Karate Kid: Legends, Jonathan Entwistle

Nous entrons dans la salle,c’est une grande pièce à gradins. On remarque que beaucoup de personnes sont venues a l’avant première de Karaté Kid. Est-ce parce qu’elles attendaient la séance depuis trois semaines ? Ou parce qu’elles n'avaient rien à faire d’autre et qu'en cette période de canicule, le cinéma climatisé était une bonne option ?!

La séance commence et, après quelques pubs, on voit écrit en grand sur l'écran « faites attention à la marche en descendant de votre fauteuil ». Petite barre de rire, mais il faut se concentrer, le film commence…

A l'image, une académie de karaté où s’entrainent des enfants, des ados, bref des personnes de tous les âges. En arrière plan, un garçon (Li Fong, le personnage principal) en train de s’entrainer de son coté et puis qui part se cacher car sa mère arrive. On en déduit que sa relation avec sa mère est légèrement compliquée.
La mère annonce à l’entraineur (qui se révèle être son frère) qu'elle part à New-York et qu’il faudra l’expliquer à son fils quand il daignera sortir de sa cachette. Li, qui a tout entendu, court vers sa mère en lui disant qu’il n’est pas d’accord pour partir. Elle le réprimande et lui dit qu’il n'a pas le choix et qu'une fois là-bas il devra arrêter le karaté car elle a "déjà perdu un fils et ne veut pas en perdre un deuxième ».

Mais cela va-t-il arrêter Li Fong ????

On se doute que non, mais pour en savoir plus il vous faudra aller voir le film !

Franchement, le film est très bien. On y voit des combats et des techniques très impressionnantes. Même l’histoire - à ma grande surprise ! - est belle aussi. Donc, c’est super et je vous conseille vraiment d’aller le voir ne serait-ce que pour être ébloui.e par les coups et les techniques de karaté.

                                                                                                                                                                                                   Norma 11ans  

Au cinéma le 13 août 2025
De Jonathan Entwistle
Avec Ben Wang, Jackie Chan, Ralph Macchio
Durée 1h 34min

Jurassic World : Renaissance, Gareth Edwards, Universal

Quel est le repas préféré des dinosaures? Le scénariste bien entendu.

Le précédent volet conclut de la pire des manières la saga initiée en 1993 par Steven Spielberg : un gros patchwork informe avec le scénario le plus crétin de toute la série. Un astéroïde avait détruit tout bon sens dans ce film totalement improbable.

Cette fois-ci, Universal est allé chercher le scénariste des deux premiers films pour voir s’il pouvait encore avoir de la vie dans cette série aux dents longues mais aux idées assez courtes.

Pour se donner toutes les chances, le studio a choisi Gareth Edwards pour réaliser le nouvel épisode. Depuis son premier film, Monsters, il tente de trouver de l’émotion dans des histoires incroyables, peuplées de créatures inquiétantes et merveilleuses. Le réalisateur s’offre au système hollywoodien mais ne se laisse pas faire.

Si son Godzilla fut décevant, Rogue One, une aventure Star Wars était une bonne surprise ainsi que son film personnel de SF, The Creator. Dans l’emphase, il aime instaurer de la compassion, des moments arrêtés et de l’humanité. Ce cinéaste est un contemplatif qui se retrouve aux commandes de gros films d’action.

Dans ce nouveau Jurassic World, on a l’impression de suivre une version dinosaures de Monsters, le premier film de Edwards. Héros isolés. Environnement peu enclin à accueillir des hommes. Monstres plus ambigus qu’il n’y parait. Edwards arrive à amener le film vers son univers étrangement feutré, fait de personnages qui tentent d’échapper aux dinos mais aussi aux conventions. On s’étonne de la tendresse de la mise en scène pour les personnages centraux. Edwards leur souhaite un meilleur sort que de simples stéréotypes réutilisables.

Scarlett Johanssen semble bien s’amuser mais le reste du casting est aussi attachant malgré le très voyant carnet des charges du studio : avide capitaliste, famille malmenée mais famille tout de même, soldat qui a le sens du sacrifice etc.

Oui. Une fois de plus, le scénario devient de plus en plus basique pour offrir un vrai parc d’attraction aux spectateurs qui de toute façon sont là pour voir de la grosse bestiole avec des écailles et des grandes dents. Pour cela on est bien servis. Et le film se limite à être un gros film d’aventures un peu idiot mais jamais dénué d’idées sympas. L’attaque sur l’eau a un aspect king-konguesque qui réjouit, et plus on avance dans l’île perdue, plus les dinosaures dégénèrent vers des créatures cauchemardesques jusqu’à un gros machin balèze qui aurait pu avoir sa place dans l’univers de Lovecraft.

Jurassic World est donc de nouveau un gros barnum que l’on peut visiter. 

Au cinéma le 04 juillet 2025
Avec Scarlett Johanssen, Marhershala Ali, Jonathan Bailey et Manuel Garcia Rulfo - Universal - 2h10

Les 4 Fantastiques : premiers pas, Matt Shakman, Marvel Studios

Enième film de la maison Marvel et (encore) nouvelle tentative de redémarrer un peu l’enthousiasme autour des super héros. Avec, cette fois-ci, quatre fois plus d’efforts !

C’est la crise chez Marvel. Depuis Avengers Endgame, le studio essuie des échecs artistiques ou commerciaux. Dans la plupart des cas, ce sont les deux. Après l’intéressant Thunderbolts (qui n’a pas eu le succès attendu), c’est donc aux 4 Fantastiques de rendre un peu de brillance (vintage) à Marvel avant un nouveau retour des Avengers attendu pour l’année prochaine.

Pourtant les 4 Fantastiques sur grand écran, c’est une passionnante histoire du nanar. Il y a eu une première tentative conçue avec les moyens dérisoires du studio de l’impayable Roger Corman.

Puis la 20th Century Fox a proposé une version mignonne avec un diptyque familial, aux blagues potaches et un style sitcom peu engageant. En 2015, une version teenagers s’est totalement plantée et reste encore aujourd’hui un des plus jolies plantages à Hollywood. Bref rien de merveilleux.

Et dix années après ce crash test monumental, revoilà donc la Chose, la Torche Humaine, Mr Fantastic et la Femme Invisible. Des noms un peu kitsch pour une version qui va clairement se tourner vers un style rétro futuriste. Pour faire simple, les super héros évoluent dans le monde de Mad Men.

Dans un multiverse, les 4 Fantastiques sont donc les uniques protecteurs de la Terre. Ils ont de beaux costumes car la technologie n’empêche pas l’élégance et le style. L’American way of life est triomphant et à la tête de ce monde si propret il y a donc la famille fantastique, qui découvre qu’un heureux événement va faire la joie de tous et de toutes.

C’est presque Happy Days finalement. Toute cette joie collective sera stoppée par l’arrivée de la surfeuse d’argent, héraut de Galactus, dévoreur de planète. Ce dernier se verrait bien adopter l’enfant tant attendu (parce qu’évidemment il a des super pouvoirs). Puis détruire la Terre. Cela pose donc un sérieux problème aux 4 Fantastiques.

Pour les habitués de super héros, c’est pas du tout nouveau et tout cela se range dans un formalisme narratif assez déprimant. Heureusement le réalisateur fait des choix qui réconfortent un peu. Matt Shakman, venu de la télévision, a donc une sublime décoration à montrer. Un casting solide et une musique qui donne l’envie d’envahir des planètes inconnues.

Il faut bien tout cela pour une œuvre peu pétaradante. On sera surpris par si peu d’action proposé. Shakman ose espérer que l’on trouvera notre plaisir ailleurs. Ce qui est le cas. On oubliera l’inévitable discours bien pensant sur la famille. Le politiquement correct règne sur cette vision kitsch mais convaincante des années 60. New York n’est plus une ville faite pour être piétinée mais il y a de la vie là dedans et la description est plutôt plaisante. Le charme d’antan !

Pour la visiter, on aura une préférence pour l’acteur Joseph Quinn, qui joue la Torche Humaine. Sa ressemblance “jeune” avec Robert Downey Jr, figure majeure de Marvel (il fut Iron Man et sera le terrible Dr Fatalis, ennemi juré des 4 Fantastiques) est particulièrement troublante, tout comme son personnage, plus intéressant que les autres membres de l’équipe.
On s’amusera aussi du méchant Galactus qui a juste une grosse voix et la taille de Godzilla. Autrement il n’effraie pas grand monde. Et on appréciera aussi la grâce d’une surfeuse d’argent agile. Avec la musique très opératique de Michael Giacchino, ça fait passer le temps. Le film n’est pas une merveille mais a le mérite d’être plutôt bien fichu. Sans être palpitant, il nous fait passer un bon moment oubliable dans une salle bien climatisée.

Au cinéma le 25 juillet 2025
Avec Pedro Pascal, Vanessa Kirby, Joseph Quinn et Ebon Moss Bachrach - Marvel Studio - 2h10

Superman, James Gunn, DC Comics, Warner Bros.

Le retour de Superman ! Avec son super chien ! Et un super gang ! Et un super réalisateur ! Est ce que ça donne un super film ?

Un blockbuster par semaine. Hollywood sort l’artillerie lourde et les franchises sont de nouveau sur le devant de l’affiche. James Gunn, réalisateur des Gardiens de la Galaxie, est devenu le manitou de DC Comics, concurrent de Marvel et studio qui nous pond des nanars honteux depuis quelques années.

A lui la lourde tache de nous faire oublier Flash ou Justice League. A lui de nous montrer autre chose que des Batman qui font la tronche ou des Wonder Woman paumée dans les années 80. En quelques films, DC Comics a perdu tous ses avantages. En 2025, Superman doit absolument relever ces monuments de la pop culture.

Comme il est l’homme le plus puissant de la planète, ça devrait être facile. Mais méfions nous, à l’heure des réseaux sociaux, l’idéalisme d’un tel super héros pourrait être le piège ultime pour un retour pas si attendu que cela !

Heureusement James Gunn est là. Lui, la contre culture, la geek culture, la pop culture, c’est sa spécialité. Il a commencé chez Troma, boite de prod fauché et culte (les Toxic Avengers c’est eux). Il a scénarisé des choses honteuses comme Scooby Doo. Il a réalisé une série B mythique, Horribilis, qui continue de transpirer dans ses nouveaux projets actuels.

James Gunn aime les spectacles fun et il a prouvé avec Les Gardiens de La Galaxie qu’il était à l’aise sur les gros budgets ambitieux et commerciaux. Le gars ne se perd jamais avec ses ambitions: il adore filmer des histoires avec des héros déréglés et des monstres gluants. Sa version pulp de Suicide Squad est un petit bonheur de plaisirs coupables, servis à la mitraillette.

Loin de Marvel, il semble avoir les mains libres pour remettre Superman au gout du jour. Il y arrive avec une facilité déconcertante. Les cyniques ne devraient pas supporter cette version qui joue à fond la carte de la bande dessinée. La première scène donne le ton avec un chien capé, des robots datés et un Superman qui assume bien la culotte rouge par dessus les collants bleus. Houlà, James Gunn joue avec le feu. Mais il met un rythme tel que l’on accepte très facilement les concepts simples et kitsch de ce super héros, plus américain que tous les conservateurs réunis.

Et il ne faut pas s’étonner que cette version agace Donald Trump ! Superman, c’est un peu Forrest Gump : un type qui avale naïvement tout ce qui fait l’American way of life. Il défend des idées simples mais humanistes. Il traverse les épreuves avec une candeur qui ne peut que rendre fou de jaloux un ignoble capitaliste comme Lex Luthor, version chauve d’Elon Musk.

Oui, Superman, et surtout ce qu’il représente, peut vivre à notre époque. James Gunn a juste une très bonne idée : son film est politique et ne veut jamais chercher une neutralité frileuse. C’est bien un blockbuster qui évoque le monde réel, même s’il y a des Kaiju, un chien qui vole, des super héros un poil ringards et une musique qui bidouille les hymnes grandioses de John Williams.

Il y a des moments assez moches et des propositions qui sont assez limitées en termes de production. Pourtant le film semble être fait de conviction. James Gunn ne recule devant rien pour mettre en avant la mythologie de Superman et se permet de ne pas se cantonner aux modes mais plutôt célébrer un personnage décalé car finalement on lui reproche d’être un étranger, en permanence. Vaillant, il s’obstine à être le dernier boy scout, le ciment d’une idée de la justice et de la droiture. Plus américain que toute la population de Metropolis.

Ce n’est pas forcément subtile mais James Gunn semble avoir compris que ce personnage est avant tout un symbole. Est ce que ça fait un bon film ? Pas sûr. Il y a des longueurs et beaucoup de personnages fatigants. L’humour est parfois forcé. Mais c’est toujours mieux que le sérieux douteux de Zack Snyder, réalisateur précédent de la saga. Ici, c’est la naïveté qui l’emporte. Par les temps qui courent cela fait du bien. Et Gunn réussit à imposer ces visions parfois étranges et poétiques.

Pas un super film, c’est certain. Mais un excellent moment qui confirme tout le bien que l’on pense d’un réalisateur passionné.

Au cinéma le 09 juillet 2025
Avec David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicolas Hoult et Nathan Fillion - Warner Bros - 2h

Sinners, Ryan Coogler, Warner Bros

Des vampires mélomanes au temps du KKK, au milieu des champs de coton. L’impeccable Ryan Coogler s’essaie désormais au film d’horreur et ça fonctionne, avec un hommage vibrant à la musique américaine. En sortant de la projection, on peut faire la danse de la joie.

Car Sinners est une très bonne série B. Comme on n’en fait plus. Ça dure plus de deux heures. Il y a des gros mots, des moments salaces, et de l’hémoglobine peu esthétique. Ryan Coogler, du haut de ses 38 ans, montre bien qu’il est le rejeton surdoué de Spike Lee et du regretté John Singleton. Entre ses mains, il pétrit tout ce qui fait la culture noire américaine. Son premier film, Fruitvale Station était un film social accablant. Creed faisait revivre la magie de Rocky. Black Panther ramenait les stéréotypes du super héros en Afrique. La culture populaire semble passionner le cinéaste qui s’essaie donc au film d’horreur.

Mais il va chercher son inspiration vers les anciens : on pense très fort à John Carpenter. Ils ont le même art de synthétiser une pensée sur des images et du son. De façon quasi minimaliste. Même s’il faut faire de la place à l’égo de la star Michael B. Jordan (lui aussi dans tous les films de Coogler).

Ce comédien, lui aussi devenu une star de cinéma confirmée, semble atteint du syndrome de Jean-Claude Van Damme. Il se dédouble à l’écran. Comme il est de toutes les scènes et peut démontrer l’étendue de son talent. Il faut l’avouer : il se débrouille très bien pour interpréter des jumeaux qui reviennent dans le sud ségrégationniste pour prendre leur revanche sociale. Ils sont partis faire la guerre (la première mondiale), ils furent gangsters à Chicago, ils veulent désormais tenter leur chance dans leur bled perdu en montant une boite de blues.

Les ennuis s’accumulent jusqu’à faire venir un vampire irlandais. Et oui, la musique est bien celle du diable et nos jumeaux vont avoir de sérieux problèmes non pas avec les fascistes du coin mais une créature assoiffée de sang et de musique. Car Coogler rend hommage aux traditions américaines : du cinéma d’horreur au bon vieux blues. Là encore, on pense à la démarche artistique de John Carpenter qui réalisait mais aussi s’occupait de la musique.

Et tout ceci politise un film qui ressemblerait à une version Crossroads d’Une Nuit en Enfer. Les amateurs de blues vont devoir faire face à une horde sanguinaire. La mise en place est habile car elle prend son temps pour installer ses personnages, attachants et pathétiques en même temps. Mais à aucun moment, on voudrait être à leur place que le vampire apparaît. Coogler offre un joli moment de terreur, bien fichu et sacrément bien interprété.

Sans s’attarder sur le sens social de l’œuvre, il met en avant l’importance de la musique dans la société, la communauté mais aussi les luttes et les révoltes. La toute dernière scène est totalement jubilatoire sur le sujet en utilisant le visage fatigué mais farouche du musicien Buddy Guy. Coogler est peut être un auteur roublard mais tous ses films, il défend des idées et des idéaux. Il a un sens de la mise en scène assez prononcé et sait faire un spectacle sans abrutir le spectateur.

Bien au contraire, en jonglant depuis le début de sa carrière, avec les clichés sur l’Amérique noire, il questionne, divertit et réconforte. Son cinéma est populaire dans le bon sens. Sinners est une vraie bonne surprise… qui réconcilie presque avec l’esprit de l’Amérique. 

Au cinéma le 16 avril 2025
avec Michael B Jordan, Hailee Stenfield, Jack O’Connell et Delroy Lindo
Warner Bros - 2h15

Lilo & Stitch, Dean Fleischer Camp, Disney

Disney continue de recycler son répertoire avec des Live Action. Cette fois-ci, c'est donc la petite créature bleue que l’on voit sur tous les t-shirts des enfants de moins de sept ans qui a le droit de donner la réplique à de vrais acteurs…

La jeune comédienne qui joue Lilo est insupportable. Elle n’y est pas pour grand-chose mais on n’est pas loin de la grimace constante. Elle gigote. Elle fait des caprices. Elle est sans nuance. Il est certain que le sympathique Stitch l’écrase de toute sa présence numérique.

Il nous rassure. Il conserve tout le charisme poilu qui faisait le charme du dessin animé. Il y a même certains moments où il ressemblerait à un cousin un peu niais des Gremlins. Comme eux, il fait sauter les conventions d’une Amérique bien sage par des farces grotesques. Mais on n’est pas chez Joe Dante. Lilo et Stitch n’est pas Explorers, le chef d’œuvre de Joe Dante sur la solitude de l’enfance.

Non, nous sommes dans un bon gros spectacle calibré pour le Monde entier. Le réalisateur fait bien attention de garder l’esprit bienveillant du dessin animé. Le film est un copié/collé qui fait bien attention de ne pas déborder des cases.

Il y a bien deux ou trois blagues en plus mais sinon c’est d’une sagesse presque affligeante. Une fois encore, chez Disney, on ne veut pas choquer. Ne pas inquiéter. Ne pas interroger. Lilo et Stitch continue d’être une jolie histoire d’amitié et de famille.

Dean Fleischer Camp est un bon technicien mais n’apporte strictement rien en comparaison avec le dessin animé. L’interrogation reste la même : à quoi ça sert de faire la même chose sur un support visuel différent ? Encore une fois, lorsque Kenneth Branagh refait Cendrillon, il apporte son expérience et sa sensibilité. Ici, le réalisateur est bien trop tendre pour montrer une fiction un poil (pardon c’était tentant) différente.

Donc c’est avec un ennui poli que l’on suit les aventures de Lilo, la petite fille mal aimée et de Stitch, l’extraterrestre le plus baveux de la galaxie, après Alien, sur une petite île du Pacifique. C’est toujours exotique mais le sentiment de déjà vu submerge l’ensemble. Aucun intérêt.

Au cinéma le 21 mai 2025
Avec Maia Kealoha, Sydney Agudong, Tia Carrere et Courtney B Vance
Disney - 1h45

Thunderbolts*, Jack Schreier, Marvel Studios

Regarder un film Marvel actuellement relève du supplice. Grosse lassitude autour des super héros qui sauvent le Monde sans aucune originalité. La déprime nous guette devant de si fades spectacles. Thunderbolts* a visiblement bien compris le message et propose une étonnante thérapie de groupe !

En terme d’action, le nouveau film Marvel, de la phase 6, du Multiverse, de l’après Avengers, de “on ne sait plus quel concept foireux”, ne propose pas de grandes surprises. Il y a des explosions. New York subit une nouvelle attaque. Des figurants se font dézinguer sans une trace de sang. Les personnages principaux sont d’une souplesse ahurissante pour se battre et les effets spéciaux ne sont pas particulièrement innovants.

Rien de nouveau dans ce 36e film de l’univers Marvel à une exception près : tous les super-héros sont détraqués. Ils souffrent. Physiquement et mentalement. C’est un peu normal : ce sont tous des seconds couteaux. Les Avengers n’existent plus. L’équilibre du Monde tient donc avec des super héros un peu à la ramasse et incapables d’assumer leur statut.

Par exemple Bucky, le soldat de l’hiver, ami proche du Captain America, de tous les combats dans l’univers Marvel est devenu un politicien maladroit. Et il rêverait presque de travailler avec les Thunderbolts: des super héros mal aimés, aperçus dans des films précédents et des séries pas passionnantes. Eux, ils en ont gros sur la patate. Au point que l’enjeu du récit soit tout simplement la santé mentale de ces drôles de héros.

On exclut le Red Guardian, caution comique et lourdingue du récit, mais finalement l’enjeu se porte bel et bien sur le retour à la vie de quelques héros, assez écorchés et désespérés. Effectivement, ils servent les intérêts d’une méchante qui décide de se retourner contre eux. Mais bien avant cela, on comprend dans l’histoire, la détresse des personnages. C’est la grande idée de ce film malade mais qui se soigne.

Le réalisateur méconnu Jack Schreier construit ce nouveau groupe de super-héros autour de leurs failles, leurs doutes et une vraie schizophrénie s'installe entre l’image et la vérité de leurs talents. Le vilain de l’histoire suit lui aussi un parcours similaire. On est dans une véritable psychanalyse. L’enfance. Les parents. Les traumas. Les souvenirs, les rapports avec les autres. Tout y passe.

Et cela fonctionne plutôt bien. Les personnages deviennent attachants. Tout ce qu’il manquait aux derniers films, bides justifiés. Le réalisateur se joue du cahier des charges pour appuyer son propos sincère sur la santé mentale. Et les acteurs sont simplement épatants avec une Florence Pugh délicieusement cynique. Face à elle, on appréciera la délicatesse de jeu de Lewis Pullman (fils de Bill), parfait en méchant qui s’ignore.

Ce film fonctionne un peu à l’ancienne. Sans grande fioriture. Marvel ravale un peu sa prétentieuse gloire et offre une parenthèse presque enchantée avec des personnages qui font l’action et la tension de l'œuvre. Thunderbolts* ressemblerait presque à un vrai film et non un produit de consommation. Comme quoi un bon psy, ca fait forcément du bien. 

Au cinéma le 02 mai 2025
avec Florence Pugh, Sebastian Stan, Wyatt Russell et Lewis Pullman
Marvel - 2h06

Du courage, bordel !

ll y a des personnes qui vous jugeront pour vos fautes et vos torts. Ils vous mettront face à toutes vos faiblesses. Ils marqueront vos ambiguïtés; vos lâchetés et vos tristesses. Il y a des artistes qui partagent toutes leurs douleurs avec une délicatesse qui aide à passer le cap, à remettre en question doucement mais sûrement nos humeurs et nos facilités. La vie n’est pas tendre mais les artistes le savent aussi et transcendent cette douleur.

Julian Baker & Torres sont de ces auteurs qui n’aiment pas la facilité. On voudrait les suivre dans leur courage à retourner les préjugés et les traditions. Le duo se la joue donc country mais avec une modernité qui va mouiller les yeux : les voix se conjuguent avec une grâce difficile à imiter.

Leur œuvre commune est politique. C’est très beau mais en plus ça balance en plein milieu de la Trumpmania. L’homophobie, la méchanceté, la radicalité: les mots sont doux mais ils ont une portée et un sens. Elles savent ce qu’elles font et elles le font bien. Face au vent, elles semblent résister avec une aisance musicale impressionnante. A la violence, elles répondent par une politesse qui force le respect et surtout impose de biens jolies mélodies qui devraient survivre au temps.

Tout comme l’œuvre discrète mais apaisante du groupe Beirut. Derrière, il y a l’américain Zach Condon qui continue de se triturer les états d’âme sur des morceaux délicats et qui demandent plusieurs écoutes pour trouver la richesse d’une humanité en souffrance.

Ce nouvel album est un concept pour l’adaptation suédois d’un roman allemand. C’est une bande son où les instruments sont en toute liberté. Et pourtant on y entend bien un auteur qui fredonne à l’oreille de nos spleens, nos complaisances et nos petits bonheurs.

Beirut a toujours eu cet art de ne pas faire dans la démonstration et de comprendre que c’est dans les nuances que se trouvent la beauté. C’est un groupe a qui toujours nourri un trouble musical et existentiel mais cet album est réellement doux et pas déboussolé. Il apporte une vraie tendresse là où l’on devrait toujours s’emporter. C’est beau. Rien de plus.

Rien de nouveau non plus chez Neil Young. Coastal est la bande son d’un documentaire sur sa dernière tournée solo en 2023. Et vous savez quoi? Bah ça réveille les consciences et les manies du vieux Loner ressemblent à une éternelle jeunesse. Subtile, il reprend cette fois ci des titres que l’on entend pas toujours sur scène.

On est donc pris de court avec I’m the Ocean, titre composé avec Pearl Jam. Il reprend d’autres titres de cette période et montre toujours ce courage et cette détermination. Neil Young ne baisse jamais les bras. Il fouille dans son énorme répertoire pour continuer à montrer sa motivation et son gout des bonnes choses.

Bientôt octogénaire, sa musique continue de tancer nos certitudes et secouer nos envies d’un meilleur monde et le plaisir de s’imaginer être une meilleure personne. C’est incroyable cet humanisme qui continue de respirer chez cet homme. La croyance en l’Autre. L’espoir. L’optimisme. Les titres revisités sont moins connus mais nous entrainent une fois encore dans cette douce farandole un peu hippy mais d’une authenticité débordante de vie. La musique est vraiment un baume qui fait du bien. 

Elle ne vous rassurera pas mais elle vous mettra dans le bon état d’esprit. Ces trois albums ne veulent pas vous faire du bien. Ils sont bons. Ils véhiculent de douces pensées qui ne peuvent pas vous faire du mal. Ils vous expliquent que le monde est dur mais pas besoin d’être aussi rude que lui. Du recul, de la beauté et de la musicalité… un petit havre de paix s’offre à vous dans chacun de ces efforts à rendre le monde meilleur.

Un Gene et ça repart !

Gene, la voix du peuple

Si je vous dis britpop, vous allez obligatoirement me répondre Blur, Oasis, Pulp (attention come back attendu prochainement) ou Supergrass. Mais de toutes les manières, dans cette période, l’un des plus grands albums est l’effort populaire et élégant de Gene, petit groupe qui restera discret mais qui avec Olympian montre les bienfaits subtiles de la britpop.

Gene est un pur produit de la période 1990 2000 de la scène londonienne. Des types très classes qui jouent une musique classieuse, qui se glisse entre les Beatles et des traditions de gros lads. Ils aiment les discours engagés et les guitares qui résonnent aux quatre coins de la pièce. Martin Rossiter est une sorte de Morrissey qui a les pieds sur terre. Le reste du groupe fonctionne à l’énergie pure, venue des pubs et des galères sorties d’un film de Ken Loach.

Gene UK Band 1995 Haunted By You

Olympian est forcément une pierre angulaire de cette période. Les Smiths percutent les Stone Roses. Le cœur, la pierre, l’intelligence, le désir, le haut, le bas, les bas fonds et les désirs de grandeur se roulent dessus dans chacune des chansons. Rossiter est un dandy musical comme on n’en fait peu.

La voix est un fouet. Elle se retourne contre son maître. On est pas loin du cliché avec un accent prononcé mais elle se plante délicatement dans notre mémoire. Impossible d’y trouver autre chose qu’un mélange de force mais aussi de nuance. La voix a une façon de nous guider dans l’inconscient britannique qui n’existe dans aucun autre disque de cette époque. Les frères Gallagher se sont fait doubler. Morrissey prend effectivement un coup de vieux. Et les mignons de Suede ne pèsent pas lourd face à ce quatuor de Londres. En 1995, Gene révèle une montagne qui impressionne encore à l’aube de ses 30 ans.

Deux ans après leur chef d’œuvre, Gene est obligé de trop en faire. Drawn to the deep End est l’archétype du second album. Plus long. Plus démonstratif. Plus risible. Et finalement plus sympathique que la plupart des albums de cette époque.

Car Olympian est un album qui a mis la barre a un sommet sur lequel le groupe ne pourra jamais grimper à nouveau. Alors autant se promener autour des sommets. Martin Rossiter devient le guide de cette vieille Angleterre qui sait nous sortir de terre des types charismatiques au milieu de lieux communs.

Le guitariste Steve Mason semble poursuivre le chanteur avec une cascade de décibels qui hérisse les poils et montre toute la volonté de coller aux baskets d’un monde populaire, simple et cinglant. Plus que les autres, Gene a vraiment du caractère. Au bout de 30 ans, leur musique subsiste et continue de se construire dans nos têtes. Ce n’est plus un groupe, mais un manifeste d’une Angleterre peuplé de petites gens et de lads glorieux. Gene va au delà du cliché avec une verve unique en son genre.

Gene - We Could Be Kings (Official Video) HD

Bon, évidemment que l’on essaie dans cet article de réhabiliter la bonne parole de Martin Rossiter et de son groupe ! Mais leur troisième album sera aussi une petite bombe de pop qui sent bon les plaisirs coupables du Royaume Uni. Rossiter s’est coupé les cheveux et maintenant assume son coté lads jusqu’au bout des polos Fred Perry. La musique se radicalise avec des hymnes assez politiques et toujours aussi lyriques.

Ce petit groupe de Londres entame un troisième album qui se révèle aussi percutant que les autres. On se promène dans les rues de l’Angleterre et les terres pas si fertiles d’un monde en déclin. Rossiter roule des mécaniques mais il est toujours accompagné d'un groupe fidèle qui a des ressources insoupçonnables.

En quelques mois, le groupe a fait sortir une vraie mélancolie qui a remplacé le cynisme des débuts. Comme Springsteen, le groupe sait faire autre chose des clichés et des stéréotypes. La chaleur de la voix rassure et montre presque un nouveau monde. Trop talentueux, le groupe explosera quelques années plus tard. Dans leurs trois disques, il y a beaucoup d’attitudes mais elles sont sincères et d’une musicalité si directe qu’elle ne peut que vous accompagner toute votre vie.

Gene - You'll Never Walk Again And We Could Be Kings - Reading Festival 1999 Live Martin Rossiter

Weller, l’autre Paul de la Pop anglaise

Une voix qui rassure

Tout le monde fait le même constat. On nous cache tout on nous dit rien. Plus on apprend, plus on ne se sait rien. On nous informe vraiment sur rien. Alors il y a des voix qui nous inspirent et qui nous rassurent. Il y a des histoires, des chanteurs, des artistes qui nous apaisent et nous ressemblent… ils ont eux cette voix. Celles qui nous éclairent sur nos vies, nos quotidiens et surtout qui nous rassurent.

Paul Weller est l’une de ces voix. Voilà un type adoré de tous et pourtant d’une humilité qui lui donne un éclat particulier. Paul Weller, Modfather, vénéré par les frères Gallagher et tous les musiciens d’Angleterre. Un type qui pond un hit l’air de rien, parce qu’il observe la politique, la société et voue un culte à ses ancêtres musiciens. Paul Weller, le héros qui ne veut pas l’être, l’artiste qui a la rue dans le sang, le musicien qui ne peut pas s’empêcher de triturer son style et ses passions.

Car finalement Paul Weller s’est libéré le jour de la sortie de son tout premier album solo. Avant il était le lads élégant de The Jam, groupe qui devait prendre la relève des Clash. Il devait conquérir le royaume avec son groupe ajusté à sa personnalité, The Style Council.

Mais après une longue pause, Paul Weller est revenu avec un album éponyme qui a montré qu’il était une voix, un style et un parcours. Le punk déluré est passé. Ce que l’on a à la place, c’est une douce white soul, bourrée d’énergie, où le bougre ne semble croire qu’en la symbiose de musiciens.

La pop se frotte à tous les styles et la voix de Paul Weller est bien entendu celle du peuple mais aussi celle d’un artiste itinérant qui veut simplement dire qu’il ne va pas s’arrêter au succès mais coller à toutes les réalités de la musique. Intéressant. Personnage qui s’exprime en pleinement en live, Paul Weller glisse posément sur l’acid jazz mais les propos gauchos montrent une forte personnalité qui n’a pas peur de défendre une espèce de Rythm & Blues britannique.

Ce que va confirmer son chef d’œuvre, l’album Wild Wood, véritable besoin d’identité et d’authenticité chez l’artiste, déjà culte chez tous les amateurs de la Britpop. Car les guitares caressent les idées très personnelles du chanteur. Paul Weller se fait rageur et caressant sur chacun des morceaux et trouve les cieux cette poésie populaire so british. C’est son premier album où toutes les influences se conjuguent. Le premier album solo était charmant. Ici, il n’est que exaltation. L’artiste assoit son autorité et sa volonté de tout mélanger. Ce sera la marque de fabrique de Paul Weller. La guitare explore, la voix rassure mais il faut surtout ne jamais s’arrêter de conjuguer, extrapoler et surtout renouveler une idée de la musique.

Le succès n’a jamais vraiment intéressé Paul Weller mais chacun de ses disques répond aux autres avec une nouvelle proposition. Cela ressemble mais ce n’est jamais la même chose exactement. La redite est interdite chez Paul Weller, personnage en mouvement permanent, incapable de se freiner sur un genre. C’est ce qui rend sa discographie passionnante: Paul Weller cherche et trouve. Et surtout ne s'arrête jamais. Wild Wood c’est du concentré de Blues mais tellement britannique.

Alors ça donne quoi Paul Weller en 2025? Il tourne toujours et encore. Il a accepté d’être le pape du british rock. Il est devenu un stéréotype de la pop anglaise mais il vieillit à la manière d’un Neil Young. Il est prolifique et continue de bibouiller sa propre musique, l’emmener vers des contrée surprenantes. En 2024, il a sorti l’album 66. Il s’y montre calme et toujours déterminé. L’homme de gauche raconte les gens et la vie qui file à toute vitesse. Il a effectivement 66 ans sur cet album mais il ressemble encore à ce fouineur qui n’en finit pas de s’interroger sur son propre art.

Il a désormais les moyens. Ces lives sont impressionnants car son répertoire est nourri de hits touchants, d’une sincérité évidente. L’homme ne semble pas aussi vaillant qu’à ses débuts mais son ardeur est omniprésente sur chacun des titres. Il arrive toujours à nous coincer : il y a dans tous ses disques, une familiarité et une curiosité qui nous habitent tous.

66 rigole comme un défi au temps et nous promène encore sur une sorte de blues inhabituel. Les années  passent mais tout se regarde avec gourmandise non feinte, plus posée et toujours délicate. La nostalgie n’empêche pas la nouveauté et Paul Weller observe son art avec un recul qui une fois encore rappelle Neil Young avec cette manière de retravailler encore et encore son propre style. Hier c’était bien mais demain sera mieux. Un conseil sage que Paul Weller a toujours défendu. Et c’est ce qui rend si précieux, sa voix.

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