Cinéma

The Batman, Matt Reeves, Warner

Qu’il est loin le temps où Tim Burton révolutionnait le film de super-héros avec son Batman fantaisiste et baroque. Une époque où Jack Nicholson dansait sur une (mauvaise) bande son de Prince. Puis il y a eu un grand film avec Batman le Défi et sa farandole de personnages fous et fascinants. On oublie ensuite la catastrophe hilarante due à Joel Schumacher et on en profite pour dire que Ben Affleck en milliardaire masqué, ce n’est pas vraiment une super idée. Reste la trilogie de Christopher Nolan, inégale mais respectueuse de l’ambiguïté du personnage et ses nemesis.

Super héros sans aucun super pouvoir, l’homme chauve-souris a ainsi eu droit à un traitement à part. Et cette fois-ci, il est trempé dans un décor si sombre que cela ressemble à un thriller avec un bon gros serial killer qui se prend pour le tueur machiavélique de Seven.

L’homme mystère devient donc un affreux sociopathe dérangé en cagoule. Catwoman sert des cocktails à de riches corrompus. Le Pingouin sera un intrigant et poisseux mafieux. Gotham rouille sous des trombes d’eau. La violence est omniprésente et notre super héros n’en est qu’à son bac +2 de super héros.

Il est donc un jeune homme tourmenté qui passe ses nuits à lutter contre le crime, pour exorciser la disparition tragique de ses parents philanthropes. Visiblement Bruce Wayne est traumatisé et pas loin de la folie lui aussi. Ce qui va très bien à Robert Pattinson, parfait pour jouer un type qui se déguise en chauve-souris pour défendre la veuve et l’orphelin dans une ville sans espoir.

Le film ressemble à du bizutage pour le comédien. Serré dans une combinaison encombrante, il traîne une sourde tension et un mutisme charismatique dans une intrigue un peu trop longue pour être parfaite. Les trois heures de métrage sont le principal problème.

Matt Reeves écrit et réalise. L’auteur de Cloverfield a trop écrit pour mieux mettre en scène le chevalier noir. Il le baigne dans une ambiance crépusculaire. Le film noir va vraiment bien à Batman, convoquant toute sa présence dans la mythologie américaine depuis des décennies. Tant de noirceur intrigue dans le monde insipide des héros masqués, où règne le sage studio Marvel.

Ici, c’est très sale et Reeves et son très long métrage sondent des âmes perdues. Cela s’étire inutilement dans la dernière heure mais cette façon de maltraiter Batman reste une expérience de cinéma grâce à une réalisation incroyable qui colle au personnage jusque dans une course poursuite en voitures assez impressionnante.

The Batman cherche réellement à être une interprétation et une incarnation d’un véritable mythe. Il y a arrive très souvent et on se souviendra certainement de cette fiévreuse visite en enfer, cette société qui craque sous toutes coutures, incapable de croire en la justice et s’en remet à un milliardaire névrosé. Noir c’est noir… il n’y a plus d’espoir

Sortie le 02 mars 2022
175 minutes
Warner Bros

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