La gravité des sujets politiques et sociaux traités touche bien sûr le public, ému par l’intensité de la performance de la dizaine d’artistes présents sur scène et en salle.

Il est pourtant difficile de discerner la portée chorégraphique de cette création qui par moment apparaît bien trop simpliste et cliché. Le jeu des lumières et des images vidéo semblent un pur accompagnement au spectacle de Phuphuma Love Minus, comme si Robyn Orlin leur avait donné carte blanche en se limitant à s’occuper de l’élément scénographique.

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com - 09/10/2010

La pecora nera, Ascanio CELESTINI

article_2945Le 29 juin , à l’intérieur du mois de programmation consacré à la production théâtrale italienne, était en scène au Théâtre de la Ville le comédien Ascanio Celestini avec son monologue La Pecora Nera (La brebis galeuse).

 
Les spectacles d’Ascanio Celestini (connu principalement en Italie pour ses monologues comiques et provocateurs à la télé en fin de soirée, dans les émissions humoristiques de Serena Dandini) sont populaires et appréciés grâce au mélange toujours magistralement dosé d’histoire, de critique sociale et de fiction poétique, d’ironie et de douceur humaine.

Ses créations théâtrales, comme par exemple La Fabbrica (voir précédente critique de l’adaptation française mise en scène au Théâtre des Abbesses cet hiver), traversent des décennies cruciales du passé récent de l’Italie, font surgir avec force des figures de personnages fictionnels mais emblématiques, incroyablement touchants et riches, et frappent pour par  leur acuité, la profondeur des analyses sociales sous-jacentes, pour et l’humorisme toujours présent.

Avec La Pecora Nera, Celestini part des mêmes présupposés : cette fois il s’agit de raconter les asiles psychiatriques des années 60 essentiellement à travers le point de vue de Nicola qui y a passé 35 ans de sa vie. Le récit est décousu, fantaisiste, riche de digressions. Et pourtant, dans La Pecora Nera, le monologue de Celestini, tandis que toujours intense et éclatant dans les spectacles précédents,  donne une impression de pauvreté de contenu, d’idées qui tournent en rond et qui peinent à prendre leur envol : les mêmes plaisanteries salaces faciles reviennent un peu trop souvent, la répétition assidue de certaines expressions a un air de faiblesse, de manque de rythme signifiant. Plus généralement, quelque chose ne marche pas au niveau poétique : le spectacle manque d’efficacité, de force, de brillance.

La critique anticléricale ininterrompue et la comparaison de l’asile psychiatrique avec le supermarché pourraient être très intéressantes, mais s’insèrent mal à l’intérieur de la construction du monologue

Restent la beauté inoubliable du témoignage, également en audio, de Nicola et la force de sa réflexion sur l’univers des asiles psychiatriques, de l’imperméabilité dans laquelle ils sont enveloppés : “Come è possibile stare dentro e non uscire fuori, come è possibile stare fuori e non sapere cosa succede dentro?” (“Comment est-il possible d’être à l’intérieur et de ne pas en sortir, comment est-il possible d’être dehors et de ne pas savoir ce qui se passe à l’intérieur ?”)

 

 

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com - 03/07/2010

Business is Business, Compagnie PAS DE DIEUX

article_2878Pour achever ce mois de mai consacré à la danse, le Théâtre du Lierre propose un spectacle qui rentre plutôt dans la catégorie de “théâtre physique” ou “gestuel”.

 

 

Deux hommes et une femme, trois tables et trois chaises, et, après, un escabeau : voici la scène, sobre, simple, mais qui se prêtera facilement aux jeux des acteurs, capables de faire imaginer plusieurs situations et ambiances.

 

C’est le monde de l’entreprise, avec son paysage sonore typique (téléphones qui sonnent, claviers d’ordinateurs en action) et ses protagonistes multiples (employés, chefs, personnels de service). Presque sans mots, les trois acteurs créeront une véritable histoire, en assumant au fur et à mesure tous les rôles requis par le contexte.

 

Une gestualité qui mélange des moments saccadés (rappelant par exemple l’esthétique de l’aliénation ouvrière de Metropolis de Fritz Lang) avec d’autres plus fluides et délicats. Malgré une répétition excessive et une certaine longueur dans l’ensemble du spectacle, dans l’intéraction des corps et de leur expressivité individuelle se déploie une ironie délicieuse, une profusion d’états perceptifs liés au monde du travail, à ses enthousiasmes d’équipe, à la cruauté de la compétition et à la dictature des ventes.

 

Aux frontières entre danse, théâtre et mime, ce spectacle surprend pour sa tendresse et fait surgir facilement des sourires sur les lèvres du public, tout en laissant un halo de tristesse qui entoure la vie quotidienne, avec ces gestes et ces histoires, à la fin du compte, ridicules.

 

Et, pour conclure, un appel à soutenir le Théâtre du Lierre en danger de disparition !

 

http://www.letheatredulierre.com/

 

 

 

Gloria Morano & Flavia Ruani

© Etat-critique.com - 29/05/2010

RÊVE GÉNÉRAL / Agnès BIHL / (Banco Music-2010)

reve

Agnès Bihl nous appelle au rêve général. Un nouveau virage pour cette chanteuse qui nous avait ému lors de son précédent album, Demandez le programme, plus rebelle et intimiste.

Agnès Bihl nous appelle au rêve général. Un nouveau virage pour cette chanteuse qui nous avait ému lors de son précédent album, plus rebelle et intimiste. Pour cet album, Agnès Bihl invite des artistes comme Grand corps malade, Alexis HK, Didier Lockwood ou Dorothée Daniel qui signe à elle toute seule plus de la moitié des paroles de l’album.

Si le duo avec Grand Corps malade est plutôt maladroit, le texte tombe à plat à côté de la qualité des autres textes, le reste des rencontres apporte un nouveau souffle à Agnès Bihl qui emprunte des chemins plus légers comme dans De bouche à oreille, petite cantate enfantine optimiste sur le devenir de la planète, reprise en chœur par des enfants.

On retrouve toute l’énergie d’Agnès Bihl qui déclame des textes sur des airs de musette et de swing manouche. Les grands styles populaires des heures de gloire de la chanson française sont déclinés, de la valse au tango en passant par le blues. Le rythme est souvent soutenu et met en avant une gaieté même lorsque le questionnement sur l’amour est présent dans C’est encore loin l’amour ?. ou Habitez-vous chez vos amants ? avec Alexis HK.

Je pleure, tu pleures, il pleut est une jolie chanson d’amour accompagnée au piano qui donne envie d’en entendre plus. L’acoustique met davantage en valeur les textes que lorsque l’orchestration est nombreuse. On se dit alors qu’un album sur ce mode aurait pu tenir largement la route. A ce titre, le SDF Tango avec accordéon chromatique, violon, est une belle réussite, comme Véro qui prouvent encore une fois que c’est dans l’équilibre entre un beau texte et une orchestration acoustique simplifiée mais de qualité qu’Agnès Bihl est la plus touchante et la plus convaincante.

http://www.agnes-bihl.fr/

 

Trending

Most Discussed

F.A.I. 2009 / BERTRAND BELIN et TATIANA MLADENOVICH

Et la laïcité bordel !

Diamond Dogs / David BOWIE / (EMI – 1974/ Rééd.2004)

Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu?