Art-scène, Danse, Musical

Le Goujon Folichon, cabaret de Maison Close, Julien Fanthou, Théâtre du Marais

Photo Franck Faipot
Photo Franck Faipot

 

Petit théâtre mais grands comédiens, voilà la première phrase qui vient à l’esprit en sortant de ce spectacle frivole et grave à la fois.

Une heure et quelques minutes de plus… C’est peu et c’est assez pourtant pour réjouir les amoureux des chansons de ce temps-là. Lequel ? Hé bien, celui où les marlous vivaient de leurs filles de joie, où tout le monde ou presque chantait l’amour, perdu, trouvé, trompé. C’était un temps où l’interlope n’avait rien à voir avec le porno, où le canaille n’était pas grossier, où l’on ne traitait pas les filles à la cuisse légère de salopes. Bref, le sexe était présent mais on le chantait gaiement.

Julien Fanthou est tombé sous le charme de cet univers-là et a décidé d’en faire un spectacle. Le monsieur n’avait pas à avoir peur car, excusez du peu, il est baryton  avec un parcours impressionnant. Plasticien puis formé à l’art lyrique, interprète de Dansini dans La Cenerentola à Bastille, ce touche-à-tout est aussi passionné de danse contemporaine et interprête une pièce chorégraphique, La Revue Macabre, créée par Aurélien Richard. Les noms d’artistes qui ont croisé sa route et ont collaboré avec lui sont nombreux et souvent talentueux.

On ne pouvait donc que l’attendre dans Le Goujon Folichon. Il ne déçoit pas. L’artiste joue de sa voix, parle, raconte, chante dans un tourbillon amusant  des airs que chaque amoureux de cette époque a entendus. On s’attendrait presque à voir entrer sur scène Piaf chantant Dans ma rue ou Yvette Guilbert interprétant Fleur de berge, une chanson de Jean Lorrain, personnage incontournable du Tout-Paris de la fin du XIXe siècle et amoureux des bordels. Sans oublier les artistes un peu plus contemporains, pourquoi pas Régine  nous affirmant que Les femmes, ça fait pédé ou Fernandel chantant On dit qu’il en est, avec son mouchoir blanc en dentelle et ses mimiques précieuses à outrance ?

Bref, Julien Fanthou nous fait voyager dans le temps, surtout que Le Goujon Folichon a vraiment existé et que son arrière-grand-mère en était la patronne. Personnage surprenant, tout d’abord maitre de cérémonie élégant accueillant les spectateurs dans cet étonnant cabaret, il nous entraine ensuite, au gré de ses choix musicaux et vestimentaires, dans un moment d’élégante décadence, où l’autodérision est très présente.

Et l’artiste sait s’entourer. Il est en effet accompagné à l’accordéon par Gérald Elliott qui, avec son débardeur et son gros pantalon de toile, a des airs de voyou d’autrefois. Lui non plus ne sort pas de nulle part : études de musicologie,  accompagnateur de Caroline Loeb – qui signe la mise en scène de ce spectacle- il compose également pour des documentaires et des programmes de télévision. Les deux font donc la paire, le deuxième tout en douceur, la chanson qui lui vient comme un jeu, et le premier tout en excès mais sans jamais déraper. La voix de Julien Fanthou est impeccable et tient vraiment la performance. Et la gestuelle un peu appuyée, accompagnée d’œillades coquines, séduit vraiment. Loufoque, tendre et délicat, ce spectacle donne une seule envie au spectateur : qu’il continue, qu’il soit connu. Alors, à quand les Folies-Bergère ?

 

 

Le Goujon-Folichon

à 19 h les vendredis et samedis en avril et

les mercredis en mai 2016

au Théâtre du Marais

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