Art-scène, Théâtre

Introspection, Peter HANDKE et Gwenaël MORIN

article_3751Un monologue à plusieurs voix entre ironie, rage et surprise. Introspection de Peter Handke, reproposé au Théâtre de la Bastille par Gwenaël Morin, plaît pour son minimalisme intense et efficace.

 

 

Introspection, dans la version de Peter Handke, était prévu pour deux comédiens : un monologue partagé, un « je » à deux, la mise en scène d’une complémentarité homme-femme.

 

Gwenaël Morin transforme ce dualisme en multiplicité en mettant sur scène huit comédiens, quatre femmes et quatre hommes.

 

Le monologue, cette « introspection » – qui se rapproche plutôt du bilan d’une vie, d’une liste de faits comique, dramatique ou enragée selon les moments – est joué la plupart du temps à une seule voix, il amplifie la puissance de la première personne. La force vocale de ce groupe qui dit « je » crée une distance ironique vis-à-vis de la narration subjective, une tension pour laquelle l’histoire d’une vie, l’énumération des actions, des limites, des règlements, des possibilités, acquiert une abstraction sonore.

 

La richesse rythmique et poétique du monologue, le jeu des répétitions lexicales, des assonances, des variations et des subtils éloignements thématiques, accompagnés d’un minimalisme scénique performant nous fait aimer cette proposition théâtrale, bien que le contenu du discours tourne parfois en rond dans sa représentation d’une solitude finalement assez snob vis-à-vis d’une société faite d’obligations et de restrictions peinte de manière bien trop simpliste.

 

L’égo du metteur en scène est finalement le seul « je » dont il est question dans le spectacle, ce qui affaiblit partiellement la force du jeu collectif.

 

http://www.theatre-bastille.com/

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com – 19/09/2011

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