Cinéma

Vice

Roi des pitres, Adam McKay continue d’explorer la bétise la plus crasse avec un sujet plus contemporain et historique. Salutaire et séduisant.

Il a toujours aimé les bouffons. Il a réalisé les meilleures comédies de Will Ferrell et a fabriqué la légende de ce crétin magistral. Dans son film, Very Bad Cops, on a deviné que les envies de réalisateur s’éloignaient doucement des pitreries qui font sa gloire.

Et puis, il y a eu Big short avec son casting génial et son sulfureux projet: décrire la crise des subprimes de 2008. L’ humour est là mais la description de l’Amérique de Bush, celle de l’après 11 septembre, est sacrément acide.

Avec un Oscar en poche (celui de la meilleure adaptation), Adam McKay continue sa mutation vers un cinéaste moraliste qui sonde l’immédiate histoire de l’Amérique. Sa formule est encore plus impressionnante avec Vice, indiscrétions sur le plus secret des hommes politiques, Dick Cheney.

Cette fois ci, ses intentions sont évidentes: il veut dégommer un homme qui a sournoisement transformé le pays et qui a pris le controle du pouvoir en évitant tout ce qui ressemble à de la démocratie!

Odieux, grotesque, pas très fin, Dick Cheney est un vieux routard de la politique qui a un sens de l’éthique tout à fait douteux. Le film joue la carte de l’humour une fois de plus mais tout est acerbe et assez consternant.

Brillant, le réalisateur monte et démonte le passé et le présent du vice président. Il entrechoque les époques pour mieux expliquer une politique conservatrice, étriquée et mal aimée.

La culpabilité apparait peut être dans les nombreuses crises cardiaques de Dick Cheney. Mais pour le reste, on découvre l’homme qui va tout justifier, de l’affairisme en politique jusqu’aux torturs odieuses.

Christian Bale ne fait pas dans l’imitation: on est vraiment avec le vice président. C’est très confusant. Sur le principe de réalité et de fiction, le réalisateur use de toutes les techniques pour montrer le système véreux que met en place Cheney. Loin des films politiques d’Oliver Stone, Adam McKay avoue faire un film polémique, avoue qu’il s’agit d’un point de vue, l’assume avec une virtuosité de cinéaste que l’on ne connaissait plus.

L’humour potache est une illusion. McKay ne veut pas que divertir. Il ouvre les yeux sur un monde effrayant et cynique. Il ne se laisse pas faire. Il agit et son cinéma est méchamment drole ou drolement méchant. Mais il a une hargne qui n’existe plus à Hollywood. On espère bien qu’un jour, il s’intéresse à l’actuel locataire de la Maison Blanche…

Avec Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell et Jesse Plemmons – Mars film – 13 février 2019 – 2h15

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