BD

Little tulip

Pour plagier Semprun je reprendrais le titre de l’un de ses derniers livres pour décrire le dernier album de François Boucq et Jérôme Charyn « Little Tulip » paru ces jours-ci dans la collection SIgné des éditions du Lombard. Car c’est bien le dessin qui sauvera Pavel d’un triste destin et qui lui permettra de survivre au goulag.

25 ans après « Bouche du diable », Charyn et Boucq reviennent dans l’Union soviétique de l’après guerre patriotique. Nous sommes dans les années 50. Un jeune couple d’américain admiratif des idées communistes et du travail de Esenstein décide d’émigrer en URSS. Mais Staline y fait régner la terreur, bien vite le couple accompagné de leur fils Pavel seront déportés au goulag. Comment Pavel pourra survivre séparé de ses parents dans l’enfer des camps? Comment finira-t-il par regagner l’Amérique?

Tout cela vous l’apprendrez en lisant cet excellent album. Ce qui est interessant c’est la comparaison avec « Bouche du diable ». On retrouve des constantes. Tout d’abord que ce soit le Youri de « Bouche du diable » ou le Pavel de « Little Tulip », tous 2 seront aidés par les pires salopards, même si en parallèle d’autres pourris leur mènent une vie impossible.

Ensuite, l’un comme l’autre se retrouvent très vite orphelins, obligés de se débrouiller par eux mêmes pour s’en sortir dans un monde apre et violent où la loi du plus fort est la règle.

Tous 2 seront initiés, aidés par des « maîtres » qui les aideront à grandir, les protégeant et leur donnant les clefs de leur environnement hostile.

Et par dessus tout, le dessin aura une grande importance dans leur existence. Youri apprendra à comprendre les icônes orthodoxes, initié par un vieux pope devenu son professeur d’anglais. Le père de Pavel apprendra le dessin à son fils et c’est en devenant le tatoueur d’un groupe de prisonnier qu’il arrivera à s’extraire de sa condition de simple détenu. Il est même amusant de retrouver un ukrainien tatoué sur tout l’abdomen dans « Bouche du diable ».

Les albums se répondent. Pas vraiment une suite 25 ans après, pas non plus une répétition, quelque chose d’autre, une sorte d’approfondissement. Le dessin de François Boucq tout en étant aussi nerveux et inventif s’est stylisé avec les années. Cela ne gâche rien, on reconnait son trait, c’est toujours aussi beau, chaque case est une histoire à elle seule.

« Little Tulip » est un bel album, à lire avec ou indépendamment de « Bouche du diable ». De la grande BD par 2 maîtres du 9ème art.

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