Art-scène, Jeune public, Théâtre, Théâtre

Seras-tu là ?, Solal Bouloudnine, Les Plateaux Sauvages

Si vous avez entendu Solal Bouloudnine dans l’émission de Dorothée Barba sur France Inter ce jeudi 22/07, sur le thème « Les chansons dans nos vies », vous avez sûrement conclu hâtivement, comme moi, que son spectacle « SERAS-TU LÀ ? » est un spectacle musical… mais pas du tout. Ceci n’est pas une comédie musicale et Solal ne chante pas. Ceci est un seul en scène, où l’enfance tient le premier rôle et Michel Berger, le second.

C’est un hasard si Solal passait ses vacances d’été, enfant, à Ramatuelle, sa villa jouxtant celle du célèbre chanteur. C’est un hasard s’il a assisté au ballet des pompiers et des journalistes, l’été de six ans, quand fut annoncée la mort de Michel Berger. Hasard ou pas, pour Solal, c’est une prise de conscience qui arrive tôt : on vit, on meurt, n’importe quand, subitement parfois et personne ne peut y échapper.

Ceci n’est pas une comédie musicale, donc, mais le seul en scène d’un acteur récemment devenu père, plus que jamais obsédé par la question de la fin de toutes choses. Spectacle né d’improvisations sous l’œil bienveillant du compagnon de travail Maxime Mikolajczak, SERAS-TU LÀ? revendique l’héritage de Philippe Caubère : comme lui, Solal donne vie à une galerie de portraits de personnages issus de ses souvenirs : son père, d’abord, chirurgien spécialiste des « tissus mous » qu’il a souvent accompagné, qu’il a pu observer et entendu discourir ; mais aussi une institutrice hystérique, un coach de foot, un rabbin… et d’autres personnages tout droit sortis de son imaginaire excentrique, comme cette fonctionnaire qui attribue une date de mort programmée à chaque nouveau-né, et qui rassemble toutes ses relations pour un discours d’adieu au dernier jour de vie : la salle comble est hilare ! Le jeu d’acteur est virtuose, comme dans la scène de la chirurgie du nounours, ou dans celle de la fonctionnaire qui tape à la machine en accéléré… Solal tire des fils apparemment anodins, grossit le trait jusqu’à la caricature. Il n’a peur ni du ridicule ni des énormités.

De plus, la mise en scène est très habile ; la fin reboucle avec le début, car Solal, par peur de la fin, préfère commencer par celle-ci. Et tout se tient : le spectateur se laisse embarquer, évitant les écueils du doute et de l’ennui, le seul risque étant… de mourir de rire.

Avec SERAS-TU LÀ ? Solal Bouloudnine dépasse l’angoisse de la mort à venir, la nostalgie de l’enfance passée, et nous embarque dans un moment présent d’1H15, intense, émouvant et drôle. Cerise sur le gâteau, il réussit ainsi son pari : rendre hommage à deux arts dits « mineurs » : la comédie et la chanson.

SERAS-TU LÀ? Aux plateaux sauvages, c’est fini, mais ça reprend à la saison 2021-2022: à Paris, au Théâtre Monfort et au Théâtre 13 et aussi : à Béthune, Toulouse, Tulle, Pont-Audemer, Nice, Mougins, Carros, Forbach, Dijon, Marseille et Poitiers…

Toutes les dates sur le site de la compagnie L’OUTIL
Solal Bouloudnine | Seras-tu là ? – Les Plateaux Sauvages
Seras-tu là ? – L’Outil (loutil.eu)

* Les tissus mous correspondent aux organes abdominaux (foie, rate, tube digestif, reins…) ou thoraciques (cœur, poumons…).

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