Hypernuit / Bertrand BELIN / (Wagram -Cinq7 – 2010)

hypernuit

Un album de toute beauté pour les amateurs de balades célestes et douces.

Hypernuit équilibre l’art du toucher des mots à celui des guitares. Une admirable symbiose.
Minimaliste. Bertrand Belin est un dandy qui pose les mots comme des notes à moins que ce ne soit l’inverse. Le silence des mots est aussi important que le sens des mots eux-mêmes. Débutant chaque chanson par des introductions rythmiques à la guitare ou des boucles d’arpèges, Bertrand prend le temps de lancer mots, propositions ou phrases selon l’espace qui s’offre à lui.

Minimaliste et impressionniste. A petite touche, l’artiste compose une palette de guitares qui font souvent pleurer les notes. Il est question de chiens, de maisons à vivre, de courage et de rencontre. De soleil et d’homme attendant debout, de frère maudit, de chaleur et de peau. Ann Guillaume à la voix et Tatiana Mladenovitch à la batterie amplifient un plaisir mélodique qui met à l’honneur des couleurs folks somptueuses. La voix en avant de Bertrand brise la narration habituelle pour ne laisser qu’une impression, une vision déformée du réel saisit par une émotion musicale. Une harmonie de langage qui prend le risque de la liberté et de l’improbable sonore.

Le vertige est horizontal. A écouter Y’en a-t-il ou Ne sois plus mon frère, on tombe sous le charme et on aimerait que la musique poursuive inexorablement la flèche du temps. Cela pourrait durer des heures. Les cordes fredonnent down tempo avec des arrangements d’une étonnante simplicité. Les nappes de Long lundi en disent long. Quant à Chaleur, c’est tout simplement sublime de justesse.

L’album se savoure au casque, en marche nocturne. En pensée. En douceur. Hypernuit.

 

Sébastien Mounié

3Abschied, Anne Teresa DE KEERSMAEKER et Jérôme BEL

article_3116La rentrée du Théâtre de la Ville ne pouvait pas se passer du nouveau spectacle d’Anne Teresa de Keersmaeker, une mise à nu passionnante du processus de création.

 

 

Pour 3 Abschied Anne Teresa de Keersmaeker collabore à nouveau avec l’ensemble Ictus, composé de treize musiciens qui occupent le centre de la scène. Au début du spectacle Anne Teresa, habillée d’un pull noir, d’un paire de jeans assez larges et de grosses chaussures de marche, se positionne latéralement, règle elle-même les lumières de la salle et met dans un lecteur le CD Der Abschied, le tout dernier volet de la partition Das Lied von der Erde de Gustav Mahler, qu’elle interrompt ensuite brutalement. Puis, pendant une vingtaine de minutes, elle parle au public et explique la genèse de ce spectacle.

Comment réaliser une chorégraphie actuelle en utilisant une musique du romantisme allemand qui traite de l’acceptation de la mort ? Comment les mouvements contemporains des corps peuvent-ils représenter la transcendance exprimée poétiquement par les trois poèmes chinois dont Mahler se sert pour composer son Lied ?

Avec ironie et précision Anne Teresa de Keersmaeker et Jérôme Bel déconstruisent le processus de création chorégraphique en faisant participer le public à leurs interrogations, en nous soumettant les trois variantes conçues pour confronter la danse contemporaine au thème de la mort et du retour à la terre.

Dans la première variation Anne Teresa de Keersmaeker danse parmi les musiciens, presque de manière maladroite, inachevée, tout d’abord en accueillant et reformulant de manière bouleversante les gestes du mezzo-soprano Sara Fulgoni. Pour la deuxième tentative de mise en mouvement du Lied de Mahler, suite à l’intervention explicative sur scène de Jérôme Bel, ce sont les musiciens eux-mêmes qui représentent deux fois de suite la mort. Finalement, pour la dernière variation sur l’œuvre de Mahler, Anne Teresa de Keersmaeker reste seule avec le pianiste et s’abandonne au chant et à la danse avec intensité et humour. Elle met en scène une fragilité saisissante, un désir de musique captivant, une recherche à vif des possibilités gestuelles, du risque créatif.

Encore une fois Anne Teresa de Keersmaeker conquiert le public, surprend, amuse et envoûte : l’acceptation de la mort devient une forme à la fois dure et légère de mouvements, aux rythmes savamment irréguliers.

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com - 16/10/2010

Hilfe Kommt / DEZ MONA / (62TV records / PIAS 2010)

DEZ

Vous cherchez un album de chevet à écouter en boucle, le voici. Hilfe Kommt de Dez Mona.

Après Absynthe Minded, voilà maintenant Dez Mona. Mais que se passe-t-il chez les Belges ? Car autant le dire, les groupes font plutôt très fort en matière musicale ces dernières années. Moins jovial qu’Absynthe Minded et plus proche de Nick Cave, Dez Mona met la barre très haute. Comme Absynthe Minded,  Dez Mona a le bon goût d’introduire dans sa musique des instruments à cordes rêveurs et planants. Violons et piano ont souvent le beau rôle.

La voix de Gregory Frateur penche volontairement sur la sobriété et l’émotion avec une expressivité qui rappelle les élans d’une Sophie Hunger. Avec cinq morceaux sur dix dépassant les cinq minutes, on comprend que l’émotion prend la place dont elle a besoin dans un univers musical qui prend le temps de poser ses respirations et ses coups de gueule sur fond de violon.

Les chœurs sont souvent simplement magnifiques comme dans Get Out of there qui alterne chant percutant et nappe vocale sur des accordéons dissonants. Superbe orchestration qui joue sur les puissances vocales du groupe. Les chœurs ne font pas semblants. On n’est pas dans une réalisation qui cherche le morceau de 3’30 à passer en playlist radio et ça fait du bien ! Dans la même veine, Carry out est à tomber par terre. Le gospel jazzy n’est pas loin. On reste à l’écoute du début à la fin de l’album. L’expressivité est assumée et prend toute son ampleur dans le narratif Jack’s hat, une ode fantastique où le chanteur est poursuivi par une créature digne d’Halloween…

Il existe chez Dez Mona un évident goût pour le spectacle et la théâtralisation des sentiments. La chaleur de l’ensemble contraste avec une voix au timbre particulier qui frise parfois avec l’androgynie jazzy d’une Nina Simone. Un cabaret rock-jazzy qui n’hésite pas à jouer avec l’étrangeté. Tous les ingrédients sont là pour le succès. Un vrai talent musical qui ne demande qu’à rencontrer le grand public. A découvrir, un très bel album.

http://www.dezmona.com/
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WALKING NEXT TO OUR SHOES… INTOXICATED BY STRAWBERRIES AND CREAM… WE ENTER CONTINENTS WITHOUT KNOCKING…, Robyn ORLIN

article_3097Les créations de Robyn Orlin, chorégraphe blanche sud-africaine qui depuis les années 80 interroge l’apartheid et le fléau du sida dans son pays, sont toujours sujettes à controverses.

 

 

En mélangeant théâtre, danse et chant de manière intense et directe et surtout tentant toujours une implication des spectateurs en faisant déplacer les artistes dans la salle, Orlin met en scène les problématiques actuelles de la population sud-africaine.

Pour cette nouvelle création Orlin a choisi de travailler avec les Phuphuma Love Minus, une chorale amateur zouloue, et de construire son propos chorégraphique à partir de leurs chansons et de leurs danses et en intégrant sur scène des images vidéos projetées sur du papiers roulant accroché au plafond.

Au début du spectacle une grande théâtralité envahit la scène grâce à l’emploi de lampes portables qui dessinent les corps au fur et à mesure qu’ils bougent. Ironie, amusement, grands moments de joie et d’énergie alternent avec d’autres plus dramatiques. La danse et les chants crient les problématiques liées à la pauvreté, à l’apartheid et au sida.

La gravité des sujets politiques et sociaux traités touche bien sûr le public, ému par l’intensité de la performance de la dizaine d’artistes présents sur scène et en salle.

Il est pourtant difficile de discerner la portée chorégraphique de cette création qui par moment apparaît bien trop simpliste et cliché. Le jeu des lumières et des images vidéo semblent un pur accompagnement au spectacle de Phuphuma Love Minus, comme si Robyn Orlin leur avait donné carte blanche en se limitant à s’occuper de l’élément scénographique.

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com - 09/10/2010

La pecora nera, Ascanio CELESTINI

article_2945Le 29 juin , à l’intérieur du mois de programmation consacré à la production théâtrale italienne, était en scène au Théâtre de la Ville le comédien Ascanio Celestini avec son monologue La Pecora Nera (La brebis galeuse).

 
Les spectacles d’Ascanio Celestini (connu principalement en Italie pour ses monologues comiques et provocateurs à la télé en fin de soirée, dans les émissions humoristiques de Serena Dandini) sont populaires et appréciés grâce au mélange toujours magistralement dosé d’histoire, de critique sociale et de fiction poétique, d’ironie et de douceur humaine.

Ses créations théâtrales, comme par exemple La Fabbrica (voir précédente critique de l’adaptation française mise en scène au Théâtre des Abbesses cet hiver), traversent des décennies cruciales du passé récent de l’Italie, font surgir avec force des figures de personnages fictionnels mais emblématiques, incroyablement touchants et riches, et frappent pour par  leur acuité, la profondeur des analyses sociales sous-jacentes, pour et l’humorisme toujours présent.

Avec La Pecora Nera, Celestini part des mêmes présupposés : cette fois il s’agit de raconter les asiles psychiatriques des années 60 essentiellement à travers le point de vue de Nicola qui y a passé 35 ans de sa vie. Le récit est décousu, fantaisiste, riche de digressions. Et pourtant, dans La Pecora Nera, le monologue de Celestini, tandis que toujours intense et éclatant dans les spectacles précédents,  donne une impression de pauvreté de contenu, d’idées qui tournent en rond et qui peinent à prendre leur envol : les mêmes plaisanteries salaces faciles reviennent un peu trop souvent, la répétition assidue de certaines expressions a un air de faiblesse, de manque de rythme signifiant. Plus généralement, quelque chose ne marche pas au niveau poétique : le spectacle manque d’efficacité, de force, de brillance.

La critique anticléricale ininterrompue et la comparaison de l’asile psychiatrique avec le supermarché pourraient être très intéressantes, mais s’insèrent mal à l’intérieur de la construction du monologue

Restent la beauté inoubliable du témoignage, également en audio, de Nicola et la force de sa réflexion sur l’univers des asiles psychiatriques, de l’imperméabilité dans laquelle ils sont enveloppés : “Come è possibile stare dentro e non uscire fuori, come è possibile stare fuori e non sapere cosa succede dentro?” (“Comment est-il possible d’être à l’intérieur et de ne pas en sortir, comment est-il possible d’être dehors et de ne pas savoir ce qui se passe à l’intérieur ?”)

 

 

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com - 03/07/2010

Business is Business, Compagnie PAS DE DIEUX

article_2878Pour achever ce mois de mai consacré à la danse, le Théâtre du Lierre propose un spectacle qui rentre plutôt dans la catégorie de “théâtre physique” ou “gestuel”.

 

 

Deux hommes et une femme, trois tables et trois chaises, et, après, un escabeau : voici la scène, sobre, simple, mais qui se prêtera facilement aux jeux des acteurs, capables de faire imaginer plusieurs situations et ambiances.

 

C’est le monde de l’entreprise, avec son paysage sonore typique (téléphones qui sonnent, claviers d’ordinateurs en action) et ses protagonistes multiples (employés, chefs, personnels de service). Presque sans mots, les trois acteurs créeront une véritable histoire, en assumant au fur et à mesure tous les rôles requis par le contexte.

 

Une gestualité qui mélange des moments saccadés (rappelant par exemple l’esthétique de l’aliénation ouvrière de Metropolis de Fritz Lang) avec d’autres plus fluides et délicats. Malgré une répétition excessive et une certaine longueur dans l’ensemble du spectacle, dans l’intéraction des corps et de leur expressivité individuelle se déploie une ironie délicieuse, une profusion d’états perceptifs liés au monde du travail, à ses enthousiasmes d’équipe, à la cruauté de la compétition et à la dictature des ventes.

 

Aux frontières entre danse, théâtre et mime, ce spectacle surprend pour sa tendresse et fait surgir facilement des sourires sur les lèvres du public, tout en laissant un halo de tristesse qui entoure la vie quotidienne, avec ces gestes et ces histoires, à la fin du compte, ridicules.

 

Et, pour conclure, un appel à soutenir le Théâtre du Lierre en danger de disparition !

 

http://www.letheatredulierre.com/

 

 

 

Gloria Morano & Flavia Ruani

© Etat-critique.com - 29/05/2010

RÊVE GÉNÉRAL / Agnès BIHL / (Banco Music-2010)

reve

Agnès Bihl nous appelle au rêve général. Un nouveau virage pour cette chanteuse qui nous avait ému lors de son précédent album, Demandez le programme, plus rebelle et intimiste.

Agnès Bihl nous appelle au rêve général. Un nouveau virage pour cette chanteuse qui nous avait ému lors de son précédent album, plus rebelle et intimiste. Pour cet album, Agnès Bihl invite des artistes comme Grand corps malade, Alexis HK, Didier Lockwood ou Dorothée Daniel qui signe à elle toute seule plus de la moitié des paroles de l’album.

Si le duo avec Grand Corps malade est plutôt maladroit, le texte tombe à plat à côté de la qualité des autres textes, le reste des rencontres apporte un nouveau souffle à Agnès Bihl qui emprunte des chemins plus légers comme dans De bouche à oreille, petite cantate enfantine optimiste sur le devenir de la planète, reprise en chœur par des enfants.

On retrouve toute l’énergie d’Agnès Bihl qui déclame des textes sur des airs de musette et de swing manouche. Les grands styles populaires des heures de gloire de la chanson française sont déclinés, de la valse au tango en passant par le blues. Le rythme est souvent soutenu et met en avant une gaieté même lorsque le questionnement sur l’amour est présent dans C’est encore loin l’amour ?. ou Habitez-vous chez vos amants ? avec Alexis HK.

Je pleure, tu pleures, il pleut est une jolie chanson d’amour accompagnée au piano qui donne envie d’en entendre plus. L’acoustique met davantage en valeur les textes que lorsque l’orchestration est nombreuse. On se dit alors qu’un album sur ce mode aurait pu tenir largement la route. A ce titre, le SDF Tango avec accordéon chromatique, violon, est une belle réussite, comme Véro qui prouvent encore une fois que c’est dans l’équilibre entre un beau texte et une orchestration acoustique simplifiée mais de qualité qu’Agnès Bihl est la plus touchante et la plus convaincante.

http://www.agnes-bihl.fr/

 

Decorum – KATEL – (V2 Music -2010)

 Decorum

Katel nous revient avec « Decorum ». Un album aux tonalités pop forgé dans des chemins de traverse rock. Entre bousculades et dédales, Katel enfonce le clou de l’anticonformisme. Bravo.

Quelle joie de retrouver la voix de Katel ! Une énergie positive mise au service d’une parole qui s’amuse à chercher perpétuellement les ruptures. Si ce nouvel album est plus pop que rock dans les arrangements, on retrouve la hargne vocale de la demoiselle et surtout l’art de prendre les chemins de traverse pour nous surprendre et bousculer notre âme.

Les textes sont toujours appuyés par une articulation volontaire de mots qui ont tout leur poids, sans excès.  Un Dominique A au féminin qui assume sa féminité et son humanisme. « Je suis la racine et le papillon mais au fond je ne sais plus le nom » « Je suis une Muse ou une putain, avant la fin tu n’en sauras plus rien » (Decorum). Un incessant aller-retour entre une tumultueuse intériorité et la banalité du réel rejeté en bloc. Une démarche poétique en somme.

Les arrangements penchent clairement sur des ambiances oniriques. Alors on ne sera pas surpris de retrouver Nosfell sur le Chant du cygne, un chant percutant propulsé par des chœurs puissants et vertigineux qui mettent Katel en avant sur un fond de guitares mordantes. Une projection qui la place entre perdition et élévation.

La musique tourbillonne quand les phrases enchainent non sens et contournement pour toucher une forme d’absolu. Katel cherche de toute évidence à s’évader du réalisme pour toucher une abstraction figurative qui donne la part belle à la musique. Les motifs se répètent, se superposent, s’entrechoquent, s’épuisent, s’effacent, se « réverbent » (Les Parfums d’été).

L’album est émouvant par la forme du texte volontairement déstructurée et chanté par un timbre aigu souvent porté par des chœurs. Le désir de se livrer aux aléas de la vie remet au goût du jour l’envie de liberté.  « Où est l’insoumis qui vivait en vous ? Où est ce chien qui mordait votre cou ? Ce chien invisible quand vous deveniez fou, mon vieil ami ? Où sont les phrases ? » (Mon vieil ami) Une bénédiction !

La pochette de l’album rend clairement hommage au travail d’Escher qui détournait le réel pour construire l’impossible et mettre en abîme une géométrie de l’infini.Chez Escher lui rend un brillant hommage en finissant sur un angoissant violoncelle...

Katel parle souvent de folie et de délivrance. Un chant amoureux de l’abandon pour partir dans l’Ailleurs et célébrer l’intouchable. L’album est le parfait reflet d’une tête qui prend le risque de s’échapper de la circularité du monde pour atteindre l’inattendu et l’impossible verticalité. A écouter. En boucle.

 

Sébastien Mounié © Etat-critique.com - 06/05/2010

Concert au New Morning de Matthieu BORE

 Concert au New Morning

 

 

Matthieu Boré était au New Morning. Crooning et swing au programme. L’art de faire danser les notes.

 

 

Salle bondée au New Morning. Matthieu Boré est entouré de Stephen Harrison à la contrebasse, de Guillaume Nouaux à la batterie, de Guy Bonne à la clarinette et au sax tenor. Seront invités Ferruccio Spinetti à la contrebasse et Jean Marc Labbé au sax.

Costume blanc et pompes blanches, Matthieu est au piano. Dès le départ Boré donne le LA de la soirée, une musique jazz directement inspirée des années 50. Entre swing et rock’n’roll, Matthieu insuffle dans ses mélodies toute sa jeunesse et toute sa tonicité pour un charme évident. Entre la douceur d’Elvis et la vivacité d’un Cab Calloway qui se cacherait derrière le piano mais plus pour très longtemps…

Les musiciens s’amusent beaucoup sur scène et on aimerait s’amuser davantage dans la salle. Les culs frétillent rapidement sur les chaises trop serrées du New Morning. Les genoux font la pompe. On a simplement envie de tout envoyer valdinguer pour saisir sa partenaire de gauche et enchainer des pas de danses endiablés, comme au temps fort du Caveau de la Huchette.

Stephen Harrison, le contre bassiste, lui, s’éclate. Costume trois pièces cravate, coupe de cheveux gominée et houpette de circonstance, le musicien au masque neutre, jubile intérieurement et se met
de côté pour mieux taper sur sa contrebasse.

Les pales de la climatisation se mettent en route et nous voilà dans un tripot des bas-fonds Chicagoans.  Les hélices tournent. Steven vient à l’avant-scène, fait faire des 360 à sa contrebasse quand il n’avance pas sa main surmontée d’un peigne noir pour remettre dans l’axe capillaire sa gomine-à-reluire. On sourit et on applaudit devant tant de comédie. Un air de bonheur.

On voyage, on pense à Louis Prima, aux danseurs de claquettes et aux autres artistes de Music-Hall montés sur scène pour nous amuser plus que pour se nombriliser. Le concert est au-delà de son dernier album Frizzante (« pétillant » en italien). Une vraie rencontre avec la fraîcheur et la créativité d’artistes présents pour être, sans esbroufe dissimulée. On joue et on assume. On fait le spectacle pour un jazz populaire qui a fait danser des cohortes de noctambules.

Matthieu oublie une grille pour le sax, qu’importe, on ajoute quelques grilles pour permettre au sax de chorusser et de partager avec le public ses moments de bonheur. Le public ne participe pas assez, on stoppe, on dialogue le sourire en coin avec le public et ça repart au piano. La voix est convaincante, les compositions de structure classique sur le fond mais modernes sur la forme et le ton utilisé. Une jolie pêche même s’il nous manque un peu de scat pour parfaire le tableau.

Boré et ses musiciens ont la classe décontractée de ceux qui préfèrent l’authenticité du jeu à l’essai d’incarnation marketé des grandes figures du jazz. Pour cette honnêteté musicale et ce swing remis talentueusement au goût du jour, on dit Bis ! A écouter et à danser …

SCENE NEW MORNING photo IMG_0046nb.jpg

 


10 questions à Louis-Ronan CHOISY

LOUIS

 

 

 

 

 

 

 

Louis-Ronan Choisy sort Rivière de plumes. L'occasion pour la rédaction de le rencontrer et de lui donner la parole pour notre traditionnel "10 questions à ..."

Bonjour Louis-Ronan,

Vous êtes assis confortablement ?
Bon, alors voilà : www.etat-critique.com a une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer… et dix questions à vous poser.
On y va ?
D'abord la mauvaise nouvelle : la fin du monde est pour la semaine prochaine.
Maintenant, la bonne nouvelle : vous serez le seul survivant (ou presque) et vous avez le pouvoir de sauver 10 monuments de votre Panthéon personnel.

Voici les thèmes . A vous de désigner les heureux élus !

1.     Le disque que vous souhaitez sauver

The good book de Louis Armstrong

Pour sa compassion et le parfum de mon enfance
2.      Le film que vous souhaitez sauver 

Singing in the rain 

Si c'est la fin du monde, un peu de Monde merveilleux où tout est beau, où les gens chantent et dansent sous la pluie, ne peut pas faire de mal
3.      Le livre que vous souhaitez sauver

Les œuvres complètes de Rimbaud

Pour sa vérité, sa force et sa capacité à faire voyager
4.      La bande dessinée que vous souhaitez sauver

Le deuxième tome de la série Tétralogie du monstre, 32 décembre, d'Enki Bilal

Pour ses dessins fabuleux et son histoire tortueuse

5.      L'homme que vous souhaitez sauver

Adam

Pour une deuxième chance

6.      La femme que vous souhaitez sauver

Eve

Pour une deuxième chance

7.      L'objet, le lieu ou le monument que vous souhaitez sauver

Un piano

Pour voyager
8.      L'émission télévisée que vous souhaitez sauver

Tracks sur Arte

Pour apprendre ce que l'on apprend nulle part ailleurs

9.      Le plat (ou repas) que vous souhaitez sauver

Pain beurre

Miam miam!!!

10.Votre œuvre personnelle que vous souhaitez sauver

Refuge de Francois Ozon

Car c'est un très beau film avant tout...

Et puis dans lequel j'ai la chance de pouvoir marier deux grandes passions : la musique et le cinéma

 

Merci Louis ! Nous transmettons votre liste à qui de droit…

http://www.louisronanchoisy.com/

 

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