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Décomposition

decompositionUne fille roule sur les autoroutes de la Nouvelle Orleans jusqu’à Seattle. Dans son coffre, le cadavre de son amant commence sacrément à puer. Vous reprendrez bien une tranche de gigot dominical ?

Un petit conseil pédagogique tout d’abord : ne lisez pas ce roman si vous vous apprêtez à manger ou si vous venez de le faire. Il vous couperait l’appétit ou vous gâcherait la digestion.

Cela étant posé pour votre confort personnel, venons-en à Décomposition, un roman de J. Eric Miller très bien traduit par Claro. Un roman dont le titre ne trompe pas sur la marchandise.

C’est l’histoire d’une jeune femme dont la beauté cache bien des félures. Elle vient de tuer Jack, un écrivain avec qui elle vivait depuis quelques mois. Elle l’a massacré, puis a déposé son cadavre dans le coffre de sa voiture. Et elle a pris la route avec ladite voiture pour retrouver un autre homme, George, qu’elle avait largué précédemment pour Jack… Vous suivez ?

Le roman raconte son périple, à la fois en voiture et dans la vie. Elle a tué Jack alors qu’ils vivaient à la Nouvelle Orleans et au moment ou l’ouragan Katrina ravage le ville. Cette fille qui nous parle, c’est un peu un ouragan à elle toute seule.

Ce roman, qu’il faut ranger dans la catégorie polar parce qu’il est édité par les Editions du Masque, est également un conte déjanté à la Lynch, mais aussi un récit initiatique. C’est également un précis médical de décomposition (on apprend tout sur le processus). Il a le culot de poser une bonne question : à partir du moment où on devient violent envers les autres, combien de temps faut-il avant de devenir violent envers soi-même.

Par ailleurs, ce roman dégraissé vous interdit de bailler. Il vous happe et vous tient sans vous lâcher. J. Eric Miller, dont on ne sait pas grand chose, a suivi les cours de creative writing de James Crumley, l’un des meilleurs écrivains américains qui vient de mourir après une vie de picole, de défonce et d’amour de la littérature.

J. Eric Miller a retenu la leçon et nous offre une version apocalyptique d’une Cendrillon on the road again. C’est assez répugnant et ça fait du bien par où ça passe.

204 pages – 10/18

 

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