Art-scène, Théâtre

Tombeau pour Palerme, Laurent Gaudé, Thomas Bellorini, Montansier Versailles

Thomas Bellorini (dont on avait beaucoup aimé le Pinocchio en 2022) met en scène un beau texte de Laurent Gaudé sur deux juges mythiques, Paolo Borsellino et Giovani Falcone, qui ont consacré et donné leur vie à la lutte contre la mafia.

Lorsqu’on entre dans la salle du Montansier, le rideau est déjà levé. Un plateau presque nu : un bureau et deux chaises pour tout élément de décor. Au fond, on voit les murs bruts et noirs du théâtre. Sur scène, un comédien et une violoncelliste. Pas d’artifice.

Je m’attendais donc légitimement à ce que la pièce soit tout en dépouillement et strictement focalisée sur le texte. Et de ce point de vue là, j’ai été déçu !
Le spectacle commence par cinq bonnes minutes de violoncelle électrifié, avec pédale de distorsion et effet de boucle qui créent un bourdon sonore pas très agréable à mes oreilles. Oui bon, je dois à l’honnêteté de dire que moi, ce que j’aime, c’est la contrebasse qui est bien plus belle et moins prétentieuse que son petit-frère le violoncelle. Songez à la position du contrebassiste, à la tessiture ample de cet instrument aux graves si profonds et aux aigus si mélodieux, ou encore à l’absence de pique disgracieuse et ridiculement longue ! Bref. Il n’est pas impossible que je manque d’objectivité. Mais, après tout, je suis là pour donner mon avis, non ?

Et mon avis, c’est que le metteur en scène aurait dû faire davantage confiance au texte et à son comédien, plutôt que d’avoir recours à des ornements musicaux qui prennent trop de place.
Comme il faut couvrir le bruit du violoncelle, le comédien parle dans un micro. Or, le problème avec les micros, c’est qu’ils finissent toujours par frotter sur quelque chose, ce qui crée des bruits parasites fatigants. Tout cela dessert le jeu de l’acteur. A l’inverse, lorsque la musicienne le laisse un peu tranquille, François Pérache développe une interprétation sobre et puissante d’un texte fort et bouleversant.

L’auteur, Laurent Gaudé, imagine la lettre que Borsellino écrit à Falcone, feu « (son) ami, (son) frère, (son) jumeau ». Il décrit la solitude de ces grands juges qui combattirent Cosa nostra au prix de leur vie.

« Maintenant, je sais comment je vais mourir. »

Tout deux mourront à deux mois d’intervalle, victime de mafieux qui n’auront pas lésiné sur les moyens et les feront périr chacun sous une tonne d’explosif. Car « les hommes de la bête seront toujours plus riches et plus rapides que nous. »

le 11 mars 2025
Montansier Versailles
Durée 1h00 | de 15€ à 32€
de Laurent Gaudé, mise en scène Thomas Bellorini, collaboration artistique Hélène Madeleine Chevallier, violoncelle et arrangements musicaux Johanne Mathaly, lumières Thomas Bellorini
avec François Pérache
production Compagnie Gabbiano avec le soutien du Cent-quatre/Paris

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