Art-scène, Non classé, Théâtre

Malade Imaginaire, Claude Stratz, Guillaume Gallienne, Théâtre Montansier

© Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française

Un hypocondriaque naïf,

Des charlatans cupides,

Une épouse vénale,

Des filles désobéissantes (mais aimantes),

Des amours contrariées,

Une servante rusée (mais loyale),

Des ballets époustouflants,

Un décor et des éclairages parfaits…

Voilà quelques ingrédients de cette comédie crépusculaire, dernière pièce écrite et jouée par Molière qui mourra pratiquement sur scène à la quatrième représentation.

Molière n’aurait pas renié la mise en scène de feu Claude Stratz qui respecte tant l’époque de l’action que l’ambiguïté d’une pièce à la fois résolument burlesque mais aussi effrayante dans son propos, et dans son atmosphère. Les médecins ont des airs de croque-morts (d’ailleurs, « Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non pas de leurs maladies. »), tandis qu’Argan ressemble à un gros bébé aussi ridicule que pathétique. Claude Stratz n’hésite pas à appuyer cette dualité en montant des saynètes de Commedia dell’Arte et d’ombres chinoises dans une ambiance de mort (la demeure d’Argan est une ruine magnifiquement éclairée à la bougie).

Claude Stratz prouve, s’il en était besoin, qu’il est inutile de vouloir moderniser Molière dont le génie comique suffit à faire rire aux éclats les enfants (et les adultes !) près de trois siècles et demi après sa mort. La mise en scène et pourtant ancrée dans la modernité, notamment par l’utilisation de saisissantes prothèses permettant de transformer littéralement des comédiens en monstres.

Certes, en cherchant bien, on peut dire qu’on aurait aimé un Cléante (Yoann Gasiorowski) plus convainquant et une scène du faux médecin jouée par Toinette (Julie Sicard) un peu plus subtile, mais il faut bien reconnaitre que la représentation donnée en ce 24 septembre 2019 était formidable.

Gallienne ne se prend pas pour Gallienne (ouf !) mais met toute sa force et son talent au service d’une pièce qui résonne tout particulièrement dans le magnifique théâtre Montansier de Versailles qui – même s’il fut édifié un siècle après la mort de Poquelin – nous donne l’impression d’assister à une représentation à la Cour du Roi Soleil. Les comédiens sont épatants, avec une mention spéciale pour la petite fille incarnant Louison, qui est bluffante de talent).

Une fois de plus, Molière triomphe à Versailles : le public est debout pour l’acclamer, et c’est mérité !

Jusqu’au 26 septembre 2019

Théâtre Montansier, Versailles

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