Folk, Musique

Lee Bains, Amanda Shires, Susan Tedeschi, Derek Trucks

En finir avec un cliché!
Après l’écoute de ses trois disques, vous serez peut être un peu plus cléments avec nos amis sudistes: les étiquettes collent trop souvent à la peau…

En finir avec un cliché!

Sud des Etats Unis? Qu’est ce qu’il vous vient en tête? Hop hop hop: on ne ment pas. On devine dans un désert une horde de rednecks, ivres de racisme, qui rêvent de renverser le Capitole, les institutions et les intellectuels. Des crétins finis au pipi qui pensent que Trump est l’apôtre ultime de Jésus Christ…

Lee Bains, Old times folks

Bref, l’image n’est guère reluisante et le sud profond fait un peu flipper avec ses “traditions”. Pourtant on y trouve de belles choses comme l’album de Lee Bains qui tente une réhabilitation de l’esprit du sud. L’artiste défend donc l’humanisme lié à la solidarité du deep south

Il le fait avec un esprit punk. On reconnaît dans son album Old times folks, les us et coutumes d’un gros groupe de l’Alabama. Des guitares qui dégoulinent, une voix qui se dirige vers d’héroïques pentes sonores ou une batterie lourde pour attirer l’auditeur.

Mais il y a une vision très personnelle du genre. On est bien dans les racines de la musique du sud mais Lee Bains et son groupe détournent avec une étonnante habileté les stéréotypes et son disque devient un objet assez personnel.

En sale gauchiste, il s’attarde sur toutes les erreurs récentes de son pays. Mais sa musique se promène réellement entre rock décharné, mélodies chaudes et country de comptoir. Le tout reste sous le signe de la générosité. Cela donne un disque surprenant qui nous rappelle que les clichés sont difficiles à gommer!

Amanda Shires, Take it like a man

C’est le combat que mène Amanda Shires, reine de la country, joueuse de violon et digne héritière d’Emmylou Harris. Pour son septième album, elle s’en prend avec bonne humeur au sexisme ambiant et sort un disque au titre ironique: Take it like a man.

Née au Texas, amoureuse de Nashville, la chanteuse s’attaque à la country et en retient juste l’intensité. Ce n’est donc pas le plus délicat des albums mais la musicienne se risque à transgresser quelques règles et on ne va pas s’en plaindre.

Il y a quelques mois, elle était au cœur d’un supergroupe féminin, The Highwomen et elle continue à s’affirmer avec un disque qui fait dans la douceur mais sait se tendre pour des choses plus raides. Ce n’est pas un mal. Ces chansons sont des constats. Ils sont amers. Ils sont romancés par une belle musique qui berce et qui rend la vie un peu plus jolie.

Susan Tedeschi et Derek Trucks

En ce moment ce sont surtout le couple Susan Tedeschi et Derek Trucks qui font perdurer la tradition du rock’n’roll sudiste avec un projet simplement monstrueux. Une collection de quatre albums en moins d’un an. La pandémie leur a donné la folie des grandeurs. Et ce n’est pas forcément un mal. Nous arrivons à l’épisode 3 et tout cela reste créatif.

Le duo aidé par douze précieux musiciens, convoque toutes les musiques du coin pour un mélange assez savoureux. Le rock sudiste a le sens de la dramatisation et le groupe a le mérite de savoir mettre en scène un mélange efficace de blues, de rock, de funk, de gospel et même de jazz. C’est le genre de groupe qui mérite un coup d’œil sur scène: là encore, leur liberté (grande valeur défendue dans tous les états du sud que l’on soit bas des oreilles trumpiste ou musicien finaud) s’accentue et les légendes peuvent alors s’écrire.

Après l’écoute de ses trois disques, vous serez peut être un peu plus cléments avec nos amis sudistes: les étiquettes collent trop souvent à la peau…

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