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Sur ma peau

Voilà un grand roman qui vous étouffera. Un roman poisseux, enfiévré et maléfique. Un roman sur le mal en chacun de nous et sur la violence que nous pouvons exerçer contre nous-mêmes.

Malgré les lames de rasoir qui parsèment la couverture de Sur ma peau de Gillian Flynn d’un goût douteux, son roman n’est pas un polar. Et même si Harlan Coben ou Stephen King en ont vanté l’écriture, Ce roman ne vous enivrera ni d’horreur ni de fantastique.

Il s’agit tout simplement d’un grand roman américain qui transcende les genres. Même si, avouons-le, au début, nous pensons entrer dans une chasse au serial killer, dont la banalité a quelque chose de rassurant.

En effet, Curry, le rédacteur en chef du Daily Post, basé à Chicago, demande à Camille Preaker de rentrer dans sa ville natale du Missouri, Wind Gap, où une fillette a été tuée et une autre portée disparue. Curry pense qu’avec un reportage de ce genre, son journal peut décrocher le prix Pulitzer.

Quand à Camille, elle n’est vraiment pas chaude pour retourner dans le patelin de son enfance, qui semble avoir été le théâtre de traumatismes nombreux et variés.

Voilà pour les premières pages qui introduisent le sujet. Par la suite, Camille rencontrera un détective de Kansas city venu préter main forte aux policiers locaux. Mais les apparences du polar s’arrêtent là et les deux-cent cinquante pages du roman nous entraînent sur un autre terrain.

Tout d’abord, comme dans le formidable Livre de Joe de Jonathan Tropper paru en 10/18, Camille apprend à refaire connaissance avec la petite ville provinciale qui l’a vu grandir. Et nous touchons du doig, combien la vie dans ces endroits peut être claustrophobe et oppressante. La description du tissu social fossilisé, qui innerve le récit, est d’une grande acuité.

Surtout, ce roman ausculte les rapports mère-fille et si vous avez eu des rapports désastreux avec vos géniteurs, ce livre vous rassurera et vous montrera qu’en cette matière, on peut toujours faire pire !

Enfin, par le biais d’Amma, la demi-sœur de Camille, une Lolita survoltée et enfièvrée de 13 ans, Gillian Flynn évoque ces enfants-femmes qui ne savent pas dans quel camp se situer et qui sont capables de beaucoup, du meilleur comme du pire.

Gillian Flyn est critique TV d’Entertainment Weekly. Elle vit à Chicago. Venant de Kansas City, on peut penser que son premier roman est gorgé de choses vécues et observées. Cependant, on peut lui souhaiter, comme elle vient de le faire,  de continuer à écrire des œuvres qui cassent les barrières et de surtout ne pas se faire enfermer dans une petite case.

500 pages – Livre de Poche

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