Cinéma

The Fabelmans, Steven Spielberg, Amblin Entertainment



Il y a peu, le vénérable Steven Spielberg s’inquiétait du sort d’Hollywood. Comme tous les vieux briscards du Nouvel Hollywood, il en avait marre des super héros en collants et surtout se méfiait de la consommation de films sur les plateformes.

Pour convaincre le public, Spielberg se met donc en tête de raconter le choc que fut le cinéma dans sa vie. Le cinéaste, que l’on devine dans chacune de ses œuvres, livre ici un film très intime, une biographie à peine voilée et d’un dévouement que l’on voit désormais qu’au cinéma et surtout pas dans un poste de télévision.

Le pouvoir du 7e art ! Les mystères de la fiction qui éclaire nos réalités. La vie dans l’art ou l’inverse. Avec The Fabelmans, il se donne totalement au spectateur et réalise sûrement l’un de ses plus beaux films. En tout cas, il s’adresse directement au cœur.

Au début se devine un classicisme peut-être gênant. Le petit garçon qui s’émeut devant Sous le plus grand chapiteau du Monde de Cecil B de Mille, a les yeux un peu trop mouillés et bleus pour nous convaincre. La description des années 50 est proprette. La famille semble parfaite avec le père ingénieur et la mère artiste. Les petits sœurs sont des pestouilles comme on en voit tant…

Puis le vernis craque au fil des ans. La passion pour le cinéma du jeune Sam va le dévorer. L’apprentissage de l’art se confond soudain avec l’existence du jeune homme. Le miroir qu’offre le cinéma n’est pas des plus glorieux. Mais tous les clichés sur l’importance de l’art dans la vie retrouvent une clarté incroyable dans ce drame familial qui ne peut pas s’empêcher de sourire.

Comme d’habitude, le réalisateur des Dents de la Mer est aidé par une partition subtile de John Williams et la lumière délicate de Janusz Kaminski. Les comédiens forment une petite troupe qui n’a pas peur d’une mise en scène qui prend son temps.

Steven Spielberg, le wonder boy d’Hollywood, défie les valeurs actuelles avec un éloge de la lenteur et de la bienveillance. Ce film résume toute sa carrière mais ne cherche pas à l’expliquer. Il continue de développer ce sentiment entre innocence et résilience sur une histoire limpide, touchante, universelle. Et pourtant c’est la sienne.

Délice rétro, introspection délicate, spectacle de cinéma (grande idée : David Lynch dans le rôle de John Ford), The Fabelmans est à voir dans une salle obscure, loin de tout, pour profiter de ces confidences cinématographiques !

Sortie le 17 février 2023
De Steven Spielberg
Avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano
Biopic/Drame / 2h31

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