Art-scène, Spectacle comique, Théâtre

Jacques et Chirac, Régis Vlachos, Marc Pistolesi, Contrescarpe

Le Théâtre de la Contrescarpe propose de nouveau un spectacle dont l'ancien Président de la République est le (anti) héros. Cette fois, c'est férocement drôle !

Après la pièce Chirac en 2019, le Théâtre de la Contrescarpe propose de nouveau un spectacle dont l’ancien Président de la République est le (anti) héros. Cette fois, c’est férocement drôle !

En ce 24 août 2023, septième jour de représentation de « Jacques et Chirac », la petite salle du Théâtre de la Contrescarpe est comble, preuve que le bouche à oreille fonctionne déjà bien. Dans le public, il ne semble pas y avoir d’admirateurs invétérés de Chirac… Sinon ils auraient jeté des tomates à la fin !

Rassurez-vous, ce n’est pas un spectacle politico-chiant, pas plus qu’une hagiographie ni un brulot anti-Chirac ; ce sont tous les Présidents de la Cinquième République qui en prennent pour leur grade !

Cette pièce, c’est de la dynamite ! Et plutôt deux fois qu’une.

D’abord, cette pièce, c’est de la dynamite au niveau de la mise en scène et de l’interprétation.

Ils sont trois sur scène. Régis Vlachos (qui signe également le texte) joue le rôle Chirac, tandis que Charlotte Zotto et Marc Pistolesi (aussi metteur en scène) incarnent à eux deux toute la galaxie des personnages gravitants autour de Chirac. Et en cinquante ans de politique, ça fait du monde !

Par un habile jeu de costumes et d’accessoires, les comédiens virevoltent et changent de personnages à toute allure. Pour un peu on se croirait dans un spectacle d’Arturo Brachetti (le transformiste italien) !

Les décors (signés Jean-Marie Azeau) regorgent de surprises. Chaque objet a un double usage : un bureau se transforme en canapé, un abat-jour en couronne… Et cela n’arrête pas pendant tout le spectacle. J’ai bien aimé aussi l’usage fait de la vidéo qui, bien plus qu’un simple élément de décor, agit comme un lien hypertexte, en parfaite synchronisation avec les comédiens.

Ensuite, cette pièce est explosive par son contenu. C’est aussi drôle que Douce France de Stéphane Olivié, mais plus féroce. Il y a un vrai décalage entre le ton survolté et comique de la pièce (Chirac en slip, une petite fille du public, qui n’avait pas les références historiques, était morte de rire) et le fond du texte.

Le texte, bien documenté, raconte comment Marcel Dassault, industriel et ami du père Chirac, a propulsé le jeune Jacques dans la politique. Au départ, le jeune parisien de bonne famille, légèrement paresseux et un brin rebelle, rechigne un peu. Mais lorsqu’il goute au frisson de la campagne électorale, c’est la révélation. Lorsqu’il entre dans l’arène politique, celui fut vendeur de l’Humanité (le journal du Parti Communiste Français!), qui se rêvât cowboy et qui se serait bien contenté d’une carrière peinarde de haut fonctionnaire se transforme en Bulldozer (comme le surnommait Pompidou).

Trouvant appui sur le cas Chirac (un sacré personnage, il faut bien le reconnaitre), la pièce dresse un portrait acide de la Cinquième République, rappelant des vérités historiques – « de massacres en génocides » – dont il n’y a pas de quoi être fiers. « Le réel, c’est pas croyable », c’est malheureusement parfaitement vrai.

C’est vif, c’est drôle, c’est instructif, c’est à voir.

Jusqu’au 05 novembre 2023
Théâtre de la Contrescarpe
de 11€ à 34€

Auteur : Régis Vlachos
Adaptation : Charlotte Zotto
Comédien·nes : Marc Pistolesi, Régis Vlachos, Charlotte Zotto
Mise en scène : Marc Pistolesi
Décor : Jean-Marie Azeau
Lumières : Thomas Rizzotti
Costumes :  Coline Faucon, Louis Antoine Hernandez
Chorégraphie : Mathilde Ramade
Création son et vidéo : Cédric Cartaut
Illustration et graphisme : Emmanuelle Broquin, Cédric Cartaut

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