Cinéma

Wild

C’est un plaisir de marcher aux côtés de Reese Witherspoon le long des sentiers du Pacific Crest Trail, même si les souvenirs des nombreux malheurs de la randonneuse sont un peu trop envahissants.

La randonnée est à la mode. On redécouvre aujourd’hui les vertus de la marche pour la santé physique et morale et pour libérer la pensée. Marcher fait littéralement avancer, c’est pourquoi Cheryl Strayed, dont la vie est dévastée suite au deuil particulièrement douloureux de sa mère, choisit, pour prendre un nouveau départ, de se mettre à l’épreuve en parcourant à pieds les 1600 km du Pacific Crest Trail, le sentier de grande randonnée qui va de la frontière mexicaine au Canada.

En cheminant aux côtés de Cheryl, nous découvrons avec elle les très beaux paysages de la côte ouest, de l’inhospitalier désert des Mojaves aux forêts enneigées de l’Oregon. Là réside d’ailleurs le principal intérêt du film : il nous offre un grand bol d’air pur et le bonheur de superbes panoramas en dépit des souffrances que s’inflige la jeune femme, impitoyable avec elle-même. Son périple est filmé sous l’angle de l’effort physique et du dépassement de soi – sac à dos horriblement lourd, pieds blessés par des chaussures trop petites… – ce qui ne nous empêche pas de passer un très agréable moment.

Nous sentons aussi d’emblée que ce périple sera bénéfique pour Cheryl et riche en enseignements à travers le contact – ou l’affrontement – avec la nature, et de belles rencontres humaines. Et cela fait du bien de voir une personne meurtrie se reconstruire tout doucement, de croire en une possible rédemption après un traumatisme.

Tout au long de sa randonnée, Cheryl repense à sa vie passée, se remémore des dialogues et des bribes de chansons. Les voix et musiques assourdies que l’on entend, prises dans le rythme de la marche, reproduisent bien le flux de conscience de la marcheuse solitaire, tel que chacun peut l’avoir vécu. Sa route est aussi émaillée de flash-backs courts mais assez nombreux qui, du coup, rompent un peu le charme du voyage. Peut-être aurait-on pu en limiter un peu les occurrences en simplifiant la vie de l’héroïne, qui est passablement chargée en malheurs : enfance sous le joug d’un père alcoolique et violent puis pauvreté après la séparation de ses parents, mort prématurée de sa mère et, suite à ce deuil, quatre années d’autodestruction entre coucheries et drogue…

Fallait-il vraiment autant de misères pour nous faire comprendre combien le personnage avait besoin de repartir sur des bases saines ? Toutefois, malgré un pathos un peu trop prononcé qui nuit à une immersion plus profonde dans la nature – « the wild » – Reese Witherspoon est convaincante dans le rôle de Cheryl Strayed et parvient à nous emmener sur les sentiers du PCT, dans son voyage initiatique.

Avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern, Thomas Sadoski – 20th Century Fox – 14 janvier 2015 – 1h56

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