Musique, Pop

Un Gene et ça repart !

Gene, la voix du peuple

Si je vous dis britpop, vous allez obligatoirement me répondre Blur, Oasis, Pulp (attention come back attendu prochainement) ou Supergrass. Mais de toutes les manières, dans cette période, l’un des plus grands albums est l’effort populaire et élégant de Gene, petit groupe qui restera discret mais qui avec Olympian montre les bienfaits subtiles de la britpop.

Gene est un pur produit de la période 1990 2000 de la scène londonienne. Des types très classes qui jouent une musique classieuse, qui se glisse entre les Beatles et des traditions de gros lads. Ils aiment les discours engagés et les guitares qui résonnent aux quatre coins de la pièce. Martin Rossiter est une sorte de Morrissey qui a les pieds sur terre. Le reste du groupe fonctionne à l’énergie pure, venue des pubs et des galères sorties d’un film de Ken Loach.

Gene UK Band 1995 Haunted By You

Olympian est forcément une pierre angulaire de cette période. Les Smiths percutent les Stone Roses. Le cœur, la pierre, l’intelligence, le désir, le haut, le bas, les bas fonds et les désirs de grandeur se roulent dessus dans chacune des chansons. Rossiter est un dandy musical comme on n’en fait peu.

La voix est un fouet. Elle se retourne contre son maître. On est pas loin du cliché avec un accent prononcé mais elle se plante délicatement dans notre mémoire. Impossible d’y trouver autre chose qu’un mélange de force mais aussi de nuance. La voix a une façon de nous guider dans l’inconscient britannique qui n’existe dans aucun autre disque de cette époque. Les frères Gallagher se sont fait doubler. Morrissey prend effectivement un coup de vieux. Et les mignons de Suede ne pèsent pas lourd face à ce quatuor de Londres. En 1995, Gene révèle une montagne qui impressionne encore à l’aube de ses 30 ans.


Deux ans après leur chef d’œuvre, Gene est obligé de trop en faire. Drawn to the deep End est l’archétype du second album. Plus long. Plus démonstratif. Plus risible. Et finalement plus sympathique que la plupart des albums de cette époque.

Car Olympian est un album qui a mis la barre a un sommet sur lequel le groupe ne pourra jamais grimper à nouveau. Alors autant se promener autour des sommets. Martin Rossiter devient le guide de cette vieille Angleterre qui sait nous sortir de terre des types charismatiques au milieu de lieux communs.

Le guitariste Steve Mason semble poursuivre le chanteur avec une cascade de décibels qui hérisse les poils et montre toute la volonté de coller aux baskets d’un monde populaire, simple et cinglant. Plus que les autres, Gene a vraiment du caractère. Au bout de 30 ans, leur musique subsiste et continue de se construire dans nos têtes. Ce n’est plus un groupe, mais un manifeste d’une Angleterre peuplé de petites gens et de lads glorieux. Gene va au delà du cliché avec une verve unique en son genre.

Gene – We Could Be Kings (Official Video) HD

Bon, évidemment que l’on essaie dans cet article de réhabiliter la bonne parole de Martin Rossiter et de son groupe ! Mais leur troisième album sera aussi une petite bombe de pop qui sent bon les plaisirs coupables du Royaume Uni. Rossiter s’est coupé les cheveux et maintenant assume son coté lads jusqu’au bout des polos Fred Perry. La musique se radicalise avec des hymnes assez politiques et toujours aussi lyriques.



Ce petit groupe de Londres entame un troisième album qui se révèle aussi percutant que les autres. On se promène dans les rues de l’Angleterre et les terres pas si fertiles d’un monde en déclin. Rossiter roule des mécaniques mais il est toujours accompagné d’un groupe fidèle qui a des ressources insoupçonnables.

En quelques mois, le groupe a fait sortir une vraie mélancolie qui a remplacé le cynisme des débuts. Comme Springsteen, le groupe sait faire autre chose des clichés et des stéréotypes. La chaleur de la voix rassure et montre presque un nouveau monde. Trop talentueux, le groupe explosera quelques années plus tard. Dans leurs trois disques, il y a beaucoup d’attitudes mais elles sont sincères et d’une musicalité si directe qu’elle ne peut que vous accompagner toute votre vie.

Gene – You’ll Never Walk Again And We Could Be Kings – Reading Festival 1999 Live Martin Rossiter

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