Théâtre

A mon âge je me cache encore pour fumer

age200

Confidences de femmes dans un hammam à Alger. Une pièce courageuse qui donne à rire et s’émouvoir.

On se verrait entrer au hammam d’Alger tant le théâtre embaume le savon noir. Trois générations de femmes se retrouvent pour un moment beauté à l’abri des regards. Un moment entre elles pour se parler. Lieu propice des confidences. Elles expriment leurs aigreurs, leurs souvenirs, leur sensualité. Et parlent des hommes bien sûr ! Ah ces hommes. Source de leurs joies et de leurs souffrances, ils ne les ont pas épargnés.

Samia aurait voulu être médecin mais travaille au hammam pour rencontrer un mari. Alors elle y rêve d’oliviers, de pamplemoussiers et du prince charmant qui viendrait la chercher sur son chameau blanc. La violence, la misère mais aussi le courage a traversé la vie de Fatima. Mères, amantes, laïques ou religieuses, les neuf femmes sur scène crient leur désir de jouissance.

L’auteur Rayhana se dresse au travers de cette pièce engagée pour l’émancipation des femmes et contre l’obscurantisme religieux. Ce qui lui a valu une agression musclée… L’origine française des comédiennes les protège quant à elles. On aurait pourtant aimé un casting plus algérien. Certains récits ne sonnent pas toujours justes contés par des Françaises. Linda Chaïb reste la plus prodigieuse de sincérité dans le rôle de Samia. Avec énergie, elle illumine le plateau et touche au coeur.

Sur fond politico-religieux, la pièce souffre par ailleurs du principal défaut de sa qualité. A trop vouloir en dire, elle balaye les drames de la femme algérienne et perd un peu le spectateur. Aussitôt évoqué un destin, on passe à un autre ce qui disperse l’attention. Les mouvements des uns parasitent la parole des autres. Il s’en dit souvent plus à deux ou trois que dans la cacophonie.

Dans le cadre de l’événement Miroirs d’Algérie, le théâtre des quartiers d’Ivry a donné la parole aux hommes dans la pièce Invisibles de Nasser Djemaï puis ici aux femmes dans A mon âge je me cache pour fumer. Deux reflets complexes et sensibles dans le miroir de la société algérienne.

 

Estelle Grenon

 

Jusqu’au 30 mars2014 Théâtre Quartier d’Ivry

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