Vu à la télé

Citya t’as le courage, regarde cette pub…

 

Ma chronique, mon billet, aurait simplement pu se résumer en un « rrhhhhhhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa mais rhhaaaaaaaaaaaaaaaa puissant » d’une 20aine de lignes, tel un cri de détresse, une onomatopée longiligne, un appel au secours, une demande de stopper ça tout net, à la vue, à l’écoute, de cette minute, ou en format 30’’, de Youtube à un interstice publicitaire sur une chaîne de la TNT en passant par un réveil brutal sur une radio nationale, de cette foutue pub des agences immobilières Citya, qui envahie ton corps, ta tête, ton esprit, du matin au soir.

Vous me direz, n’est-ce pas là le propre d’une « bonne » publicité, le fait qu’elle vous imprègne de par une petite musique merdique, ou d’une chanson médiocre et que, de fait, vous en rêviez la nuit, ou pis, que vous finissiez par la fredonner sans même vous en apercevoir….ok, why not, mais là, non là…non là quoi.

En me réveillant un matin de juin à côté de la magnifique femme qui partage ma vie, l’œil mi-clos, la chevelure décoiffée matinale, dans cet instant brumeux et néanmoins fameux du « merde je bosse ou je bosse pas aujourd’hui » d’à peu près 7h27, mon radio réveil avait hurlé ce chant venu d’ailleurs, comme une mauvaise blague à base de « Ciiiiityyyyaaaaaa, beeeesssoiiinn d’un appparrttt »…

Bien sûr, mon côté cartésien allié à mon légendaire sens de la gaudriole me faisait opter pour une chronique pastiche d’un matinalier radiophonique qui se serait lancé dans un remake, pas forcément drôle, d’une pub existante mais bien plus pesée en éléments communicatifs visant un « achetez-moi »…mais non.

Après 5 matins de suite de réveil par cette horreur radiophonique, à deux doigts de la crise de nerfs, à 5 doigts du burn out, à 2 mains du je vais défonçais mon radio réveil à coup de hache,  je me précipitais sur Youtube pour voir si cette fiente marketing avait une consistance visuelle…et là, Ô rage, Ô desespoir, Ô quand y’en a marre y’a Malabar, Ô pousse mousse c’est bien plus malin pour te laver les mains, oui, il y avait un clip…

Le temps d’un été, navigant sur les routes espagnoles au son des publicités catalanes où tu piges que dal mais au moins tu rigoles de la langue snipée à la mitraillette par les animateurs barcelonais, j’avoue avoir oublié, cette petite chanson dévoreuse de neurones à base, donc, de « Ciiiiityyyyaaaaaa, beeeesssoiiinn d’un appparrttt »…

Et puis, là, patatra, de retour en France, de retour dans mes matins tête dans le fion, l’annonceur a passé la seconde, multipliant les achats d’espace, visant probablement à détrôner en un temps record Olivier de Carglass qui répare et qui remplace, cette petite nympho perverse de rouquine de Cerise de Groupama, Jackie et Michel et leurs bambins de chez Leclerc qui s’extasient à chaque promo sur le filet de merlu en provenance de Roscoff origine France, dans le but à peine caché de déloger Chevalier et Laspales dans leur rôle de la Matmut elle assure et elle nous paye bien bien pour énoncer des faux sketchs que jamais vous n’auriez osé écrire…

Bien sûr, certains diront, mais encore faudrait-il le prouver, que tout n’est que second voire troisième degré pour mieux mimer une fausse starlette issue de la Nouvelle Star, pour se moquer de notre temps, pour nous imbiber de rigolade…curieusement j’en doute.

Pour connaître un tantinet ce métier de la communication pour gros annonceurs, n’oublions pas qu’avant que vienne à nos oreilles du matin et à nos yeux du soir ce type de pub, un mec a été payé dans ladite boîte pour faire un brief, l’esprit suffisamment tordu confins neurologiquement cause perdue pour pondre ce qui deviendra « ça », qu’il a fait valider à sa hiérarchie, admettons, z ont pas eu le temps, le mail est parti tout seul sans surveillance à plusieurs agences de pub, dans lesquelles se trouvent des mecs dits « créatifs », qui ont remalaxé ledit brief pour en faire « une propale », avec un budget, cher, car la matière grise ou faussement grise bien souvent ça se paye, qui ont rendu leur copie auprès dudit mec qui fait les briefs, qu’ils s’y sont mis à 15 pour valider l’intention créative, voire le produit final, pour lâcher au final le budget, cher, donc, pour mandater d’autres mecs pour acheter de « l’espace » sur les réseaux sociaux et autres plages radiophoniques, et que, là, on peut partir du principe qu’une centaine de guss, ont vu ou entendu cette daube en caressant les testiboules des patrons de Citya en leur donnant l’impression qu’ils étaient magistralement originaux, par devant, car c’est qui qui payent, c’est eux, et qui, espérons-le pour la préservation mentale de notre génération de communicants, ont savamment vomi le truc une fois en ligne ou sur les ondes, en se fixant pour ligne de conduite « c’est pas grave si c’est de la daube, vu le tarif qu’on leur fait, bouche toi les oreilles, c’est comme la première coloscopie, ça pique un peu mais t’oublie vite qu’un corps étranger s’est infiltré dans ton anu’ »…

Oui mais voilà, au final ,second degré ou pas, mec qui briefe mal ou pas, dès le matin 7h27, toute une partie de la population française, pourtant non radicalisée, et qui s’apprête dans quelques mois à élire un nouveau président, traumatisée par une vague de violence terroriste sans précédent, à elle-même, juste à l’écoute de deux notes de ce « cityaaaaaaaa », a envie dans le désordre, de se défénestrer, de tuer le chien de la voisine, de rayer des bagnoles gratuitement sans raison, de pendre par le slip tous les mecs qui disent « je suis directeur artistique dans une agence de pub », de bruler des agences immobilières par paquet de 25, de voter Mélanchon car dès 7h28 après écoute tu deviens comme lui aigri gris méchant moche mal coiffé rageur de l’œil droit et énervé de l’œil gauche, et surtout, surtout, de te barrer au fin fond de la Tanzanie sans téléphone, sans radio, sans télé afin d’oublier, oui oublier, que de tels trucs sont censés exister.

En attendant, j’écoute « Cook me » de Izabo, je défonce tout dans mon salon, et j’vous embrasse…

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