Folk, Musique, Rock

Les cowboys sont encore en vie, et en live !

Où est le cowboy buriné et sage qui va nous sauver du terrible tyran avide d’asservir le peuple et qui n’en fait qu’à sa tête ? Où est passé le shérif qui pourrait remettre un peu d’ordre dans la ville ? Qui est le loup solitaire qui sait être juste et rendre la justice ?

Où est le cowboy buriné et sage qui va nous sauver du terrible tyran avide d’asservir le peuple et qui n’en fait qu’à sa tête ? Où est passé le shérif qui pourrait remettre un peu d’ordre dans la ville ? Qui est le loup solitaire qui sait être juste et rendre la justice ?

Il est sûrement dans les disques venus du sud des États-Unis. Le cowboy est un symbole fort américain, mais il symbolise le déclassement et la marginalité. Ils sont nombreux à porter le Stetson sur scène pour défendre cette Amérique où les différences sont sublimées et où la norme capitaliste n’est pas aussi vertueuse.

S’il n’a plus la côte au cinéma, l’outlaw reste présent dans la musique. Bien sûr on va tout de suite penser à la country et les chemises à franges. Mais nous allons vous aiguiller sur des prairies moins lisses et qui expriment toute cette attitude entre traditions et provocations sur scène, ou plutôt trois albums live qui sentent bon le rock, la sueur et la paille.

Pour ouvrir le bal, les Black Crowes renaissent un énième fois de leurs cendres. Les deux frères Robinson, archétypes grandioses des rockstars qui ont connu la grandeur et la décadence, se sont rabibochés. Le passé glorieux leur sert de terrain de chasse.

Pendant trois ans (pause covid comprise), ils ont sillonné le monde pour fêter les trente ans de leur premier disque, Shake Your Money Maker. Et cela a été plutôt bien fêté quand on entend le live qui découle de ce tour du monde. Les deux frères ont retrouvé l’osmose qui faisait leur légende.

Leur rock blues retrouve une émotion, et leur concert rappelle l’importance singulière de leurs premiers albums. Un rock un peu crasse, qui lorgne sur les années défonce des Stones et ce qu’il faut de soul pour pimenter le genre. Accompagné d’un groupe solide, Rich et Chris Robinson s’offrent un bain de jouvence.


Car les voilà rattrapés par d’autres copains d’Atlanta. Sur scène les Blackberry Smoke ont une profonde connaissance des icônes du blues, du rock et de la country. Tout le decorum y est : on dirait des enfants illégitimes de Lynyrd Skynyrd et Willie Nelson. Les chapeaux, les pattes d’ef, les barbes, le jean, et une passion pour la légalisation de substances prohibées !

Mais ils chevauchent leurs instruments avec style ! C’est du bon vieux rock sudiste mais avec des idées très progressistes (ils chantent en hommage à leur cowboy préféré, Kevin Costner). Si ce live, date de 2018, il montre surtout le talent d’un groupe hyper attachant car d’une sincérité inouïe : Charlie Starr n’est pas un vaporeux chanteur et les chansons ont un vrai goût de grands espaces et d’humanité croquignolesque.

Homecoming live at Atlanta vous donne l’impression de visiter un saloon poisseux mais à l’intérieur. Divine surprise, les gars que l’on y rencontre sont charmants et dévoués à faire le bien autour d’eux : il ne faut pas se fier aux apparences. Les cowboys peuvent être d’une sagesse surprenantes et sacrés bons musiciens.

Mais la virtuosité fait partie du cliché du musicien sudiste. Les plus beaux solos viennent souvent de chez eux (réécoutez Freebird de Lynyrd Skynyrd ou Highway song de Blackfoot : vous vous engagerez dans les tuniques bleues) et on va vite apprécier le talent de Robert Jon & the Wreck, petits nouveaux qui baroudent dans les petites salles et fabrique un rock qui sent bon la gnôle et la poussière.

Enregistré en Belgique, l’album Wreckage volume 2 de ce jeune groupe californien à chapeaux et à barbes a une joyeuse énergie. Les guitares galopent et les indiens tapent du tambour sans s’arrêter. C’est classique mais comme un bon vieux western, on attend finalement que les stéréotypes soient présents. Ce qui est le cas avec ces mercenaires qui suent à grosses gouttes pour faire hurler un riff épique et un refrain crâneur.

C’est peut-être de la musique populaire, donc indigne pour certains, mais ces lives sont extrêmement chaleureux, vivants et beaucoup moins vindicatifs qu’une manif ! Ils ont des tronches patibulaires et des airs (musicaux) de vieux voyous : mais derrière tout cela, y a juste un cœur qui bat…  Et en ce moment on a bien envie d’un peu de tendresse. Étonnement les cowboys chantants sont là pour cela…

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