Livres

Tout le bonheur du monde, Claire Lombardo, 10-18

Ce roman raconte l’histoire, sur quatre décennies, de la famille Sorenson: David et Marylin, leurs quatre filles et leurs petits enfants. Le premier chapitre est consacré au mariage de Wendy, la fille ainée, en l’an 2000. En quelques pages à peine, on comprend que cette famille est moins parfaite que les apparences pourraient le laisser croire, d’autant que l’arrivée d’un enfant caché va venir encore tout compliquer davantage.

Le livre nous fait allégrement voyager dans le temps, de 1976 à 2016. On passe sans difficulté d’un personnage à l’autre et d’une époque à l’autre. Le récit, bien que non linéaire, est fluide ; la lecture facile grâce à une écriture vive, modeste et drôle.

L’autrice, Claire Lombardo, nous donne une belle leçon sur le couple, et si cet enseignement peut paraitre simpliste voire mièvre, la recette donne envie d’être testée ! Le couple formé par Marylin et David est fondé sur la bienveillance et l’érotisme (ils règlent généralement leurs petits différends à la manière des bonobos).
« Ça peut paraitre étrange (…) mais je pense que le meilleur moyen de faire fonctionner un mariage, c’est de privilégier la bienveillance, même quand on n’en a pas envie. Cela paraît la chose la plus évidente au monde, malgré tout, c’est plus facile à dire qu’à faire, tu ne crois pas? ».

Plus généralement, ce roman parle du fait d’être époux, parent, enfant, sœur ou frère. Le récit tire efficacement profit des situations baroques qui ne manquent pas de survenir dans le vase-clos familial.

« Tout le bonheur du monde » parle d’une famille dysfonctionnelle à sa façon ; c’est-à-dire d’une façon assurément sympathique et séduisante.
« Ses parents n’étaient pas normaux, en ce qu’ils semblaient encore terriblement amoureux. Il y avait toujours eu entre eux une adoration réciproque » (page 182) « Il y avait un inconvénient à avoir les parents les plus merveilleux du monde: la culpabilité » (page 381)

On aimerait faire partie de la famille malgré les multiples non-dits, maladresses et autres drames intimes qu’elle recèle. Plus on lit leur histoire et plus on apprécie la compagnie des Sorenson. Ce livre est d’ailleurs très bien fichu, dans la mesure où chaque protagoniste a sa complexité propre et ses parts d’ombre. Alors qu’ils pourraient être horripilants, les personnages sont tous attachants, d’autant qu’ils ne sont jamais caricaturaux..

Sans prétention, ce roman est très agréable à lire et, malgré ses 700 pages, il parait presque trop court !

Paru le 05 mai 2022
chez 10/18 en version Poche (Éditeur originel: Rivages)
716 pages / 10€20

Previous ArticleNext Article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

? * Le temps imparti est dépassé. Merci de saisir de nouveau le CAPTCHA.