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L’histoire des trois Adolf

Eté au Japon. Œuvre majeure d’un auteur majeur de bande dessinée, L’histoire des 3 Adolf est de ces ouvrages que l’on ne lâche pas avant d’avoir lu le mot fin et qui restent ancrés durablement dans la mémoire.

À tout seigneur tout honneur : impossible d’aborder un ouvrage de Osamu Tezuka sans prendre le temps d’informer le lecteur occidental que l’on touche là à un maître du genre. Trop tôt disparu (en 1989 à l’âge de 61 ans), Tezuka est le père du phénomène manga et de l’engouement de l’archipel nippon (et du reste du monde) pour les petites cases que l’on lit de droite à gauche… en commençant par la fin.

Sauf que « L’histoire des 3 Adolf », publiée en français par Tonkam, se lit, elle, à l’occidentale et que, pour se faciliter le travail, l’éditeur a opté pour une inversion pure et simple des dessins. Du coup, les personnages passent leur temps à se serrer la main gauche (et à saluer de la même manière), ce qui n’est pas sans plonger le lecteur dans un certain trouble…

Mais pour le reste, rien à redire. Avec ce thriller politico-historique, Osamu Tezuka a signé un petit chef d’œuvre d’érudition et d’efficacité qui, en son temps, fit beaucoup pour la compréhension de la Seconde Guerre Mondial par les Japonais.

Berlin, 1936. Le journaliste japonais Sohei Togué, envoyé en Allemagne pour couvrir les Jeux Olympiques se fait une joie de retrouver son frère, étudiant à Berlin. Mais c’est un corps sans vie qu’il ramasse au pied de son immeuble. Il comprend vite que son frère a été assassiné car il détenait des informations compromettantes pour Adolf Hitler et le nazisme. Pendant ce temps, au Japon, deux jeunes garçons prénommés Adolf se font serment d’amitié : Adolf Kauffmann est de père Allemand et de mère Japonaise ; Adolf Kamil est le fils d’émigrés juifs qui tiennent une boulangerie à Kobe. Pourtant la guerre et le secret du premier Adolf (Hitler) vont rattraper les deux autres (Kauffmann et Kamil) dans une saga tragique qui ne prendra fin qu’en Palestine dans les années 70.

On l’aura compris, l’ambition de Osamu Tezuka a été non seulement de passionner ses lecteurs pour une page trouble de l’histoire, mais surtout de ne rien édulcorer des atrocités commises au nom de la guerre. Police politique, tortures, massacres, déportation, rien n’est passé sous silence au long de ces 4 tomes édifiants et passionnants où il traite aussi, en profondeur, des thèmes universels de l’amitié, de la loyauté et de l’endoctrinement.

Le seul bémol à ces louanges, réside dans une certaine naïveté du trait qui pourra sembler regrettable dans le cadre d’une œuvre aussi importante. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que le véritable talent de Tezuka réside dans son intelligence du scénario, dans la force et l’émotion que son dessin, vif et efficace. Il le prouve amplement avec « L’histoire des 3 Adolf » que l’on ne lâche pas avant la dernière case du dernier tome !

Tonkam – 4 tomes de 300 pages –

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