Cinéma

Perfect Days, Wim Wenders, Haut et court

La vie ordinaire d’un type mutique qui nettoie les toilettes publiques ? Une émouvante réflexion sur le beau du quotidien.

A sa place, on se sentirait terriblement seul. Hirayama se contente d’une vie très simple. Il a un métier particulier : il entretient les toilettes publiques de la ville de Tokyo. Discret et peu bavard, il est un exemple d’obstination et semble apprécier son travail. A la différence de ses jeunes collègues.

Le vieil homme a cette particularité d’apprécier une existence épurée. Les livres l’accompagnent. Et ses vieilles cassettes de rock qui attisent la curiosité des jeunes. Il déjeune tous les jours dans le même jardin et observe les arbres. Avec son appareil photo d’un autre temps, il prend des clichés du lieu. Et c’est à peu près tout…

Comme Wim Wenders est derrière la caméra, ce type austère sera la porte d’une invitation au temps qui passe et à la contemplation. L’acteur, Koji Yakusho, mérite largement son prix d’interprétation à Cannes. On remonte à l’expressionnisme des comiques du muet pour comprendre les joies et les peines de son personnage si anonyme.

C’est un incroyable personnage qui lutte contre le spleen et trouve ses joies dans les petits riens de l’existence. Après une si longue carrière, Wim Wenders continue de surprendre en réduisant sa technicité mais réussit à augmenter l’émotion dans le dépouillement.

Car il nous touche ce vieux monsieur qui ne demande rien à personne. Il y a de la nostalgie mais elle ne sclérose jamais l’effort du cinéaste à nous montrer la beauté du monde de cet homme si humble. Au contraire, une fois de plus, Wim Wenders prouve qu’il est un cinéaste obsédé par l’espace qui finit par contenir et structurer ses récits.

Ici, il nous plonge dans un Tokyo qui finit par bercer et soigner les blessures du héros mais aussi des rencontres qu’il fait. Ode à la douceur, Perfect Days n’est jamais niais. Il nous propose une promenade étonnante et intérieure dans un monde fait d’espoir, de prudence et de plaisir simple. Un film qu’il ne faut pas bouder du tout.

Sortie le 29 novembre 2023
Avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano et Yumi Asou
Dire – 2h04    

Previous ArticleNext Article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

? * Le temps imparti est dépassé. Merci de saisir de nouveau le CAPTCHA.