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L’Orient c’est l’Orient

Un roman raté en quarante ans de carrière, ce n’est pas si mal. Encore faut-il que le lecteur en soit informé. Etat-Critique le fait : il ne faut pas lire L’Orient c’est l’Orient !

T.C. Boyle fait partie des rares auteurs dont l’absence d’univers fictionnel prévisible constitue… un univers fictionnel à part entière ! Ce paradoxe fait du sexagénaire Américain un écrivain le plus souvent passionnant et toujours surprenant. Depuis le mythique et picaresque Water music paru au début des années 80, se sont succédés romans et nouvelles sans cohérence de thématique ni d’époque. De l’histoire de l’inventeur des pétales de maïs (Aux bons soins du docteur Kellogg en 1994) aux balbutiements de la psychanalyse aux Etats-Unis (Riven Rock en 1999) en passant par les questions très contemporaines de l’immigration (America en 1997), Boyle a fait preuve d’une curiosité et d’une inventivité toujours réjouissantes.

Il est pourtant, dans sa bibliographie, une tâche indélébile, un ratage monumental vite oublié à la lecture de ses ouvrages suivants, je veux parler du regrettable L’Orient c’est l’Orient paru en 1993 chez Grasset.

Censées traiter du fossé culturel séparant le quidam nippon de son homologue étatsunien, les 500 pages de ce pavé indigeste se traînent dans les méandres d’une histoire qui aurait pu tenir en cent fois moins de place !

Hiro, orphelin né d’une fille de bar de Tokyo et d’un hippie américain, décide d’aller voir de l’autre côté du Pacifique s’il fait meilleur vivre chez les blancs que chez les jaunes. Engagé dans la marine marchande du pays du soleil levant, il saute par-dessus bord en vue des côtes de Georgie et tente l’aventure à la nage. Malheureusement pour lui, il accoste au milieu de marécages effroyables. Une bande de flics incompétents le pourchasse et une apprentie romancière en résidence le prend sous son aile protectrice.

A partir de cette intrigue mince comme une mannequin prépubère anorexique, Boyle tire à la ligne de façon éhontée pour nous livrer un texte plein jusqu’à la gueule de… rien du tout. Des dizaines et des dizaines de pages qui détaillent par le menu (c’est le cas de le dire) les entrées, plats et desserts des repas, les robes et costumes de chacun, les aléas climatique observés heure par heure, ou les curiosités de la faune et de la flore des marais pestilentiels… Des dizaines et des dizaines de pages sur des (non) événements répétitifs et inintéressants… Des dizaines et des dizaines de pages d’un ennui profond et d’un sentiment persistant de « foutage de gueule » !

Rien de trop grave pour autant si l’on est prévenu : T.C. Boyle est un auteur culte à l’œuvre riche et variée… dont il faut absolument éviter le millésime 1993 ! Vous savez à quoi vous en tenir, précipitez-vous sur tout le reste, ce n’est que du bonheur !

Traduit de l’Anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin – Le Livre de Poche – 510 pages

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