Cinéma

Roma

Puisque l’on vous dit que le noir et blanc est la valeur refuge de ces derniers temps. C’est surtout le signe d’une valeur sûre et d’un film maitrisé!

Et en matière de techniques et de technologies, le Mexicain Alfonso Cuaron est un champion. Cinéaste secondaire dans un premier temps (ses premiers films ne sont pas grandioses), il s’est imposé dans le sillage de Gillermo del Toro avec des oeuvres personnelles et des blockbusters culottés (on parle toujours de Gravity mais Les Fils de l’homme en impose un peu plus).

Cette fois ci, il revient avec un film qui le replonge dans ses souvenirs. Loin d’Hollywood, il filme son enfance au Mexique dans les années 70. Evidemment il le fait à sa manière. Si particulière. Totalement cadenassée par des idées de mise en scène qui se voient mais qui sont, il faut l’avouer, d’une belle élégance!

Des plans séquences. Des angles subtiles. Des cadres choisis pour ses nuances. Des mouvements répétitifs mais qui nous montre de quoi est capable le cinéma (diffusé sur Netflix certes). La photographie est absolument éblouissante. Le noir et blanc est celui des souvenirs enfouis, des fantasmes familiaux, d’une émotion délicate et universelle. Y a pas à dire, Cuaron est un grand cinéaste. Il se donne les moyens. Mais il faut reconnaitre que c’est un illustrateur, qu’il y a une certaine roublardise dans sa facon de montrer les choses. Heureusement il y a chez ce type une (fausse) candeur vis à vis du cinéma. C’est un amoureux du septième art.

On en oublierait un peu les personnages. C’est bien là le problème. Tellement c’est beau, les images sont nourris de détails et de sons qui nous écartent un peu de la vie de famille qu’elle met en scène. Ce sont des ombres. Peut être est ce voulu mais sur plus de deux heures de métrage, c’est un peu long. Il y a une trace de dérision qui finit par géner. Cuaron manque peut être d’humour ou de recul. Le film devient parfois mécanique puis magnifique. Il s’interdit toute folie, obsédé par un travail de mémoire du cinéaste. Faut pas bouder son plaisir: Roma est poignant, culotté et courageux.

Avec Yalitza Aparicio, Marina de Tavira, Fernando Grediaga et Jorge Antonio Guerrero – Netflix – 2h15

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