Cinéma

Pentagon Papers

La presse, les femmes, le président autoritaire, Pentagon Papers parle très bien du présent en observant le passé. Et au passage, Spielberg rappelle quel virtuose il peut être!

On dit souvent que Steven Spielberg est l’inventeur du blockbuster, avec le succès de Jaws dans les années 70. Il fut bien le roi d’Hollywood. Certes, il veillit mais son oeuvre continue d’avoir du sens et on est stupéfait par l’actualité de son nouveau film qui, comme bien souvent, regarde dans le rétroviseur: Spielberg, humaniste, aime les histoires bienveillantes du passé.

On lui a beaucoup reproché sa naïveté naturelle, mais, aujourd’hui, un film comme Pentagon Papers fait du bien au moral. Il fait aussi du bien aux vrais amateurs de cinéma. Car c’est un film qui ne doit pas être vu sur une plate forme de streaming ou sur un dvd.

C’est du vrai cinéma. Une conversation téléphonique devient un combat spectaculaire en quelques cadres et quelques notes de musique (John Williams revient aux affaires en petite forme mais le job est fait). En toute franchise, il ne se passe pas grand chose dans le film: une bande de journalistes un peu à la ramasse et leur patronne découvrent un dossier brulant sur la Maison Blanche et la politique américaine à l’égard du Vietnam. Nous sommes au début des années 70 et Nixon est aux affaires…

Les journalistes vont donc se battre pour affronter le pouvoir en place et défendre la démocratie. Le refrain est connu. Mais les trompettes ne sont pas triomphantes, la partition est jouée avec finesse. Le manichéisme est plus feutrée. Pas besoin d’en faire des tonnes. C’est Spielberg tout de même. A la différence des politiciens, il apprend de ses erreurs.

Pour lui, toute émotion peut devenir une image et il le prouve avec ces discussions nébuleuses et passionnées qui vont nous donner le tourni et nous emporter dans une réussite éclatante du cinéaste. Il faut dire qu’il est aidée par Meryl Streep et Tom Hanks, tous les deux fantastiques. Mais Spielberg a l’art de trouver la bonne trogne de second plan. Et ils forment un spectacle, ces journalistes aux yeux bouffis et aux habits beiges. Spielberg les filme dans un tourbillon maitrisé et fascinant. Une spirale de micro événements qui va finir par un semblant de justice.

Le journaliste est téméraire et courageux. Le politicien est véreux et dangereux. La démocratie a besoin de journalistes. C’est entendu mais on le redit, Spielberg libère son talent pour cette noble cause avec un enthousiasme incroyable. Le suspense est mineur mais le thriller fonctionne bien. On s’inquiète pour un fait divers qui va bousculer la Maison Blanche mais qui se sentait tellement inattaquable à cette époque.

Difficile de ne pas penser à aujourd’hui. D’autant que son film est très féministe. Curieux, comme Spielberg continue de sentir les choses. C’est souvent le signe des plus grands. Presque intimiste pour un Spielberg, Pentagon Papers prouve à quel point le cinéma est une inspiration, un souffle et surtout un plaisir immédiat donc essentiel!

Avec Tom Hanks, Meryl Streep, Tracy Letts et Bruce Greenwood – Universal – 24 janvier 2018 – 1h50

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