Only on Hush

Tous les membres de ma famille ont tué quelqu’un, Benjamin Stevenson, 10/18

D'une façon générale, je ne suis pas fan de romans policiers et encore moins de livres à énigmes (ça fait longtemps que j'ai quitté l'école primaire et que je n'ai pas lu Agatha Christie...). Et je n'aime pas non plus cette manie anglo-saxonne des titres à rallonge. Oui, je sais, je n'aime pas grand chose.
Le roman de Benjamin Stevenson, intitulé Tous les membres de ma famille ont tué quelqu'un, une parodie de livre de détective à la Sherlock Holmes partait donc, de mon point de vue, avec un handicap certain.

Mais que voulez vous, je suis le genre de gars qui, au restaurant, est capable de choisir le menu surprise. En matière de livres c'est pareil, je suis ouvert aux découvertes. C'est comme ça que je me suis retrouvé à lire des bouquins de Patrick Sébastien ou de Christine Angot (qui ont en commun le même talent littéraire doublé d'une grande prétention, mais c'est une autre histoire).
Bref. Je me suis laissé tenter par ce livre car ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de lire un auteur australien.

L'écrivain joue avec son lecteur et annonce dès le départ la liste des pages où auront lieu les meurtres.

"Si vous ne lisez ce livre que pour les détails sanglants, les décès surviennent ou sont rapportés page 29, page 69, page 93, il y a un doublé pages 103-104 et un triplé page 113. S'ensuit une petite accalmie, mais ils reprennent page 230, page 274 (grosso modo), pages 286-288, page 298, page 325, quelque part entre la page 317 et la page 326 (c'est difficile à dire avec précision), page 340 et page 457. Je jure que c'est la vérité, à moins que le compositeur se plante dans la numérotation." (page 14)

Tant qu'à faire, il aurait pu aussi me prévenir qu'en page 144 on trouvait un chapitre récapitulatif du début du bouquin, ça m'aurait permis de gagner un peu de temps.

Tout au long du livre, Benjamin Stevenson joue avec les codes du roman de genre et respecte scrupuleusement le cahier des charges du bon auteur de livre à suspens. Malheureusement, lorsqu'arrive l'heure du dénouement (la scène se déroulant, comme il se doit, dans un bibliothèque où sont réunis tous les protagonistes ; du moins ceux qui ont survécu), je me fiche bien de savoir qui a tué le Colonel Moutarde avec une clef anglaise dans l'entrée.

En plus de soigner la construction de son énigme, l'auteur multiplie les clins d'yeux au lecteur. "Si vous suivez correctement les numéros de page, vous savez que quelqu'un vient de mourir." (page 69)
Le livre est supposé être drôle, moi je l'ai trouvé assez puéril et lourdingue ; et comme je suis sensible, j'ai eu du mal à rire d'une histoire qui multiplie les morts violentes, y compris les morts d'enfants.

Être curieux me réserve souvent de bonnes surprises. Mais parfois non. Tant pis.

Paru en poche le 06 juin 2024
10/18 Polar
480 pages | 9,60€

Mad Max Furiosa, George Miller, Warner Bros

Du sable, de l’essence et de la furie en pagaille, George Miller continue de confondre tragédie et film d’action avec un nouveau volet de la saga Mad Max, déjanté, intrigant et ridicule aussi.

Il a bientôt 80 ans mais George Miller continue de jouer aux petites voitures et de provoquer des accidents. A sa manière si pétaradante. Le cinéaste n’est pas toujours facile à suivre. Ses choix de films sont déconcertants mais quand il se replonge dans l’univers déglingué de Mad Max, il continue de nous surprendre.

Neuf ans après Fury Road, le revoilà avec une nouvelle odyssée mécanique, centrée cette fois-ci sur Furiosa, personnage interprété d’abord par une charismatique Charlize Teron. Ce nouveau film raconte sa jeunesse et son goût insatiable pour la vengeance.

Encore une fois, cela ressemble à un gros blockbuster décérébré avec des personnages grimaçants, des bruits de moteurs assourdissants et de monstrueuses poursuites. Tout le film est d’ailleurs imaginé comme une immense fuite en avant autour d’un enfant traumatisé qui deviendra une guerrière absolue.

Avec elle, on assiste à des cascades folles et des idées de bastons complètement folles. Jusqu’à la folie. La réalisation est savoureuse, redoublant d’énergie pour nous mettre au cœur de l’action. Miller invente des séquences complètement dingues grâce à une grammaire cinématographique qui rend lisible une vraie folie visuelle et parfois morale.

Car George Miller n’est pas qu’un spécialiste de la cascade chromée, c’est un type qui s’interroge sur le besoin d’archétypes et la construction des mythes et des légendes. Furiosa serait une tragédie grotesque, un peu longue, mais véritablement sincère.

Le film est un peu à l’image de Dementus, le grand vilain de l’histoire, joué par un Chris Hemsworth déchaîné, derrière son faux nez tout aussi grossier. Il est à la fois grotesque et fascinant. Bavard, ce personnage nous met dans un vrai inconfort, clairement voulu par le réalisateur, ravi de ne pas nous ménager, au-delà de la violence appuyée qui fait le style de Mad Max. Les hommes ici sont des bouffons affreux, de grands enfants tristes, des pantins face à des destins trop grands pour eux. Reste la figure iconique de Furiosa, silencieuse et mortelle.

Au bout de deux heures et demi, le spectateur sort déboussolé. La virtuosité y est pour beaucoup mais pas seulement… c’est tout le charme et le plaisir du cinéma de George Miller, auteur vraiment à part

Au cinéma le 22 mai 2024
avec Anya Taylor Joy, Chris Hemsworth, Lachy Hulme et Tom Burke
Warner Bros
2h28

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