Musique, Pop, Rock

Bad Bunny, Rosalia, The Weekend

Bon je suis officiellement un vieux con. J’ai du mal à m’intéresser au son mainstream trop synthétique et utilisé. L’autotune m’emmerde. Les petits rappeurs ont des pieds de plombs. La chanson française ne se renouvelle jamais. Si vous regardez les programmations des gros festivals ou des grandes salles parisiennes… eh bien, je ne connais plus personne.

Heureusement au boulot, je bosse avec des jeunes. Donc je les interroge sur leurs goûts et voilà les trois noms qui reviennent le plus. Et me voilà dans une contrée sauvage: les héros d’une génération qui se marre devant un CD en se demandant ce que c’est !

Je pars donc pour l’Amérique latine. Il a un look de minet de banlieue nonchalant. Superstar venue de Porto Rico, Bad Bunny vient d’un milieu modeste. Il a des lunettes fumées et des cheveux gominés. Il met en exergue sa virilité et la masculinité mais se reprend souvent avec son petit cœur qui saigne. En gros le type est une tête à claques du reggaeton.

Mais son quatrième album cartonne et on se déhanche langoureusement sur ses hits ! C’est même la danse du ventre devant le chanteur. Il est encensé par la presse. Il s’est passé quoi?

Son album pourrait ressembler à une grosse soirée en 2022. Il y a un fond de dépression et une envie d’échapper au réel après tout ce qu’on a vécu tous ensemble. Il y a du rythme et du lâcher prise. Il y a de la modernité (David Guetta se fait dépasser largement) et une envie de fête plus traditionnelle (les sons latinos bien chauds).

Bizarrement, il faut l’avouer, Bad Bunny réussit à créer des passerelles entre les époques et les styles. C’est bourré de vilains tics mais effectivement c’est la bande originale de la teuf épique, ringarde et salvatrice en même temps.

Beaucoup plus osé est le disque de l’Espagnole Rosalia. La chanteuse a commencé par du flamenco très sensible puis les lumières du succès scintillent dans des albums beaucoup plus contemporains. Elle semble avoir de l’ambition et met toutes ses forces dans ce massif Motomami.

Là encore, la fusion des genres impressionne. On devine l’ambition monstrueuse de la jeune femme mais elle glisse parfois vers de l’expérimentation qui une fois de plus a amené la presse à l’admirer. Serait elle la Bjork ibérique?

Franchement non. Elle ose certainement une production ultra moderne. Elle confond les styles sans être brouillonne. Son arrivisme est d’une rare habileté. Elle coche toutes les cases pour plaire au plus grand nombre. Elle dit admirer Basquiat mais aussi Daddy Yankee. Bref, elle fait le grand écart sur la pop culture avec une aisance déconcertante et il est tout à fait normal que le succès soit au rendez-vous.

Lui, le succès reste un vain mot pour expliquer sa notoriété sur tout le globe. Il va remplir le stade de france cet été deux soirs de suite. Tout ce qu’il fait se transforme en or: on lui souhaite tout sauf un destin à la Kanye West mais The Weekend est sur cette fine arête difficile à traverser entre la gloire et la décadence, entre le génie et la folie.

Le Canadien serait le pendant masculin de Beyoncé. Il semble inattaquable avec sa pop qui elle aussi absorbe toutes les tendances. C’est finalement le secret de tous ses artistes qui font hurler de joie la génération z et quelques vieux : ils rebondissent sur des bases connues et s’aventurent vers des sons plus récents.

Sur son cinquième album, il apparaît comme un vieux schnock mais c’est pour mieux signaler qu’il a une connaissance sur la soul et le R&B qui fait de lui, un vieux sage désormais. Il rigolait bien dans ses apparitions de la gloire et du succès, son album tournicote toujours autour d’une douce ironie, imaginant une bande FM assez eighties et fichtrement efficace (j’ai perdu un gage il faut que je passe le mot fichtrement dans un texte).

Ça pourrait être chanté par un autre. On pense beaucoup à Michael Jackson. L’artiste Canadien est désormais une énorme star et assume. Il y a donc du recyclage et des beats. Il y a des sons pour danser et d’autres pour intéresser les critiques. Le gars sait y faire. On ne s’étonne pas qu’il plaise à tant de personnes. En attendant, je crois que je vais continuer à jouer les vieux cons, moi. Je n’ai plus le bassin aussi solide pour supporter ces rythmes endiablés ! 

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