Cinéma

Silence

Le martyre selon Scorsese. Refrain connu pour un long chemin de croix déroutant.

Le sociologue avisé vous dira que le nouveau film de Martin Scorsese est très intéressant. La Foi et la violence, voilà un sujet qui envahit bien trop souvent nos actualités. Pas étonnant de la part du réalisateur de La Dernière Tentation du Christ, souvent obsédé par la religion et la spiritualité.

Silence est donc dans la veine de Kundun, un film presque contemplatif, pris d’assaut par les obsessions religieuses du cinéaste des gangsters et héros triturés par le bien et le mal. Pourtant l’ambiance est nettement plus sombre, très contemporaine.

Cela se passe néanmoins au XVIIe Siècle. Deux jésuites décident de partir à la recherche d’un prêtre disparu dans un Japon effrayant, où tous les chrétiens sont persécutés. Malgré le danger, ils décident de s’y rendre. Leur vérité sera mis à mal par des épreuves de plus en plus cruelles.

Virtuose, Scorsese a tendance à chercher l’épure dans ce film qui devient un chemin de croix pour les deux héros, joués parfaitement par Andrew Garfield et Adam Driver. Il y a peu d’esbroufes, le cinéaste fait confiance à la force de son scénario qu’il a rédigé lui-même.

Le cinéphile sera peut être déçu par cette austérité. Après tout, être fun avec un film sur les persécutions des jesuites au Japon (vous avez quatre heures, après je ramasse les copies), cela relèverait de la faute de goût. Ce n’est pas le style de vieux briscard des épopées violentes.

Au contraire, le film est assez touchant car on le devine à chaque instant personnel. La mise en scène est élégante, impose une certaine douceur alors que l’on découvre des scènes souvent difficiles. Scorsese a mis des années à monter le film et on sent qu’il y met tout son cœur. Difficile de ne pas le reconnaître derrière le personnage du Padre Rodrigues, âme torturée par sa croyance et la réalité.

Il fait confiance au récit qu’il propose. C’est la grande force de ce film où effectivement le silence a sa place, chose assez rare dans le cinéma d’aujourd’hui. Il se fait même avant gardiste, très inspiré par le cinéma asiatique, plus culotté que l’Occident.

Hélas, le film se traine en longueur. On décroche devant les répétitions. On le trouve plus fort qu’un Terence Malick et on pense même à Apocalypse Now dans cette description aussi humaniste que nihiliste du parcours d’un homme dans la folie. Mais la métaphysique est laborieuse. Le plaisir est gâché par la durée excessive. Le martyre, c’est peut être pour le spectateur finalement ! Mais peut être est ce la volonté du cinéaste qui reste un apotre du grand cinéma!

Avec Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson et Tadanobu Asano – Metropolitan filmexport – 8 février 2017 – 2h41

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1 Comment

  1. Les chrétiens japonais sont tous persécutés… Ca tombe bien, ils parlent aussi tous anglais (alors que l’intrigue se passe au XVIème siècle!). C’est un bon gros navet holywoodien interminable et prétentieux. Andrew Garfield est pathétique de nullité. Et il y en a marre de ces images de synthèse omniprésentes qui retirent toute poésie au film.
    Scorcese, c’était mieux quand il faisait Casino, mais ça date et on dirait bien qu’il a perdu son Mojo depuis (cf. son immonde Gangs of New York).
    Personnellement j’ai lâché au bout de 40 minutes.

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