Musique, Pop

Révélations féminines : Molly Tuttle, Mae Powell

Bon les copains, le règne de la pop music tient actuellement dans les mains d’une poignée de femmes surdouées pour pondre des morceaux accrocheurs et spectaculaires. Le Monde appartient donc à Taylor Swift, Sabrina Carpenter, les Blackpink et tout un tas de filles canons qui nous abreuvent de titres pétaradants sur tous les stades de la planète.

Si bien qu’aujourd’hui, dès que l’on entend une chanteuse anglophone, on se demande si on n’est pas sur le futur phénomène qui va faire rêver les masses. Et certaines ont un talent qui se découvre et interroge.

Par exemple, actuellement, dans le monde de la country alternative, vous avez la virtuose de la guitare, Molly Tuttle. Elle a trente ans. Une voix subtile et un pedigree intéressant: elle sait fait un nom dans le bluegrass avec un groupe bien country, très lyrique. Elle s’émancipe aujourd’hui avec un disque qui lorgne désormais sur des sons plus commerciaux. Comme l’incontournable Taylor Swift.

Et ce n’est pas désagréable ce que réalise Molly Tuttle. Ça nous réconcilie avec tous les clichés du genre. La musicalité subsiste face à l’envie de plaire. Elle a fait confiance à un producteur des Black Crowes. Il y a donc de la racine et de la modernité : elle vit bien dans son époque mais avec des violons, des banjos et des guitares, qui sont d’une virtuosité assez plaisante. Il n’y a pas que des ploucs dans le monde de la country. Molly Tuttle est un authentique talent que l’on espère voir au-delà des frontières américaines.



Molly Tuttle pourrait être une star mondiale avec son sens mélodique mais on espère que du haut de ses 25 ans, Mae Powell connaîtra une jolie carrière. Cette fois ci, les références sont différentes. L’esprit aussi. Pas sûr qu’elle veuille remplir les grandes salles. Mais elle a des idées délicieusement rétro: elle convoque Bob Dylan ou Joan Baez.

Le style oscille entre le jazz et la folk. Et au milieu il y a cette voix. désuète. Perchée. Inspirante. Elle s’accompagne d’un orgue qui sort des années 60. Les guitares sont glissantes et on est clairement sur un low tempo. Mais Mae Powell nous emporte. Ce sont de douces sérénades qui font ralentir le temps. Un anti-stress contre les bêtises, les doutes et les soupçons. Les subtilités qui n’ont plus le droit de citer apparaissent et transpirent sur des mélodies délicates. On adore prendre son temps, ne plus réfléchir pour anticiper. Ici, c’est un concentré direct de sensations détendues, douces et rêveuses. Le meilleur moyen de fuir le stress.



Bon d’accord, Mae Powell avec sa bienveillance musicale n’est peut être pas taillée taille patron pour atteindre les sommets des charts et remplir dix fois le Stade de France. Si on doit confirmer des nanas capables de conquérir intelligemment le Monde sans trop se compromettre, il faut alors saluer le quatrième effort des soeurs Haim, I quit.  Danielle, Este et Aliana continuent leur petit bonhomme de chemin dans la pop californienne, entre les Beach Boys et divers héros du soft rock.

Le trio a pris une pause de cinq ans. Elles ont fait un tour par le cinéma (Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson) avant de demander à leurs potes cools de les aider pour un nouvel effort. Donc on retrouve les gars de Vampire Weekend et tout le top de la hype de la musique indé. Ça donne quoi: un disque très américain et très atypique.

Ce qu’on aime chez ces filles, c’est qu’elles ne cherchent pas la facilité et expriment facilement leurs vulnérabilités sans se laisser aller. Les structures et les sons relèvent de l’aventure intérieure: elles torturent les clichés de la pop bien commerciale.

Sur le premier titre, elles piquent des sons de George Michael et sur le dernier elles jouent avec l’incroyable Numb de U2. Les sœurs se placent au milieu avec des titres variés, un peu plus foutraques que d’habitude mais elles expérimentent toujours avec gourmandise, presque érotique, en tout cas controversée. Impossible d’être indifférent à ces trois californiennes qui conservent une audace passionnante. Elles ne vont pas faire trembler leurs imposantes concurrentes, mais comme Mae Powell et Molly Tuttle, elles imposent un sens de la nuance qui se fait bien rare. Profitons alors de leur discrétion savoureuse, au cas où la reconnaissance mondiale leur tombe dessus !

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