ll y a des personnes qui vous jugeront pour vos fautes et vos torts. Ils vous mettront face à toutes vos faiblesses. Ils marqueront vos ambiguïtés; vos lâchetés et vos tristesses. Il y a des artistes qui partagent toutes leurs douleurs avec une délicatesse qui aide à passer le cap, à remettre en question doucement mais sûrement nos humeurs et nos facilités. La vie n’est pas tendre mais les artistes le savent aussi et transcendent cette douleur.
Julian Baker & Torres sont de ces auteurs qui n’aiment pas la facilité. On voudrait les suivre dans leur courage à retourner les préjugés et les traditions. Le duo se la joue donc country mais avec une modernité qui va mouiller les yeux : les voix se conjuguent avec une grâce difficile à imiter.
Leur œuvre commune est politique. C’est très beau mais en plus ça balance en plein milieu de la Trumpmania. L’homophobie, la méchanceté, la radicalité: les mots sont doux mais ils ont une portée et un sens. Elles savent ce qu’elles font et elles le font bien. Face au vent, elles semblent résister avec une aisance musicale impressionnante. A la violence, elles répondent par une politesse qui force le respect et surtout impose de biens jolies mélodies qui devraient survivre au temps.
Tout comme l’œuvre discrète mais apaisante du groupe Beirut. Derrière, il y a l’américain Zach Condon qui continue de se triturer les états d’âme sur des morceaux délicats et qui demandent plusieurs écoutes pour trouver la richesse d’une humanité en souffrance.
Ce nouvel album est un concept pour l’adaptation suédois d’un roman allemand. C’est une bande son où les instruments sont en toute liberté. Et pourtant on y entend bien un auteur qui fredonne à l’oreille de nos spleens, nos complaisances et nos petits bonheurs.
Beirut a toujours eu cet art de ne pas faire dans la démonstration et de comprendre que c’est dans les nuances que se trouvent la beauté. C’est un groupe a qui toujours nourri un trouble musical et existentiel mais cet album est réellement doux et pas déboussolé. Il apporte une vraie tendresse là où l’on devrait toujours s’emporter. C’est beau. Rien de plus.
Rien de nouveau non plus chez Neil Young. Coastal est la bande son d’un documentaire sur sa dernière tournée solo en 2023. Et vous savez quoi? Bah ça réveille les consciences et les manies du vieux Loner ressemblent à une éternelle jeunesse. Subtile, il reprend cette fois ci des titres que l’on entend pas toujours sur scène.
On est donc pris de court avec I’m the Ocean, titre composé avec Pearl Jam. Il reprend d’autres titres de cette période et montre toujours ce courage et cette détermination. Neil Young ne baisse jamais les bras. Il fouille dans son énorme répertoire pour continuer à montrer sa motivation et son gout des bonnes choses.
Bientôt octogénaire, sa musique continue de tancer nos certitudes et secouer nos envies d’un meilleur monde et le plaisir de s’imaginer être une meilleure personne. C’est incroyable cet humanisme qui continue de respirer chez cet homme. La croyance en l’Autre. L’espoir. L’optimisme. Les titres revisités sont moins connus mais nous entrainent une fois encore dans cette douce farandole un peu hippy mais d’une authenticité débordante de vie. La musique est vraiment un baume qui fait du bien.
Elle ne vous rassurera pas mais elle vous mettra dans le bon état d’esprit. Ces trois albums ne veulent pas vous faire du bien. Ils sont bons. Ils véhiculent de douces pensées qui ne peuvent pas vous faire du mal. Ils vous expliquent que le monde est dur mais pas besoin d’être aussi rude que lui. Du recul, de la beauté et de la musicalité… un petit havre de paix s’offre à vous dans chacun de ces efforts à rendre le monde meilleur.