Cinéma

Une fille facile

La fin de l’été est proche. La cinéaste Rebecca Zlotowski  prolonge le plaisir avec une idée simple et lumineuse: célèbre la liberté féminine.

Dès le début de son film, elle exclut toute forme de voyeurisme. Effectivement, la réalisatrice a eu l’étrange idée de prendre la sulfureuse Zahia Dehar pour jouer une poupée qui dit pas forcément non! Ancienne escort girl, elle est filmée sur la plage dès les premières minutres, nue. Et voilà, on oublie déjà toute l’excitation que provoque la jeune femme.

Très vite, on devine le projet de Rebecca Zlotowski: sonder la féminité extrême, célèbrer toute forme de liberté, accabler un peu le pouvoir et la société sur le sort des femmes dans notre monde.

Un constat louable. A l’époque de metoo, il n’est pas surprenant. L’enjeu néanmoins est politique: la réalisatrice compose un portrait de femmes qui échappe aux clichés. Elle se jette sur les stéréotypes et les abat sans vergogne. Son histoire: quelques semaines de vacances entre une bimbo lettrée et sa cousine encore innocente, qui s’ouvre aux sentiments en faisant une riche rencontre.

Les hommes insultent ou mentent: ils construisent une petite entreprise de démolition pour que les femmes ne jouent pas à jeu égal. Le film glisse étrangement vers le discours politique avec une élégance assez évidente.

Il y a certes Zahia Dehar, objet curieux de désir. Tout en décalage controlée. Diction délicate. Physique trafiquée. Attitude faussement nonchalante. Mais il y a aussi Mina Farid, personnage principal qui sera justement notre lumière dans ce monde fait de faux semblants et d’inégalités sociales (génial duel entre Zahia Dehar et Clotilde Coureau) qui décident de tout.

La démonstration est sévère, juste mais un peu trop appuyé. Heureusement Zlotowski soigne le décor et le style. Le film de plages. Ou de vacances. ou d’adolescence. Pas Les Sous Doués mais plutôt les films de Rohmer ou les premiers Diane Kurys. Les souvenirs du cinéma hantent ce film aussi. Bardot et les grandes actrices qui se cachent dans des robes hallucinantes et cinématographiques. Même Magimel, acteur abimé en quête de rédemption, semble revivre et donner quelque chose de Robert Mitchum à ce spectacle assez fascinant.

Jamais parfait, Une fille facile évite tous les pièges et prolonge cette douce période estivale.



Avec Mina Farid, Zahia Dehar, Benoit Magimel et Nuno Lopes – Ad Vitam – 28 aout 2019 – 1h32

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